De l’art de l’inondation et de la cacophonie en sol majeur pendant le repas

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Cinq minutes. Je me suis absenté cinq minutes, pour fumer une cigarette. L’absence de bruit aurait du me mettre la puce à l’oreille. Franchissant la porte de la cuisine, en ouvrant la grille de protection anti-bébé, je constate comme une petite tâche blanche sur le sol. N’étant pas plus inquiet, bébé souffrant de reflux, je pense qu’il a régurgité. C’est à ce moment-là que j’entends des rires joyeux et constate une odeur assez agréable, comme celle de nos vêtements lorsqu’ils sortent de la machine à laver. Me frayant un chemin parmi les débris de l’ouragan Henri, j’arrive à la source des petites rires. Une vision comme celle d’un tsunami qui serait passé par là. Mon petit garçon, extrêmement malin et adroit, a réussi à faire tomber une bouteille adoucissant Le Chat, qui s’est brisée suite au choc sur le sol. Lui, patauge joyeusement dans ce liquide sentant bon la lavande.

Je n’ai pas beaucoup de temps : non seulement maman va rentrer, mais impossible de savoir si monsieur a ingurgité ce fameux produit. Le centre anti-poison me rassure tout de suite, ce n’est pas un produit dangereux. Au final, je constaterai qu’il n’en a même pas avalé, ce qui me rassurera vite. Il faut tout nettoyer, le changer à nouveau, pas le temps de se remettre de ce coup de stress intense, le sol de l’appartement commence à coller et il faut tout nettoyer. Au moins, cette histoire nous aura appris une chose : même ce qui semble être à une certaine hauteur est accessible. On ira rechercher des machins pour bloquer des armoires en plus.

L’appartement est nettoyé, et monsieur changé. Il est 17h20. Maman va rentrer, alors on va aller l’accueillir à la fenêtre. Rapidement, la frimousse de mon petit garçon s’illumine et commence à faire un coucou de la main. Maman est en vue, et elle aussi son visage s’éclaire d’un sourire jusqu’aux oreilles, de voir son petit fifi si joyeux à son arrivée.

Ma petite tête blonde est de plus en plus guillerette lorsqu’elle entend la porte de l’immeuble claquer. On se rapproche de la porte de l’appartement et nous nous plaçons sur le palier. Ses rires joyeux résonnent dans tout l’immeuble. L’écho le fait rire énormément et ses petits rires doublent en intensité. Maman n’a même pas le temps de se débarrasser de ses sacs et veste qu’il s’agrippe à elle pour recevoir son gros câlin. Mais je n’ai pas le temps de me reposer : en effet, la vaisselle m’attend, mais au moins mes bras pourront se reposer un peu. Mon répit ne sera que de courte durée : à peine l’eau coulée dans l’évier, petit Henri, accroché à la barrière qui l’empêche de ruer dans la cuisine, commence à réclamer les bras de papa.

La vaisselle se révèle donc être une course. Bien que maman appelle notre charmant petit bambin, il refuse d’aller vers elle et réclame tendresse et guili-guili de son papa. Je me dépêche, faisant tournoyer l’éponge d’une main rapide et vive sur assiettes, plats, casseroles. Vaisselle vite faite, mal faite : bien que tout soit propre, la promptitude de mes gestes font qu’une nouvelle inondation a fait son apparition, mais dans la cuisine cette fois. Va falloir vite éponger le sol, sinon il y aura des traces d’eau partout.

J’ai enfin le temps de prendre une mini pause : après avoir fait des gros guili-guili à mon petit chéri, riant tellement fort, que Gizmo sort à nouveau de sa torpeur, monsieur est satisfait et s’en repart tout joyeux jouer quelque peu avec maman. Je peux me poser, fumer enfin une cigarette à mon aise, et m’asseoir devant le pc quelques minutes. j’en profite pour corriger les messages faits avec ma tablette pendant la sieste, ainsi que lire quelques nouvelles et billets de blog. Mais la pause sera relativement courte, car le temps de l’inondation suprême est arrivé. Je vais aller m’occuper du bain de monsieur, pendant que maman prépare le repas de toute la maisonnée.

À peine la porte de la salle de bain ouverte, qu’un rire strident résonne dans tout l’appartement. Petit coquin sait ce qui l’attend, et court joyeusement vers le lieu de son prochain moment quotidien. Il s’accroche d’abord à la baignoire, pour voir l’eau s’écouler et remplir doucement l’objet de son prochain sujet de délectation. Le temps de vérifier la température pendant que l’eau coule, petite fripouille a trouvé un nouveau jeu qui le fait se bidonner : tirer les gants de toilette de l’armoire et les lancer avec force dans le bain. Cela l’amuse beaucoup, mais moi nettement moins : plus aucun gant de sec, on va donc devoir s’amuser à les faire sécher.

Complètement récuré et savonné, Monsieur reprend sa petite danse tribale, attendant avec impatience de pouvoir plonger dans l’eau, et une fois déposé, avec un sourire aux lèvres dépassant l’entendement, commence à taper de toutes ses forces avec ses bras sur l’eau. Les éclaboussures sont tellement grandes qu’elles atteignent jusqu’à mes lunettes qui sont de nouveau maltraitées et occultent mon champ de vision. Malgré mes protestations, il continue à s’en donner à cœur joie et commence en plus à lancer ses petits jouets hors du bain, qui participent donc à l’inondation de la pièce d’eau.

Après un petit quart-d’heure de délectation aquatique, résultant en une inondation totale de la salle de bain et un papa complètement trempé, je tire le bouchon. Commence l’ultime résistance. Par protestation ou amusement, Henri fait un dernier baroud d’honneur : j’ai oublié de retirer le gant de toilette de la baignoire et il le lance furieusement. Il atterrit en plein sur mes jambes, et contribue à la montée des eaux. Le pantalon entièrement collant, je le tire hors du bain pour commencer à l’essuyer et l’habiller. Ses ablutions l’ont affamé et l’habillement semble être une torture pour ma petite tête blonde. Ses cris d’impatience sont tellement stridents qu’une légère douleur s’installe dans mon oreille, réveillant au passage, notre petit Gizmo, comme à l’accoutumée.

Il est 19h30. Le repas pour tout le monde est prêt, monsieur réclame son petit bibi. Papa aimerait en profiter pour suivre les nouvelles à la télé (c’est une des rares choses que je regarde). Mais, il n’en sera pas ainsi : Henri découvre d’autres mets et saveur, désire goûter le bon petit plat que maman a préparé pour elle et papa, et réclame à coup de petits cris, une pâte, une frite, ou tout autre met semblant tellement appétissant à ses yeux. N’entendant pas le présentateur, je décide de monter le son. Celui-ci semblant couvrir les petits bruits de mon petit coquin, augmente également le volume de ses petits cris, pour être bien sûr de se faire comprendre. Le volume sonore à son paroxysme, réveille de nouveau le petit mogwai, rendant la cacophonie sonore dans la pièce totalement assourdissante. Tant pis, ce ne sera pas encore aujourd’hui que je m’instruirai sur l’état de mon pays. Ayant coupé la télé et tendant une petite frite à mon chenapan, il esclaffe un petit gloussement tout joyeux et commence à déguster l’objet de sa convoitise.

Le repas se termine doucement, dans la joie et la bonne humeur, notre joyeux bambin faisant des petits cris de joie à chaque fois que nous partageons notre pitance avec lui. Il en profite également pour nous faire des coucous, des petits câlins si on s’approche, et on remarque que la fatigue commence à envahir son petit corps. J’en profite pour lui faire tout plein de mamours, car maman va bientôt aller le coucher. Le temps qu’elle aille fumer une petite cigarette, je le conduis déjà à son petit lit. Pendant quelques minutes, nous jouons encore, à faire des coucous, ou tout simplement faire bouger les petits avions suspendus au plafond, pour son plus grand bonheur. Mais maman est arrivée, et c’est l’heure du dernier petit bisou. Coquin comme il est, il tourne sa tête dans tous les sens lorsque je m’approche de lui afin de faire durer le plaisir. Ma maman éteint la lumière, laissant place à un ciel étoilé luminescent, avec toutes les petites étoiles que papa a collées peu de temps avant son arrivée parmi nous. Un dernier au revoir, et pendant que maman le berce, papa, lui, doit s’occuper de ranger tous les jouets éparpillés dans l’appartement.

Petite tête blonde est enfin endormie, et j’ai fini de ranger l’appartement. Je prends le temps de m’installer dans le canapé. La fatigue s’installe, lentement mais sûrement. Je me dis que je pourrais bien écrire un peu pour mon blog, ou jouer à l’ordi, voir les copains avec qui j’ai passé des soirées à taper sur des monstres virtuels, tout en causant de nos journées respectives. Mais comme à chaque fois que cette pensée traverse mon esprit, je sais que ce sera pour un autre jour. Les paupières deviennent de plus en plus lourdes et je lutte contre le sommeil. Il aura raison de moi, je m’endors lentement…

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