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Il fait sombre et chaud dans le café mais il n’y a pas grand monde. La lumière du dehors se reflète faiblement sur le miroir situé derrière le bar. S’assayant près de l’entrée, il ouvre son ordinateur et tombe sur une photo d’eux deux lors de leurs vacances de l’été dernier, la contemple une seconde puis ouvre un fichier situé en bas à gauche de son écran. Il s’agit d’une capture d’écran des SMS qu’ils se sont envoyés lors de leur première rencontre, un peu avant de sortir ensemble il y a cinq ans.

« 0672818181, beaucoup de socialisme dans ce numéro. Flavien ».

« Oui, et il ne s’agit pas seulement de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand, mais aussi du numéro de département du Tarn, là où habite ma grand mère et ou nous avons notre maison de vacances. A croire que Jean Jaurès est ancré dans notre famille ».

« Je n’y crois pas une seule seconde, mais j’aime beaucoup ta manière de danser donc je me tairai ».

« Hmm. Pour avoir un prénom aussi moyen-âgeux, tu ne dois pas être non plus vraiment socialiste, si ? »

Et la conversation continuait sur un air de drague assez lambda que Flavien appréciait regarder de temps en temps, pour se rappeler qu’il était parti de loin pour avoir cette fille. Même dans les moments où elle était insupportable avait il appris à y répondre correctement et poser des limites. Jamais ne regretta t il d’être sorti avec elle, même s’ils avaient eu deux périodes très proches de la rupture en cinq ans.

De retour chez lui, son père était en train de préparer le dîner, chose suffisamment rare pour être notée. « Tu pourras mettre le couvert ? », il se dépêcha de s’exécuter pour lire les SMS reçus, là haut sur ce qui lui paraissait une montagne à cet instant, avec un escalier d’une longueur infinie. Tout ce temps sans son téléphone, il avait forcément reçu au moins un autre SMS d’elle.

Il grimpa trois à trois et posa son sac contre son lit. Le téléphone avait un écran noir, n’y laissant paraître rien.

Deux textos. Le premier d’un ami, le second d’une connaissance, le troisième d’elle.

Il consistait en ceci : « On va faire un Times Up ce soir avec les filles, je t’en parlerai plutôt demain. Je t’embrasse ».

La déception s’empara de lui. Il avait attendu toute la soirée pour cette révélation et il devrait encore attendre demain. Tout ce qui venait d’elle, même la plus petite chose, était une breaking news du journal télévisé national, plus intéressant que le plus flagrant des scandales financiers internationaux.

Au dîner, il essayait de penser à quelqu’un d’autre, à autre chose qu’elle car au bout de cinq ans, tout de même, on doit pouvoir penser à autre chose, être indépendant. Son père parlait de son boulot, sa mère l’écoutait et donnait des raisons pour lesquelles telle chose ou telle autre devait s’être passée. Sa sœur fixait un point fixe situé à peu prés autour de son verre et n’en démordait pas, mangeant le plus lentement du monde. Dieu sait ce qu’il se passait dans sa tête, comme d’habitude.

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