Chapitre 1

2 minutes de lecture

« Appelé homme debout ou cabinet selon les régions, ce meuble est en noyer, il ouvre en façade par deux portes et un tiroir. Les portes sont à pointes de diamant et le tiroir est encadré d'une grosse moulure ; bien que moins grasses, des pointes de diamant ornent aussi les panneaux de côté. Il repose sur des pieds tournés en façade et le bas est agrémenté d'une importante corniche. Au-dessus et au-dessous du tiroir, le corps est ceinturé de moulures en corniche également et le tout est coiffé d'une autre plus imposante, caractéristique des meubles du Sud-Ouest. Il a conservé ses serrures et ses clefs d'origine.
Époque fin du XVIIe siècle. Origine Sud-Ouest. Restaurations d'usage. Dimensions : largeur au niveau de la corniche supérieure 115 cm, largeur : 87 cm, hauteur : 219 cm, profondeur : 60 cm, prix : 2050 € ou offre directe. »

Ce soir-là, lorsque Constantin Lartigue découvrit cette annonce sur un site d'enchères, il cliqua immédiatement sur le nom du vendeur - un professionnel de Toulouse - et appela sans plus attendre. Depuis le temps qu'il cherchait une pièce de ce type pour finaliser l'ameublement de sa demeure dans la bastide, il ne fallait pas laisser filer l'occasion ! Sa bourse allait en souffrir, mais il n'avait rien trouvé de comparable à meilleur marché. Ces meubles d'époque Louis XIII étaient devenus rares et parmi les plus onéreux dans leur catégorie. Et il avait sous les yeux un très beau spécimen ! Il mit une option sur l'objet, prit rendez-vous pour une visite et monta se coucher. Cette journée finissait mieux qu'elle n'avait commencé. La pluie persistante avait révélé une infiltration, sans doute due à quelque tuile cassée qu'il lui faudrait remplacer. Dans l'attente, il avait mis un seau sous le goutte-à-goutte incriminé, avec au fond une serpillière pliée pour limiter le bruit.

Au matin, une brume légère enveloppait la petite cité périgourdine encore endormie de Domme. Protégée sur trois côtés par ses murailles et, pour le dernier, par sa falaise de plus de deux cents mètres au-dessus de la Dordogne, le soleil naissant la dégageait peu à peu. L'atmosphère, lavée des miasmes de la pollution, était fraîche et pure. En ouvrant ses volets sur le paysage incomparable à ses yeux de la vallée, avec au Nord-Est la falaise du "cingle" de Montfort, Constantin y puisa une énergie nouvelle et entreprit aussitôt une gymnastique matinale, qu'il avait interrompue quelques mois plus tôt, au décès de son épouse. Il se trouvait en pleine série de "pompes" lorsqu'il se souvint du rendez-vous pris la veille au soir et un sourire vint remplacer la grimace qui barrait déjà son visage. Allons, les mauvais jours semblaient s'éloigner !

(à suivre)

©Pierre-Alain GASSE, mai 2017.

Annotations

Vous aimez lire Pierre-Alain GASSE ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0