3.

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Il se réveilla aux alentours de midi. Sept appels manqués, quatre messages vocaux. 9h23, 9h25, 9h29, 10h05, 10h34, 10h35, 11h58. Vingt-deux SMS.

Il devait probablement s’agir de sa sœur qui rentrait de soirée et n’avait pas les clefs, ou de sa mère qui voulait l’engueuler pour je ne sais quelle raison.

Il effleura le premier message vocal, celui de 9h29, presque en soupirant. On était Dimanche et il voulait être tranquille. « Flavien…. Je suis vraiment désolée… vraiment désolée » il crut reconnaître la voix d’Amandine, une des amies du groupe de filles avec qui Hannah était actuellement au Costa Rica. Son cœur eu un léger tressaillement.

Avoir un message d'elle n'était absolument pas normal. Il se remit droit sur son lit et posa sa main sur le mur à la peinture écaillée. « On a eu un accident… », un énorme bruit de cafouillage téléphonique s’ensuivit, comme si le portable était au fond d’un sac et qu’on fouillait dedans. « Flavien…Flavien….. je voulais conduire et….. on a roulé dans un nid de poule sur le bord de la route… une petite route… on était à cinquante… ». Sa voix était saccadée, elle avait du mal à continuer. « Hannah était à l’arrière…. On l’a emmenée à l’hôpital là…. Ils viennent de ressortir et ils nous ont dit….. Flavien….. elle est morte. »

Il lui fallut une seconde pour digérer. Une seconde pendant laquelle tout ce qui était autour de lui, dans sa chambre peu éclairée par les rideaux obtus, paraissait lui faire un pied de nez cruel, le tuer à petit feu en l’observant s’enflammer et partir, loin. Son cœur sembla reprendre du sang, son cerveau fonctionner de nouveau, et les secondes filèrent parce qu’il était désormais en pilote automatique, son corps lui permettait seulement de faire des gestes et des actions de fonctions purement primaires, de protection. S’il était en danger, il aurait eu le réflexe de s’enfuir mais c’est à peu près tout, le reste ne fonctionnait pas.

Il n’entendait plus rien au son qui sortait de ce téléphone et il avait très chaud. C’était impossible. Tout cela était impossible, cette Amandine, là, devait lui faire une blague du plus mauvais goût.

Les messages vocaux suivants infirmèrent cette théorie du désespoir. Hannah était morte. Morte dans un accident de voiture. Quoi de plus banal. Quoi de plus improbable. Ce sont les autres qui meurent dans des accidents de voiture, pas Hannah. Ce sont les autres qui perdent leurs proches. Pas moi.

Il fallait qu’il en ait le cœur net. Qu’il voit son corps. Sa vie pourrait s’arrêter après, seulement après.

Comment a t il pu se lever aussi tard le jour de la mort de sa petite amie ? Toutes ces informations, tous ces jugements se bousculaient comme des billes de fer dans sa tête déjà trop chaude.

Il apprit plus tard que l’amie, Amandine, n'avait pas pu ouvrir le portable d’Hannah car elle ne connaissait pas son code. Qu’elle n’a pas pu, donc, tout de suite appeler les parents et la famille de celle ci. Elle n’avait pas non plus le numéro des parents de Flavien. Sa mère étant partie très tôt à Munich elle n’aurait de toute façon pas pu le réveiller. Ses parents ne sont don c pas encore au courant.

Sa sœur, elle, était en cours. Elle a été mise au courant de la mort d’Hannah vers 11:30 et est l’auteur d’environ la moitié des vingt deux SMS.

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