Chapitre 9 : Sex Friends

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[Cali] : Salut benêt - surnom de compétition -, ça va ? T'es toujours à Madrid ? Tu fais quoi ce weekend ?

[Guillaume] : Mon p'tit Califourchon ! Ouais, Madrid c'est le top. Bah alors, j'ai vu sur Insta que t'étais à Séville ! Je t'ai envoyé plein de DMs et c'est là que tu daignes me répondre ? *smiley triste* *smiley qui pleure un peu* *smiley qui pleure beaucoup*

[Cali] : Oui désolée, le temps de m'y faire, tout ça... Dis moi, on prévoit de faire la fête ce week-end avec Mélo, ça te dit de venir ? T'en as pour 2h30 de train et lundi c'est férié, c'est le lundi de Pâques.

[Guillaume] : Sérieux, tu me proposes un week-end de pure débauche et tu crois que je vais refuser ? *smiley clin d'oeil* *smiley regard lubrique* *smiley fête* *re smiley fête* - oui il aimait beaucoup les smileys -.

[Cali] : Génial, tu peux venir pour demain alors ? T'as pas d'autres plans de prévus ?

[Guillaume] : Pour ma Califourchon je peux faire un effort ! Balance-moi l'adresse de Mélo, le Party Boy débarque à Séville, ça va faire mal ! *smiley langue* *smiley danseur*

[Cali] : Calle Peris Mencheta, 25, 41002 Sevilla, Espagne.

[Guillaume] : Je viens de voir les trains, je peux débarquer ce soir même, dès que je finis le taff, je serai là vers 23h !

[Cali] : Ah ! Ok... je préviens Mélo alors.

[Guillaume] : J'ai hâte de te voir et de jouer à califourchon *smiley clin d'oeil* *smiley aubergine* *smiley pêche*, bisous ma puce *smiley bisous*

L'écrivaine se prit la tête entre les mains. Pourquoi j'ai fait ça... À peine avait-elle reposé son téléphone qu'elle regrettait sa réaction de gamine : inviter Guillaume à cette stupide fête, rien que pour rendre Iker jaloux. Pourtant ce dernier ne lui devait rien, et filait sûrement le parfait amour avec sa Carmencita.

*

Guillaume n'avait pas menti. Il se présenta à 23h passées sur le pas de la porte de l'appartement de Mélodie, encore en tenue de travail : un ensemble de costume bleu nuit, une chemise blanche qui taillait parfaitement son torse athlétique et une cravate turquoise assortie à la couleur de ses yeux. Le blondinet à l'allure de mannequin de magazine ne passait inaperçu nulle part.

Après le renvoi de son ancienne entreprise, il s'était orienté dans l'édition de guides de voyage, et s'occupait cette année de la région de Madrid. Pourquoi ce renvoi déjà ?

Parce que le bougre à la gueule d'ange se plaisait à butiner toutes les fleurs qui s'offraient - avec consentement - à lui, sur son propre lieu de travail. Pour sa gouverne, sa beauté, son élégance et sa tchatche suffisaient à faire tomber les femmes - et pas que - comme des mouches, ce qui fut le cas de Cali, à l'époque. L'écrivaine avait cependant pris rapidement conscience du caractère volage de Guillaume, et cela ne la dérangea guère, car son cœur n'appartenait qu'à Bartholomeus.

Une relation sans prises de tête s'était ainsi installée petit à petit entre eux. Ils se voyaient quand l'envie leur prenait, s'entendaient bien et s'emboîtaient bien, par la même occasion.

— Califourchooon ! s'écria-t-il quand la jeune femme lui ouvrit la porte, avant de l'enlacer fermement.

— Et moi alors, benêt ! tonna Mélodie qui lui sauta au cou en frottant sa tête savamment coiffée, pour l'ébouriffer.

Ces deux-là étaient copains comme cochons, sans éprouver quelque attirance mutuelle. Cali se demandait s'il n'existait pas une espèce de code d'honneur du serial fucker, qui les empêchait de s'accoupler entre eux.

— Tu as déjà mangé ? lui demanda-t-elle alors qu'il se débarrassait de sa veste de costume.

— Ouep, j'ai pris un sandwich dans le train, mais là je veux bien prendre une douche si possible.

— Va, va, va, lui répondit l'écrivaine en lui désignant la salle de bains au fond du couloir. Il y a une serviette propre sur la machine à laver si tu n'en as pas amené une.

— Tu me rejoins ? questionna-t-il tout sourire, le regard lubrique.

— Non ça ira, j'ai déjà pris ma douche.

— Ah bon, tant pis, à tout à l'heure alors, conclut-il déçu, se dirigeant vers le couloir.

Mélodie pouffa.

— Il est au courant que tu ne l'as invité que pour servir de faire-valoir ?

— Pas... vraiment. Bon Mélo, presse-toi là, on dresse vite fait le canapé-lit, je ne veux pas dormir avec lui.

— Ahhh Cali, tu me fais rire.

Les deux amies s'exécutèrent pendant que le bellâtre se nettoyait le corps. En quelques minutes, le sofa jaune du salon se transforma en un lit d'appoint. Le couchage semblait cependant inconfortable : des lattes en bois menaçaient sévèrement de traverser le matelas fin - si on pouvait encore appeler cela un matelas -.

Le blondinet revint peu de temps après, une serviette autour de la taille, le corps encore fumant, quelques gouttelettes d'eau dégoulinant de ses mèches dorées.

— Bon Guigui, je vais me coucher, je te souhaite une bonne nuit, y a des coussins et une couverture sur la table basse si besoin, avança l'écrivaine, quelque peu perturbée par la vision du mannequin à moitié nu.

— T'es sérieuse, Cali ? On ne dort pas ensemble ?

— Nan, nan, je suis fatiguée, et toi aussi tu as fait de la route. Bon allez, à demain.

— Et reste bien sage ! lança Mélodie en le pointant du doigt, hilare, tout en se dirigeant elle-même dans sa propre chambre.

— Si c'est de l'accueil ça... rouspéta l'intéressé en s'asseyant sur le canapé-lit du bout des fesses.

Epuisé, il ne tarda cependant pas à sombrer dans le sommeil, recroquevillé tristement dans son couchage d'appoint; à la manière d'un chiot puni par ses maîtres.

*

Ce samedi matin, Cali était chafouin. Elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Ne trouvant toujours pas le sommeil à six heures, elle décida de se lever pour se préparer un bon petit déjeuner. En passant devant la glace de sa chambre, elle aperçut ses yeux verts cernés par le chagrin, des mèches folles s'échapper de son chignon lâche, et les froissements de sa nuisette qui trahissaient une nuit agitée.

La tête dans le gaz, elle en avait oublié la présence de Guillaume dans le salon. La cuisine s'ouvrant sur le séjour, le bruit qu'elle fit en fouillant le placard réveilla ce dernier.

La gueule d'ange sortit de son lit de fortune en se massant les épaules, et se dirigea vers le plan de travail où se tenait l'écrivaine.

— Bonjour Guillaume, bonjour Cali ! Bien dormi Guillaume ? Non absolument pas, mais merci de demander ! tonna-t-il, s'approchant en caleçon.

— Oui, bonjour bonjour... répondit Cali sans se retourner, concentrée sur la machine à café.

— Califourchon, j'ai faim...

La jeune femme fit mine de ne pas saisir le double sens de la phrase.

— Il y a de la tortilla dans le frigo.

— Tu sais bien que ce n'est pas de la tortilla que je veux.

Il s'approcha alors tout près, colla son torse chaud contre son dos, et elle sentit son érection pointer contre ses fesses.

— T'es grave excitante dans cette petite nuisette... lui susurra-t-il à l'oreille.

Il déposa ensuite un baiser sur son épaule dénudée, avant de parcourir sa clavicule de ses lèvres, pour se nicher dans le creux de son cou. L'écrivaine éprouva aussitôt une flopée d'émotions contradictoires.

— Guillaume, attends, je...

Les mains du jeune homme se posèrent sur ses cuisses. Lentement, il les remonta, les glissa sous le tissu soyeux de sa nuisette, et palpa ses hanches.

— Cali, j'ai trop envie de te baiser, là, maintenant, tout de suite... implora-t-il.

Ces mots n'eurent pas l'effet escompté, car l'écrivaine se sentit tout à coup sale et mal à l'aise. Iker... Elle se retourna et repoussa brusquement le blondinet, qui atterrit sur l'étagère d'en face. Sa tête se cogna contre une poêle suspendue au plafond dans un Boiiing ! sonore.

— Guillaume, STOP, j'ai dit stop !

— Mais Califourchon, ça va pas ou quoi ? s'exclama la gueule d'ange en se frottant la tête, encore sous le choc de la poêle. Tu me demandes de te rejoindre à la hâte pour un weekend de folie, et depuis que je suis arrivé tu me traites comme une merdouille, je ne te suis plus là !

— Désolée... Je... Tu ne comprends pas... C'est ce... Iker avec sa... Carmencita... s'étouffa-t-elle soudain dans un sanglot.

Une larme perla sur sa joue. Oh non, voilà que je me mets à chialer comme une conne. Cette attitude déstabilisa Guillaume qui lui adressa un regard empreint de pitié.

— Ce n'est pas à toi de t'excuser Cal, je n'aurai pas dû insister. Tu vois un mec en ce moment, c'est ça ? Hé, je n'ai pas oublié notre règle d'or, pas de sexe si on commence à s'attacher à quelqu'un, on est amis avant tout !

— Non, ce n'est même pas mon mec, mais... il me plait vraiment. Je... je voulais juste que tu le rendes jaloux, à la fête chez Park ce soir...

— T'es sérieuse ? Tu aurais pu me le dire plus tôt !

— Et tu serais quand même venu ce weekend ?

— Mmmh... pas sûr ! avoua-t-il en haussant les épaules. Mais si tu ne veux pas d'une partie de sexe endiablé avec l'incarnation d'Eros en personne, ne t'inquiète pas, je me débrouillerai très bien pour me trouver une ou deux bellas espagnoles, déclara-t-il en tapotant la tête de son amie d'un geste presque paternel.

— T'es con ! Quand comprendras-tu que les femmes ne sont pas des trophées ? rétorqua-t-elle en le repoussant de nouveau, ce qui lui valut un deuxième Boiiiing ! contre la poêle assassine.

— Hey, je n'ai jamais dit ça ! Les femmes je les respecte, je les mets sur un piédestal, je leur donne du plaisir... Et puis, tu sais, je suis polyamoureux alors...

— Ouais, la bonne vieille excuse du polyamour !

Cali ne niait pas que le polyamour puisse exister, mais dans le cas de Guillaume, c'était LE prétexte qu'il ressortait à chacune de ses partenaires pour justifier toutes ses incartades.

Sur ces entrefaites, Mélodie sortit de sa chambre, les cheveux dans tous les sens et le visage chiffonné.

— C'est quoi ce tintamarre de bon matin ! Y en a qui essaient de faire la grasse matinée ! Guigui, tu joues de la cymbale avec des poêles maintenant ?

— C'est Cali, elle me violente depuis tout à l'heure, avec son histoire de Camelita-je-sais-pas-qui et de petit copain imaginaire, j'ai rien compris ! se justifia le blondinet en se frottant la tête.

Mélodie se plaça entre eux et observa son amie aux yeux rougis.

— Mais Cali, qu'est-ce qui t'arrive ? C'est Guillaume qui te fait pleurer comme ça ? s'inquiéta-t-elle.

— Non, c'est... ce Iker avec sa... Carmencita, répondit l'intéressée en sanglotant de nouveau.

— Écoute, ce soir, le but c'est de s'amuser, ok ? Alors Guillaume jouera ton faux copain, et moi je vais subtilement tenir la jambe à cette Carmen, pour savoir où elle en est exactement avec Iker. Tu en penses quoi ?

L'écrivaine se frotta les yeux, honteuse de son comportement stupide.

— D'accord, on peut faire ça... Vous... vous êtes des amours, les amis...

Mélodie approcha de sa Cali et la serra fort dans ses bras.

— Alleeez, viens là, un gros câlin voilà ce qu'il te faut !

Guillaume s'approcha à son tour pour les encercler de ses bras.

— Moi aussiiii, je veux un câlin !

Mélodie le repoussa d'un coup de coude, le jeune homme se cogna contre un objet désormais familier à son crâne. BOOOOIIING !

— Non, toi le câlin sera autorisé une fois que le bidule dans ton caleçon sera calmé et que tu t'habilles décemment nom de dieu ! gronda l'étudiante.

En observant ses amis, Cali rit enfin. Ils lui réchauffaient le cœur, lui apportant tout le réconfort dont elle avait besoin pour affronter, d'ici quelques heures, sa désillusion en face.

Et voilà, un nouveau personnage entre dans la danse ! On dirait bien que cette fête s'annonce haute en couleurs ! Alors, vous êtes plutôt Team Iker ou Team Guillaume ? hehe :D

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