Du travail de la détente, avec dix kilos sur les jambes

4 minutes de lecture

15H30 : L’heure du goûter est arrivé. Je vous ai déjà raconté les danses rituelles de mon charmant petit garçon avant de se mettre à table, donc je ne me répéterai pas à ce propos, bien que ce soit le même principe : il voit le petit pot de compote, commence à crier et danser, et réveille notre Gizmo national qui chante au-dessus de la cheminée. La compote c’est beaucoup plus liquide : ça goutte partout. Je peux à nouveau me changer, ayant reçu trois ou quatre gouttes de compote de pomme sur le froc. Une goutte vient de tomber sur la tablette de la chaise haute : Petit Henri, dans son extrême besoin de tout expérimenter, y plonge ses doigts, et avec des gestes à la « lustrer-frotter » de Karate Kid, en étale partout, que ce soit sur la tablette ou ses manches. On est bon pour le rechanger également. Le dîner se passe tout en éprouvant un besoin intense d’aller au petit coin, me tortillant sur ma chaise.

Les tortillements font trembler ma main : de nouveau le contenu de la cuillère glisse sur la planchette de la chaise haute, à la grande joie de ma petite tête blonde qui se met joyeusement à y remettre les mains et l’étaler un peu partout.

Ça y est, le repas est terminé, ma vessie sur le point d’exploser. Je dépose vite bébé par terre et je fonce à la toilette. Dans ma précipitation bien sûr, j’en oublie de fermer la porte. Bien mal m’en prit : un petit bolide à quatre pattes m’a vu courir et se met à me courser ! je n’ai que quelques secondes pour satisfaire mon besoin, car une tête blonde se hâte le pas pour découvrir un lieu qu’il n’a pas l’habitude de voir. Une sensation de soulagement m’envahit tout en entendant des rires coquins se rapprocher de ma cachette. Soudain, je sens quelque chose s’agripper à mes jambes. Un petit garçon s’est accroché et utilise ma jambe pour se tenir bien droit. Tout en rigolant comme un petit diable, il commence à contourner son premier support pour se tenir à la cuvette des toilettes !

Alors, non, je vous arrête tout de suite, je n’ai pas fait ce que vous pensez. Par contre, le sol a quelque peu ramassé. Note pour plus tard : apprendre à uriner assis, ça évitera les soucis. J’arrive à contenir mon besoin plus que pressant, range le tout et arrive à sortir bébé tant bien que mal. D’un geste vif, je ferme cette porte et je peux enfin terminer ma besogne. Le temps de tout nettoyer, je remets bébé dans le salon.

Un petit détail m’a cependant échappé : j’avais préparé le linge pour le plier. Eh oui, mesdames, ça vous épate, hein ?, un mec à qui il arrive de ranger le linge ! (j’insiste cependant sur le mot « arrive », histoire de ne pas ramasser trop de coups de rouleaux à tarte). Un spectacle de désolation s’offre à mon regard une fois que j’atteins le living. Un ouragan nommé Henri est passé par là, a trouvé les sacs de linge à plier, et les a répandus un peu partout dans la joie et l’allégresse. Ce n’est pas compliqué, il rit aux éclats tout en accomplissant son méfait. Après avoir rangé les vêtements jonchant sur le sol, je commence à plier le linge. Le spectacle de l’homme aux pieds scotchés à terre va pouvoir commencer : à peine deux trois vêtements pliés, je sens de nouveau une sensation de traction, qui vient de la hauteur des genoux. Bébé réclame câlins et attention, mais se tenant dans mon dos, avec ma souplesse légendaire d’éléphant, impossible de pouvoir me tourner sans le faire tomber.

Tel un homme orchestre sans jambe, je continue ma tâche, tout en discutant avec mon petit garçon pour le rassurer. Ce dernier, lui, réclame de plus en plus mes bas, et commence sa petite danse tribale dans mon dos. L’exercice commence donc à être plus difficile. Je rate plusieurs tentatives de pliages jusqu’à ce que la danse devienne frénétique à tel point que bébé tombe sur son petit derrière. Je suis enfin libre de mes mouvements et je peux le prendre dans mes bras. Et là, j’ai à peine le temps de me rendre compte de la supercherie.

L’objectif de la démarche ne semblait pas être de faire un gros câlin, mais bien d’atteindre l’objet précieux auquel tient tant papa : sa paire de lunettes. A peine dans les bras, je remarque le sourire et le petit rire coquin qui en découle. Je n’ai pas le temps de comprendre qu’une petite main fonçait à toute allure vers mes yeux. Il a gagné. Son précieux trophée se trouve dans sa main, le secoue quelques fois, et le laisse tomber nonchalamment au sol, le tout accompagné à coups de grands cris de victoire.

Dépité par ce coup de traîtrise, je tente de le déposer près de sa caisse à jouets. Non, Monsieur souhaite rester dans les bras pour jouer. Je m’exécute, le retourne pour faire comme s’il était un petit avion, et commence à courir dans le couloir de l’appartement, tout en faisant des bruits de moteur. Il adore ça et en redemande ! Hum ! Je n’aurais pas du, c’est que porter Monsieur qui pèse un peu plus de dix kilos à bout de bras, eh bien ça fait fort travailler les muscles. Au bout de quelques courses de couloirs, je n’en peux plus : a bout de souffle à force de faire ces petits bruits de moteurs, le bras totalement douloureux à cause du poids et des tortillements de joie de mon bambin. Je retente la caisse à jouets, et je peux pousser un ouf de soulagement. Je vais pouvoir reprendre mon souffle : ses petites voitures mécaniques attirant son regard, j’en profite pour terminer de tout plier, et je dois me dépêcher : Maman va bientôt arriver !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Greg "LeGreg" Siebrand ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0