« La cassette maudite » part. 3

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Je n'avais presque pas reconnu ces gens aux cheveux crasseux et en batailles, vêtus de vêtements sales et puants. C'était nos camarades dont on s'était séparé il y a quelques heures. Que leurs étaient-ils arrivés ? Pourquoi ont-ils finis dans cette état ?

La récolte d'information est aussi très importante. S'entre-aider sert toujours peut importe la situation, mais il faut que tout le monde soit coopératif. Mais dans ce genre de situation où on doit potentiellement lutter pour la nourriture, surtout qu'ils sont les premiers arrivés et qu'ils sont dans un sale état, peu probable qu'ils veuillent être coopératifs sans une contrepartie. 

Tant pis, nous trouverons bien une autre réserve ou cuisine, pour l'instant les informations et la bonne entente priment.

Je décidai alors d'engager la conversation et s'échanger des informations mais les autres avaient déjà lancé la conversation avant que je ne le fasse :

- Hé salut mec ! Pouah, t'as traîné où pour finir comme ça ?

- Oh… c'est… rien…

- Euh, mec ça va ?

- Vous avez tous l'air mal en point, qu'est-ce qui s'est passé ?

- Trois semaines… Murmura l'un d'eux.

Où voulait-il en venir par "trois semaines" ? Avant même qu'ils ne s'expliquent, j'avais déjà un mauvais pressentiment. Même s'il s'avérait que ce pressentiment était faux, je me plaçais instinctivement dans une position favorable à la fuite.

- Cela fait trois semaines… qu'on a pas manger… RECULEZ ! CETTE CUISINE EST À NOUS !

Il se jeta sur Richard et le plaqua au sol et lui hurle dessus. Ils doivent être vraiment désespérés pour perdre patience pour si peu et privilégier autant la nourriture. Les autres étaient restés spectateurs, incapables d'y interférer par peur. Mais le vrai problème…

- Attends ! Comment ça trois semaines ?! Ça fait genre, juste quelques heures !

- COMMENT ÇA QUELQUES HEURES ?! ÇA FAIT DES JOURS QU'ON A PAS MANGÉ ! ET VOUS, COMMENT VOUS AVEZ TENU TOUT CE TEMPS ?! DITES-MOI OÙ VOUS AVEZ CACHÉ DE LA BOUFFE !

C'est alors qu'il commença étrangler Richard. Pour une plaisanterie, ou même juste pour ruser afin de monopoliser la cuisine ne nécessite pas autant de violence. Ce mec, j'ai oublié son nom, ne se retenait absolument pas, le pauvre Richard avait le visage violet et allait bientôt manquer de souffle. Il ne pouvait même pas prononcer un mot.

Cela devenait dangereux, Jaques le comprit aussi et agissa avant même que je ne réagisse. Il donna un violent coup de pied dans le ventre de l'agresseur et libéra Richard qui essayait tant bien qu'en mal de reprendre son souffle.

- Vite, tirons-nous ! Criais-je.

Tous se tournèrent alors vers la sortie et nous nous téléportâmes à nouveau dans une pièce aléatoire. Il s'agissait cette fois d'une salle de bain. Bien que la place suffisait à peine à tous nous loger, il y avait une petite fenêtre servant probablement de ventilation.

Arrivés, tous étaient presque à bout de souffle. À par pour Richard, les autres étaient essoufflés à cause de la peur. Mais moi et Jaques, nous nous portons plutôt bien. J'ai alors pensé à cet instant que finalement je n'étais pas si différent des autres, ou plutôt, que certains étaient comme moi. Mais je me trompais, Jaques n'avait pas peur, il était plutôt furieux.

- P****n ces gars, sont tar*s ! Vraiment, zéro patience, pire que moi ! Cria Jaques.

- Haha… huh huh… alors t'en avais conscience… lui répondit Richard essoufflé.

- Toi ta g****e et remercie-moi ! T'as failli crever !

- Désolé mec, j'ai pas pu venir t'aider.

- Moi aussi, désolé.

- Pareil.

- Oh c'est pas grave.

Pendant que les autres demandaient pardon à Richard d'être resté spectateur, je repensais aux mots de l'autre fou. J'ai bien regardé l'heure de ma montre, il ne s'est écoulé même pas douze heures. Comment est-ce possible ? À en juger par le physique et le mental de ces gens, ils n'ont pas l'air de mentir, mais alors…

- Eh, Jean ! Tu t'excuses pas ?

- Déso, j'ai pas le temps pur ça, lui répondis-je instinctivement.

J'étais plongé dans mes pensées, je ne prêtais absolument pas attention à eux. Et de ce fait, on m'a appelé "Mr. Pas-l'temps-de-niaiser". Je suis toujours impressionné par leur insouciance. Savaient-il que le fantôme de la cassette n'est probablement pas le seul danger qui nous guette ? Et si ça se trouve il y en a pas qu'un… non, n'attirons pas le mauvais karma.

- À quoi tu réfléchis ?

- À ce qu'a dit l'autre. Ils n'ont pas l'air de plaisanter.

- Donc tu crois vraiment à ce qu'ils disent ?

- On verra bien dans le futur. Pour l'instant reposons-nous.

En effet, il se faisait tard. Mais juste avant de dormir, j'avais besoin d'éclaircir un point :

- Juste, est-ce que quelqu'un arrive à utiliser son tél ?

- Nan, j'ai déjà essayé d'appeler chez moi lorsqu'on cherchait la sortie mais j'arrive même pas à ouvrir mon téléphone.

- Pareil, j'avais déjà essayé d'appeler les flics.

- Pareil pour moi.

- Le mien n'avait plus de batterie.

- Moi non plus, désolé.

Évidemment, sinon ç'aurait été trop simple. Tant pis, laissons les problèmes de côté et dormons pour le moment.

- Qui se sent en forme pour monter la garde.

- Mec t'es sérieux ? Cette fois c'est toi qui a trop maté de filmes !

- Non, il a raison, n'oublions pas qu'on pourrait toujours se faire attaquer par le fantôme, ou dans un cas plus positif, recevoir l'arrivée des autres.

- J'approuve !

- Bon, faites c'que vous voulez, moi j'dors.

- Je fais la garde, allez donc dormir, nous allons faire la garde à tour de rôle. Chacun en fait une heure. Je commence, ensuite c'est Richard, puis Martin, Jaques, Alice et enfin Marguerite. Une fois qu'on a fait le tour, on recommence dans le même ordre.

- Attends, pourquoi c'est toi qui déci–

- C'est bon, on va faire comme ça, va pas nous casser les c*****es !

- Bon ok…

Nous procédons alors comme convenu avec moi au premier tour de garde. Les autres se dépêchaient aussi pour se coucher.

- Hé mec, tu me laisse un peu de place dans ta couverture ? J'ai laissé le mien dans la cuisine tout à l'heure…

- Roh, demandes à d'autres.

- Mai–

De toute façon je fais le tour de garde alors je n'ai pas vraiment besoin de couverture. Alors autant lui laisser ma couverture. Ainsi, je décidai de prêter ma couverture à Richard.

- Merci mec ! T'es sympa !

Il ne dit ça que quand il reçoit des bénéfices. Jamais il m'aurait bien considéré en temps normal. Mais c'est pas grave, je ne cherche pas l'affection des gens. Un semblant de bonne volonté me suffit, pas besoin que cela soit authentique.

Je me perdais dans mes pensées, ne remarquant pas que mon corps tremblait à cause du froid. Peut-être que je devrais faire du sport ou juste bouger un peu histoire de se réchauffer un peu. Mais cela pourrait peut-être réveiller les autres…

- Tu n'as pas froid ? Me chuchota une douce voix par derrière.

C'était la voix d'Alice. N'était-elle pas en train de dormir ? Non, plus important, ce n'est pas encore à son tour de garde, si elle reste éveillée elle va probablement manquer de sommeil et d'attention lors de son tour, cela pourrait être dangereux.

- Alic–

- Je sais ce que tu vas me dire. Ne t'inquiète pas, je ne vais pas trop traîner pour dormir. C'est juste, là, j'arrive pas trop à trouver de sommeil.

- Si tu veux je peux t'aider, si tu–

- J'ai une question, tu n'as pas froid ?

- Non c'est bon, si je bouge un p–

- Je ne parle pas de ton corps, mais de ton cœur.

- Comment ça ?

Où voulait-elle en venir ? Je ne sais même pas si on pouvait avoir froid au cœur… Alors peut-être que c'est au sens figuré ? Mais alors…

- Selon votre critère, je n'ai pas de cœur. Alors, non, je n'ai pas froid au cœur.

- "Selon votre critère", haha, tu nous a carrément catégorisé ! Tu te sens différent de nous ? Tu sais, tout le monde a un cœur, seulement, certains ont trouvé une autre utilité à leur cœur que de seulement faire circuler le sang.

Je restais silencieux. Je ne savais pas quoi dire en retour. Comment a-t-elle su que je me sentais parfois différent des autres ? Comment arrive-t-elle à me cerner aussi bien, et être aussi compréhensive ? Serait-elle plus intelligente que je ne le pensais ? Peut-être était-elle moins banale que je ne le pensais ?

Alors que j'étais en train de revoir son image que j'ai d'elle, elle se rapprocha de moi sans même que je ne m'en aperçoive et me plaça sous sa couverture.

- Permets-moi de te couvrir un peu.

- On se sent pas un peu à l'étroit ?

- Oh, c'est bon. Un peu d'intimité nous tuera pas.

Elle se pencha sur moi, et posa sa tête sur mon épaule. Ses cheveux blonds doux et soyeux brillaient toujours malgré le peu de lumière que nous procurait la lune à travers de la fenêtre. Elle ferma les yeux et semblait bien profiter de sa position.

- Aurais-tu la bienveillance de veiller sur moi jusqu'à ce que je m'endorme ?

- Tu te sens à l'aise dans cette position ?

- Oui… j'aimerais dormir comme ça chaque nuit.

Je ne la comprenais pas. Personnellement je trouverais cette position pénible pour dormir. On se réveillera potentiellement avec un torticolis. Comment pourrait-elle aimer dormir comme ça ? Mais avant que je ne puisse lui poser des questions elle s'était déjà endormie.

Tant pis, ce n'est pas grave, on en discutera demain. 

Les tours de gardes se déroulaient sans accrocs. Très vite, le jour se leva pour nous illuminer de ses rayons de chaleur… ou pas. C'était justement ce que j'avais remarqué en regardant l'heure de ma montre. Je réveillai alors tout le monde pour leur signaler le problème :

- Sérieux, à quoi tu joues, il fait encore nuit !

- Non, regardes l'heure de ma montre.

- Vas-y, c'est juste ta montre qui s'est déréglée.

C'est vrai que je n'avais aucun argument contre ça. Il faut au moins deux montres, ou alors un téléphone relié à internet pour prouver, mais le problème étant que seul moi possède une montre dans le groupe et les téléphones ne peuvent même pas s'ouvrir…

- Non il dit vrai, regardez.

Alice sortit son téléphone et nous montra l'heure indiquée : 10 h 30. La même heure indiqué sur ma montre. Pourquoi son téléphone marche-t-elle alors que les autres ne fonctionnent pas ? Pourquoi fait-il encore nuit alors qu'il est déjà le matin.

Beaucoup de questions commencent alors à surgir dès mon réveil le matin. Comment pourrait-on expliquer ces incohérences ? Plus je réfléchissais, moins cela avait de logique, mais j'imagine que je devrais tout de même les exposer à mes camarades pour avoir leur avis :

- Je pense que le téléphone d'Alice est encore fonctionnel car c'est un vieux téléphone qui n'a pas internet.

En effet, son téléphone était un vieux téléphone à toucha qui ne pouvait à peine prendre une photo. Comparé aux téléphones des autres qui étaient plus performant et possédant la capacité de se relier à internet, cela me semble l'explication la plus probable.

Dès qu'on mentionne la notion de "connection", j'ai tout de suite pensé aux objets connectés et par extension, les téléphones capables de se relier au réseau wifi. Autrement, sans contact physique, ni même contact par onde, je ne saurait expliquer la capacité à empêcher l'activation des téléphones.

Maitenant que j'y pense, les autres avaient posté des vidéos de la cassette sur internet, était-ce ça qui a permis au fantôme de la cassette de contrôler les téléphones via internet ? Cette hypothèse me semble assez probable.

- J'approuve !

- Peut-être, pour l'instant ça me semble le plus logique.

- Euh… bah j'imagine que ça tient la route.

- Ça nous avance à quoi de savoir ça ?

- Roh, réfléchit un peu Martin ! Ça veut dire que du moment qu'on a un téléphone dépourvu de réseau on pourrait l'utiliser. Et revenons sur le sujet, on peut donc aussi dire que la montre de Jean n'était pas déréglée.

Maintenant, tentons d'expliquer comme ce fait-il qu'il fasse encore nuit. Je repensai alors à tous les indices qu'on aurait pu loupé en ressassant tout ce qui s'est passé à partir du moment où on a eu un premier mort. C'est alors qu'une idée farfelue et terrible me traversa l'esprit en repensant aux mots de l'autre fou :

- Il est probable que le fantôme qui nous a piégé ici contrôle l'espace-temps, ou du moins, possède une certaine influence là-dessus.

- Hein ?! Mais c'est impossible !

- Eh, c'est bon, si tu manques de sommeil faut le dire.

- Non, il a probablement raison même si cela semble fou.

- J'approuve !

- Explique-nous ta théorie Jean.

- C'est simple, tout d'abord, nous l'avons pu l'expérimenter par soi-même, à chaque fois qu'on ouvre une porte on se retrouve dans une pièce aléatoire. Maintenant repensez à ce qu'à dit l'autre fou, vous voyez là où je veux en venir ?

- Maintenant que tu le dis…

- Non mec, là par contre c'est abusé !

- J'ai encore une théorie encore plus "abusée" si tu veux.

- Non Jaques tu vas pas t'y mettre toi aussi !

- Je t'écoute.

Les avis de Jaques sont importants. Si on m'excluait, Jaques c'est celui qui réfléchit le plus et de manière intelligente. Peut-être qu'Alice aussi réfléchit plus que je ne le pensais vu ce qu'il s'est passé la "nuit dernière".

- Il se peut aussi que le fantôme possède une capacité d'hypnotisation, ou une technique qui manipule notre conscience et à ce train-là rien n'est réel, soit on rêve, soit on est en train de délirer, et peut-être même qu'à l'heure que je parle, vous n'êtes même pas réel. Cela aurait débuté quand on a visionné la cassette, ces images horrifiantes serait pour masquer l'hypnose.

- Alors là on a vraiment atteint le sommet.

- Mais ce qui est terrifiant c'est que c'est probable.

- Comment différencier la réalité des hallucinations hein ? Quel problème difficile…

- J'approuve…

Maintenant qu'il le dit je ne saurais si on était en train de rêver ou si tout ça était réel. Mais peut-être qu'on pourrait tester quelque chose…

- On crie à l'aide très fort, si personne ne vient nous venir en aide c'est qu'on est pas en train d'halluciner.

- Attends, mais comment vérifier si on est en train de rêver ou pas ?

- Aucune idée, répondis-je d'un ton sec.

- Hein sérieux ?!

- On pourrait essayer de se faire mal non ?

- On peut aussi avoir mal dans un rêve.

- Tu peux toujours essayer de mourir.

- T'es terrifiant Jaques.

- Cependant c'est le moyen le plus efficace.

Bien que cela puisse être dangereux, c'était bien le seul moyen de vérifier si l'on rêve ou pas, dans un cas immédiat, car il existe aussi une autre façon de vérifier, mais très long à réaliser :

- Après, il y a aussi une alternative. Il s'agit de "vivre jusqu'au bout de son rêve". Si jamais tu meurs alors c'est la réalité, si tu te réveilles c'est que c'était un rêve.

- Mais ça en revient à la même chose !

- La vérité se dévoile uniquement à la fin, tant pour un rêve que pour un livre, une série, un film, un jeu vidéo.

- Eh ! C'est bon avec vos théories philosophiques hypothétiques ou existentielles, vous commencez à me faire douter de ma vie !

- Et ? Quel est ton but ? Connaître la vérité ? Alors tu peux mourir là maintenant. Mais si ton but est être heureux, alors qu'importe que cela soit un rêve ou la réalité. Du moment que tu vis d'une façon qui te plait, tu connaîtras bien la vérité quand tu mourras.

- Sérieux, je ne pensais pas un jour que toi, Jean, tu diras un truc aussi positif dans un contexte philosophique…

- Et puis cette conversation ne nous mène nulle part, dépêche-toi de nous dire les choix qu'on a Jean ! S'impatienta Jaques.

- Et bien, dans notre cas, on sait tous que tous nos maux viennent de la cassette. Alors il suffit de la retrouver et de la détruire et c'est bon. Il reste juste à savoir à quel point la cassette possède d'influence sur l'espace-temps…

Puis soudain, la porte de la salle de bain s'ouvrit, et une personne inespérée apparut devant nos yeux. Était-ce de la chance ? Dans tous les cas, l'arrivée de cette personne accéléra les choses :

- Si vous voulez bien, je peux vous aider, dit Morgane.

À suivre…

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