Je me réveille dans la salle de satan. Il dit:

-Tu es enfin suffisamment réparé. C’est assez incroyable. Tes instincts ont protégé tes souvenirs jusqu’à la fin. Tu as encore une trentaine de minutes pour me parler.

Mes souvenirs sont étranges. Je n’ai pas la sensation d’avoir autant souffert, mais ils sont là pour me prouver le contraire. Je connais déjà les règles de bases de ce monde. Il me faut vérifier un peu autour. En observant, je vois qu’il y a seulement quelques bougies qui brûlent d’un rouge vif. La salle est éclairée par ces bougies et une lampe au plafond. L’architecture est gothique et on dirait vraiment une salle de trône pour un roi. Je dis:

-Dis-moi, de quelle couleur sont ces bougies?

-Rouge bien évidemment.

-Je peux donc bien observer les couleurs…

-Tu es un mage de lumière sous forme d’âme. Tu penses vraiment que tu ne peux pas voir les couleurs? 

-Je préfère m’en assurer. Sinon, pourquoi est-ce que tu as demandé à tous mes prédécesseurs de devenir des démons?

-Je te l’ai dit. Lorsque quelqu’un commet des actes absolument horribles, je lui propose de devenir un démon. En l’occurrence, tous ceux qui ont accepté le pouvoir de la dragonne cochent cette case. Pour le reste, je leur proposais de devenir des démons à cause de leur lien avec l’empereur.

-Tu le connais?

-Bien évidemment. C’est le seul gars pour lequel j’ai un peu de respect.

-Comment est-ce que le temps absolu se compare à celui présent ici?

-... En enfer, le temps est largement différent. Dans l’omnivers, il a dû se passer moins d’une seconde. Je pense qu’on va atteindre la seconde après cette troisième fois.

-Donc, tu attends depuis longtemps mon arrivée.

-Non. Quand tu es dans le système de torture, il ne se passe qu’une minute ici. Sinon, une heure ici équivaut à une seconde dans le multivers. Mais, tu n’as pas à t’inquiéter. Tu n’es pas le seul que j’ai à torturer. Bien, tu m’as posé assez de questions. Maintenant, c’est mon tour. Est-ce que tu connais le pouvoir de Jeffrey?

-Non. AH!

Je ressens une compression sur tout mon être. La douleur est horrible. Satan dit:

-Tu sais. Tu sais! 

-Je vois, c’est donc ça la douleur du mensonge. Jeffrey a juste dit quelques mots et je me suis retrouvé dans l’incapacité de l’atteindre. Il lui aura suffi de quelques mots de plus et je n’avais même plus envie de le tuer.

-C’est… un diplomate?

-Non. Quand je dis ne pas pouvoir l’atteindre. Je parle au sens littéral. Mon poing l’a traversé. Il était intouchable. Mais, tout ça serait explicable par d’autres choses. Comme des illusions, la puce des gardiens ou des machines qui me sont inconnues. 

-Ça ne m’avance pas beaucoup. 

-Tu veux le tuer?

-Oui, mais je ne veux pas d’aide. 

Il me regarde un instant en réfléchissant et dit:

-Sinon, dis-moi… Qu’est-ce que tu as fait pour vaincre le crâne?

-Tu m’as vu?

-Je ne peux pas voir en dehors d’ici. Je me renseigne par d’autres moyens. 

-Alors, je ne vais pas pouvoir te répondre. Je ne sais pas.

-... Tu ne cacherais pas ta douleur par hasard?

-Non. Je ne sais pas comment j’ai vaincu le crâne. Il y a deux choses dont je suis quasiment sûr. Premièrement, c’est moi qui l’a tué. Deuxièmement, c’était incroyable. Suffisamment incroyable pour donner une sorte de syndrome post-traumatique à la personne qui m’a vue.

-Tu es en train de dire que tu ne sais pas comment tu as fait pour vaincre un ennemi qui avait un aussi grand écart de puissance avec toi?

-Exactement.

-Est-ce que Sebastian est du genre à aller en enfer?

-Non. Il ne viendra sûrement pas. Tout du moins, au vu de ce qu'il m'a dit sur sa vie et si les jugements suivent la morale générale.

-Bon, tant pis. Il est l’heure pour toi de retourner en bas.