Chapitre 11 : Bas les Masques ! (Partie 2)

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Ils se frayèrent un passage dans la semi-obscurité, entre les corps en mouvement et les effluves de déodorants mêlées de sueur. Cali ne lâchait pas la main d’Iker, elle avait l’impression qu’il la guidait dans une jungle aux lumières étranges - l’effet du cocktail cul sec, sans doute ? -, emplie de créatures sauvages aux instincts primaires, mais qu’avec lui, elle ne craignait rien.

Ils trouvèrent enfin un petit espace pour pouvoir se déhancher à leur aise. La musique qui passait était loin d’inciter au rapprochement : une espèce de dubstep-latino-électro.

Tenant toujours la main de l’écrivaine, le guide l’invita à sautiller, avant d’ensuite la lâcher pour faire le pitre. Il imitait une danse de robot mélangée à un sacré twerk. Malgré son attitude clownesque, Cali remarqua qu’il se mouvait vraiment bien; il arrivait à suivre ce rythme complètement délirant, ses gestes étaient fluides, il contrôlait parfaitement ses muscles tout en se laissant aller à l’amusement.

Elle détailla ses bras fermes, dont les veines ressortaient sous l’effet de la chaleur, ses pectoraux mis en valeur dans son t-shirt moulant, ses petites fesses musclées serrées dans ses jeans, son cou puissant auquel elle ne pensait plus qu’à s'agripper.

Lorsqu’il posa son regard sur elle, la jeune femme essaya de se hisser au même niveau : elle leva ses bras, lui sourit, bougea sensuellement ses hanches, ferma les yeux quelques instants pour tenter de paraître aussi désinvolte et séduisante que le beau brun. Pas de bol cependant, alors qu’elle remuait sa tête de gauche à droite, un coup de coude la frappa en pleine figure.


Aïeuuuh ! Le nez douloureux, elle se prit le visage entre les mains, tandis qu’un étudiant légèrement éméché empoigna son bras en s’excusant vivement pour cet accident - technique foireuse de drague ? -.

— Oye, cuidado ! (*Hé, fais gaffe !*) gronda Iker en s’adressant à l'agresseur.

L’intéressé se fit tout petit, s’éloigna comme il le pouvait en dansant les coudes serrés.

— Ça va Cali ? lui demanda le sosie de Bart en s’approchant.

— Oui, je crois que mon nez n’est pas cassé.

— Fais voir ? questionna-t-il en écartant doucement les mains de la jeune femme de son visage.

Il l’observa pendant quelques secondes, détailla son joli nez en trompette, puis son regard glissa vers sa bouche en forme de coeur.

— Bon je ne vois pas de sang et il a l’air toujours en place, quoique... plaisanta-t-il.

— Tssss !

Cali tira la langue.


Soudain, le dubstep dérangé fit place à une musique plus douce, plus lascive, entre le reggaeton et le zouk. Des couples se formaient pour danser collés serrés, tandis que les autres en profitaient pour aller se ravitailler ou se reposer.


— Tu veux quand même continuer à danser ? questionna le beau brun, sa voix se faisant plus suave.

— Oui, je crois que là, je risque moins de me prendre des coups de coudes, répondit-elle en lui adressant un clin d'œil.


Il lui sourit de nouveau, s’approcha encore plus près, lui saisit la taille de la main droite, tandis que sa main gauche enveloppa la sienne. Une chaleur agréable s’éveilla dans le bas ventre de l’écrivaine, alors que leurs jambes se frottaient au rythme de la musique.

Il s’éloigna ensuite de quelques centimètres, leva sa main pour la faire tourner, et elle se retrouva dos contre lui. Il l’enlaça plus fermement, et leurs bassins se collèrent simultanément.

Elle sentit son souffle chaud caresser sa nuque, son parfum d’agrumes l’enivrer, et le contact de son corps brûlant l’enflammer.

La musique les transcendait, s’infiltrait dans chaque parcelle de leur peau, unissant leurs corps ondoyants. Les mains du guide se firent moins sages, et glissèrent doucement de la taille de Cali vers sa jupe, puis sur ses cuisses dénudées. De délicieux frissons la parcoururent des pieds à la tête. Elle ne put s’empêcher de saisir la nuque du jeune homme d’une main, tandis que l’autre maintenait son emprise sur sa jambe.

Elle perçut alors quelque chose de dur dans le pantalon d’Iker. Une idée saugrenue lui vint tout à coup à l’esprit. C’est son portable ou son pénis ? - il faut dire que jusqu’à maintenant, elle ne l’avait toujours pas vu avec un portable à la main - .

Cette pensée fut vite expédiée, car il la fit de nouveau tourner, et ils se retrouvèrent face à face.

Leurs regards se croisèrent. Celui du guide était perçant, intense; elle se noya dans ces yeux noisettes aux longs cils soyeux. Tout en continuant leur danse sensuelle, les yeux dans les yeux, il caressa sa joue de son pouce. Il s’avança ensuite pour agripper de nouveau ses hanches, et nicha son visage dans le creux de son cou.

Ses lèvres frôlèrent la gorge de Cali, qui ne put retenir un gémissement étouffé par la musique. Le beau brun huma les différents parfums de l’écrivaine : celui de son cou, de ses cheveux, jusqu’à la naissance de sa mâchoire.

Ensuite, il se détacha à peine, pour saisir son menton entre son pouce et son index. Cali devina ce qu’il voulait. Elle déglutit, son coeur battit à tout rompre, sa respiration s’accéléra, son souffle se fit court. Ils s’observèrent avec envie, assoiffés l’un de l’autre, et leurs lèvres s’approchèrent enfin pour se toucher.

Le plaisir ne fut que de très courte durée, car au même moment, un mouvement brutal les fit vaciller. C’était Mélodie. Elle semblait paniquée, massacrant leurs épaules en les secouant de toutes ses forces.


— Les tourtereaux, je suis vraiment désolée de vous déranger ! Mais on a un problème ! s’époumona-t-elle pour se faire entendre dans le brouhaha de la piste de danse.

— QUOI ? répondirent en chœur Iker et Cali, visiblement frustrés.

— Carmen a un souci, elle est aux toilettes depuis trois quarts d’heure, je crois qu’elle a pris un truc qui ne passe pas…

Putain, pourquoi maintenant !

Iker, inquiet, lâcha l’écrivaine à contre-coeur et s’adressa à l’étudiante.

— Où sont les toilettes ? Tu sais dans quel état elle est ? Elle est encore consciente, j’espère ?

— Elle est aux toilettes de l’étage, suis-moi. Elle est consciente, mais elle vomit beaucoup. J’ai prévenu Park aussi, il est en train de fouiller dans sa trousse à pharmacie.

Le beau brun adressa un regard déçu à Cali, et lui pressa délicatement la main, comme une promesse de bientôt la toucher de nouveau.

— Je vais voir ce qui arrive à ma petite sœur, j’espère revenir vite.

— Non, je viens avec vous, rétorqua la jeune femme.


Ils emboitèrent ainsi le pas à Mélodie, et grimpèrent le superbe escalier en pierre. Les toilettes se trouvaient au fond d’un large couloir. L’étudiante toqua à la porte, avant de l’ouvrir de quelques centimètres - elle n’était pas verrouillée -. Iker fut moins délicat. Angoissé par l’état de Carmen, il bouscula Mélodie et ouvrit la porte en grand.

— Carmen ! Qué pasa ? Que tomaste ? (*Carmen, qu’est-ce qui se passe ? Tu as pris quoi ?*)

Les baños étaient immenses, comme le reste de la maison. Un énorme lavabo en marbre se trouvait à l’entrée, au-dessus duquel trônait un miroir qui occupait quasiment tout le mur.


La beauté plantureuse était à genoux au bout de la pièce, la tête posée contre la cuvette, Park à ses côtés.

— Creo que va mejor, regurgité todo, pero estoy cansado… (* Je crois que ça va mieux, j’ai tout régurgité mais je me sens fatiguée…*) répondit-elle, en soupirant.

— Je lui ai donné un Doliprane et un Gaviscon pour apaiser son estomac. J’ai l’impression que c’est passé, elle a dû faire un sacré mélange, mais je crains que la fête est terminée pour elle, avança Park en refermant sa trousse à pharmacie.

— Merci, merci Park, tu es adorable ! s’exclama Mélodie, joignant ses mains.

— Bon, j’y vais, je vais quand même essayer de profiter de la soirée. Et Mélo, seigneur, n’oublie pas que c’est extrêmement difficile de te suivre quand tu bois, tu tiens mieux l’alcool qu’une équipe de rugby réunie.

Il jeta un regard vers Iker.

— Je te laisse le relais.

— Merci, mec. Tu as vraiment géré. Je te le revaudrai.


L’étudiant s’éloigna en adressant un sourire coquin à Cali. Tandis que le guide relevait sa petite soeur, l’écrivaine s’énerva contre sa colocataire.

— Putain Mélo, tu as foutu quoi encore ? Tu viens de me gâcher la soirée ! chuchota-t-elle en pinçant férocement la fesse droite de son amie.

— Aouch ! Je suis vraiment désolée Cali ! Et tu sais, elle n’a pas tant bu que ça, deux, trois verres maxi, je te jure ! Mais il me semble que c’est les roulés au calamar d’Elias qui n’étaient pas frais…

Iker maintenait sa demi-soeur bras-dessus bras-dessous. Cette dernière tentait de marcher normalement.

— Mélodie, j’aurai dû te prévenir, Carmen est un peu bipolaire. Elle ne sort pas beaucoup, et quand elle le fait, elle a tendance à abuser. Elle ne sait pas encore s’imposer de limites, déclara Iker.

— D’accord, je suis vraiment navrée, je retiendrai la leçon, s’excusa Mélodie, penaude.

— Melo, à pronto je espera. Je passa una muy buena noche avec tu, murmura Carmen à demi-consciente, agrippant le bras de l’étudiante.


Cette dernière sourit, la regardant avec affection.

— Tengo su nùmero, le devolveré la llamada pronto, tan pronto como se sienta mejor. Yo tambien tuve una gran velada. (*J’ai ton numéro, je ne tarderai pas à te rappeler dès que tu iras mieux. Moi aussi, j’ai passé une super soirée.*), répondit Mélodie, un doux sourire sur son visage.

Iker fixa ensuite Cali. Elle savait qu’il devait la quitter, et cette seule pensée lui déchira le cœur.

— Bon, eh bien, sa majesté Dragona… Je suis au regret de vous dire que je vais devoir me retirer plus tôt que prévu. J’ai apprécié chaque seconde de cette soirée.

— Au revoir, Dark Phoenix, moi aussi… Rentre bien…

Il traversa le couloir, concentré pour que Carmen ne tombe pas dans les escaliers, et elle ne distingua bientôt plus que sa nuque terriblement attirante, à laquelle elle s’était abandonnée quelques minutes auparavant.


— On se recontacte bientôt ?! lança-t-elle tout à coup, appuyée à la rampe.


Il ne lui répondit pas, déjà arrivé au rez-de-chaussée. Pourtant elle était presque sûre qu’il l’avait entendue. À part le numéro du standard du musée, l’écrivaine se rendit compte qu’elle n’avait aucun autre moyen de le contacter. Une fois de plus, le doute s’immiscea en elle, alors qu’il prenait la porte de sortie sans se retourner.

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