Nouveau horizon

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Une forte lumière apparue rapidement, et m'aveugla pendant plusieurs secondes.

Je me mis à distinguer des formes d'objet venant de ma chambre, ma mère venait d'allumer la lumière.

Ça ne me dit rien qui vaille.

Elle m'annonça l'objet de sa visite :

- Bon, tu m'accompagnes faire les courses ?

C'était une question, mais je savais que c'était plus un ordre dissimulé qu'autre chose. Je grognai et lui répondit :

- Maman on est samedi, laisse-moi dormir...

- Tu me dis ça tous les week-end, Josh lève-toi. Maintenant ! On part dans trente minutes ; et fais-moi le plaisir de ranger cette chambre, on se croirait au zoo. S'il te plait, ajouta-t-elle agacée.

Sur ces mots elle ferma la porte derrière elle. Je restai ainsi, perdu dans mes pensées.

Quelques minutes plus tard je finis par me lever poussant la couette le plus loin possible.

Je déboulai dans la cuisine, mes cheveux bruns en bataille.

- Josh prépare toi, on part bientôt !

Je fis mine de ne pas l'entendre et pris un bol et du lait se trouvant déjà sur le plan de travail. Je les posai sur la table de la cuisine. Dans les placards du haut, se trouvaient toute sorte de féculents : barre vitaminée, céréales bio, etc. Bref, du chichi pour femmes complexées. Enfin, la boite de céréales ! Riz soufflé, mes préférées.

Je les dévorai tout en regardant les informations, elles faisaient la promo d'un jeu vidéo, indiquant simplement qu'il révolutionnerait l'expérience. Mon père, assis sur le canapé, tenait son café à deux mains, l'un de ses nombreux tics.

Il se retourna brièvement la tête pointée dans ma direction, et me dit d'un ton entièrement désintéressé :

- Joshua écoute ta mère.

Je déteste quand il m'appelle de cette façon.

Puis il changea de chaîne pour reprendre sa brillante activité "intellectuelle".

Mon vieux passait son temps à regarder des documentaires débiles, sans intérêt. Dont il ne comprenait pas un traitre mot. Il se justifiait toujours de la même façon. "Mon fils c'est bon pour ta culture générale". Foutaises ! C'était un documentaire sur la végétation au Mali, pensais-je tout en aspirant le reste de lait chocolaté qui gisait au fond du bol.

Je me dirigeai en direction de l'évier. Plein de vaisselle y était entassée, j'y déposai le bol en équilibre sur la pile, sans même m'en soucier.

J'enfilai quelques vêtements de la veille après les avoir inspectés à l'aide de mon flair très aiguisé. Je fonctionnais comme ça : si l'odeur n'était pas insupportable, mes habits réussissaient brillamment le test. Ni complètement propres, ni complètement sales, c'est le parfait l'équilibre. Je me préparai dans la salle de bain, délaissant une fois de plus la douche. Un petit coup de déo sous les aisselles pour masquer l'odeur. Du moins pour un temps.

Un filet d'eau dans les cheveux pour réveiller le semblant de gel qui s'y cachait. Cela me permettait de faire de petites économies. Enfin... Je fus surtout guidé par une insurmontable flemme qui semblait toucher tous les ados d'aujourd'hui et qui se propageait comme un virus, hautement contagieux ! Un petit brossage de dents qui ne durait rarement plus de 30 secondes. Puis, un dernier coup d'œil vers le miroir. Je suis fin prêt.

Ma mère, sur le pied de guerre dans le salon, me regarda d'un air impatient les mains sur les hanches.

Mon père sortit l'une de ses fameuses répliques :

- Bon, elle est prête la Barbie ?

Je lui répondis sarcastiquement.

- Oui ! Et au fait, je peux t'emprunter tes talons en verre papa ? Je dois être assez jolie pour rivaliser avec maman.

Mon père me regarda bouche bée. Sur ce coup-là, je l'ai cloué sur place.

Ma mère éclata de rire. Puis d'un air amusé me dit :

- Allez Josh ! Les courses nous attendent.

Mon père nous regarda partir sans un mot.

Plusieurs lettres sont posées sur le meuble. Je feuilletais le courrier curieusement, et vit une lettre de mon lycée. Sûrement mon bulletin, me dis-je, probablement catastrophique. Cette année avait été un vrai cauchemar, je n'avais absolument rien foutu. Pour gagner un peu de temps, j'eu la brillante idée de glisser discrètement l'enveloppe sous la pile de lettres.

Après un quart d'heure de voiture, nous arrivions enfin au supermarché. Ma mère avait préparé toute une liste de courses et arpentait les rayons de façon ciblée et méthodique.

Quant à moi, je me contentais de lire des mangas et de regarder les dernières sorties de jeux vidéo. L'un d'eux, qui m'est complètement inconnu, piqua ma curiosité. Je regardai les critiques sur mon portable pour ne pas me faire avoir. C'était apparemment une exclu, créé par le brillant Shojo Hatake, une version d'essai donnant accès au jeu complet par la suite. Je me demandai si ce n'était pas le jeu que j'avais vu ce matin à la télé.

Il y avait une clé à l'intérieur permettant de déverrouiller une nouvelle carte et quinze niveaux supplémentaires. Elle donnait également accès à une race exclusive. Les humains-garous. La classe était différente pour chaque pays, au japon c'était les sorciers noirs.

En petits caractères, je vis inscrit sur la boite que cette clé se détruirait une fois qu'un million de personnes par pays l'auraient inséré. Ce jeu avait l'air génial ! Il ne me resta plus qu'à convaincre ma mère pour qu'elle me l'achète.

Les personnes souhaitant s'enrichir, achetaient toutes les copies du jeu, espérant les revendre au prix fort par la suite. Mais ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'une clé achetée en France ne peut être utilisée dans d'autres pays.

Ils n'étaient vraiment pas futés !

Seuls, certains magasins semblaient proposer la clé. Et j'avais en ma possession la dernière du magasin. Je l'emportai furtivement, le tenant à deux mains pour éviter qu'on ne me le vole en me rendant à la caisse.

Je fis la plus belle de mes plaidoiries, après quoi, ma mère céda sous la pression.

- Bon, combien ça coute ton truc ? Dit-elle exaspérée tout en mettant les courses sur le tapis roulant.

Je marmonnais.

- Euh... Juste 50 euros.

Elle fit une grimace, m'arracha le jeu des mains et le posa sur le tapis. J'avais réussi mon coup !

- Bon, par contre, c'est toi qui fais à manger.

J'acquiesçai une dizaine de fois comme un imbécile, prêt à tous les sacrifices pour obtenir gain de cause.

Je rangeai les courses dans le sac façon tétris pendant qu'elle payait. Lors du trajet, je ne dis pas un mot, Ma mère en fit de même. Elle jeta un coup d'œil dans le rétroviseur et me vit fixant la boite avec insistance. Elle comprit que mon esprit était déjà bien loin.

En arrivant je me déchaussai rapidement pour ne pas perdre de temps, me disant que la durée de vie de ma clé en dépendait.

Je laissai ma veste sur le bord du canapé, et couru en direction de ma chambre. Quand soudain ma mère m'interpella.

- Minute mon coco ! Tu n'as pas oublié quelque chose ? Et les termes de notre contrat ?

Elle pointa du doigt la tonne de vaisselle à plusieurs reprises.

Je m'arrêtai sur place, et la regardai d'un simple mouvement de tête.

- Si si, je vais m'y mettre ! Je pose simplement mes affaires dans ma chambre.

Mon mensonge était pitoyable, j'étais capable d'être bien plus créatif.

Ma mère se rendit à la cuisine pour ranger les courses.

Ouf j'étais sauvé ! Je déballai l'emballage et me préparai à installer le jeu. J'entendis ma mère râler en bas de l'escalier.

Je jetai alors le jeu sur mon lit, et m'empressa de faire la vaisselle le plus rapidement possible, tout en laissant une grosse quantité de mousse au passage.

Quand j'eus posé la dernière assiette dans le bac victorieusement, ma mère anticipa ma réaction et me dit :

- hein hein, en déplaçant son index de la droite vers la gauche.

Mince ! Le repas.

Je me creusai la tête pour trouver un repas simple et rapide. J'ouvris le frigo et inspectai tous les ingrédients, sûr que l'inspiration finirait par arriver. J'eus le déclic tant attendu, la pizza ! Je sortis deux pizzas surgelées du congélateur, une au jambon et l'autre au thon, les préférées de mon père. Ma mère n'était pas enchantée par l'idée, mais se laissa tenter.

Mes parents étaient concentrés sur un match de foot, de leur équipe favorite. A vingt minutes de la fin le score s'annonçait serré. Le timing était parfait, les pizzas seraient prêtes à temps. Je profitai de cette distraction pour me faufiler dans ma chambre.

J'allumai mon ordinateur et en même temps j'arrachai l'emballage et ouvrit la boite, pressé de découvrir le graal. Elle était là, la clé. Masquée par un carré doré à gratter que je m'empressais de retirer. L'écran s'alluma.

PUTAIN de mise à jour ! J'hurlai dans la pièce, cela avait le don de m'énerver. Ce n'était vraiment pas le moment, j'avais hâte de jouer. Par chance ce n'était qu'une insignifiante amélioration de la puissance du processeur. Pendant ce temps, je lisais le résumé inscrit à l'arrière du boitier.

BONJOUR AVENTURIER !!!!

ETES-VOUS PRÊT A REJOINDRE LE ROYAUME D'HATOS ? A PRENDRE PART DANS UNE GRANDE BATAILLE SANS MERCI POUR CONQUERIR CE TERRITOIRE ?

Il vous suffit de créer un compte et de vous lancer dans l'aventure !

En bas de page est inscrit :

La race d'humain garou, est incluse dans le pack. Ainsi qu'un nouveau territoire et 10 niveaux supplémentaires ! Vous commencez également l'aventure avec une dizaine de pièces d'argent qui vont serviront à acquérir des biens au sein du jeu.

Un signal sonore indiqua que la mise à jour était terminée, j'insérai le CD dans le lecteur de l'unité centrale, puis lança l'installation. Pendant ce temps je décidai de créer le compte. J'entrai mon pseudo, le même depuis plus de 5 ans, IZILDUR, ainsi que mon mot de passe, qui est « bien joué », astucieux non ? Il était impossible de le trouver par hasard et si un pirate venait à me hacker mon mot de passe servirait à le féliciter pour cette prouesse, cool non ?

Je validai la case "avez-vous pris connaissance du règlement..." blablabla, du baratin que personne ne lisait jamais. J'appuyai sur valider, ils me demandèrent d'insérer la clé, si j'en possédais une. Je l'entrai caractère par caractère, cela prenait du temps car les clés étaient toujours longues comme le bras.

Je reçu un mail de confirmation qui permettait de valider mon inscription, et m'empressai de me rendre dans ma boite de réception. Une fois mon compte confirmé, une fenêtre s'afficha :

Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous êtes le millionième détenteur de l'édition premium de KINGDOM.

Shojo Hatake et l'équipe de KINGDOM.

C'est une blague ? Pensais-je choqué par cet évènement. Si je racontai ça on me traiterait de menteur, qui pourrait y croire ?

J'envoyai quand même un message à trois de mes amis, les seuls que je possédais surtout. Une bande de geeks, comme moi. Il y avait Abigaël, que nous surnommions Abi, Ludovic alias Ludo le terrible. Pour finir Katia ma grande sœur, avec laquelle je suis très proche, qui ne vit plus chez nous depuis déjà un an, elle me manque parfois.

Je rédigeai un message groupé : « Vous avez vu la version d'essai du dernier jeu de Shojo Hatake ? »

Ils me répondirent tous qu'ils jouaient déjà depuis deux heures et avaient déjà atteint le niveau 5. Je jetai mon portable sur le lit, fou de rage. Mais je me calmai en me disant qu'eux ne possédaient pas la version premium du jeu. Haha ! Je jetai un coup d'œil à la barre de téléchargement, il restait à présent 22 minutes.

Je fus alerté par les cris de mes parents, ce qui signifiait que le match était fini.

Mince, les pizzas ! J'accouru en direction du four, comme un sauveteur d'alerte à Malibu, les muscles en moins. Je sortis les pizzas de justesse, elles sont cuites à la perfection, puis les déposai sur la table basse, donnant celle au thon à mon père et celle au jambon pour ma mère et moi.

Mon père me vanna, ce qui fit beaucoup rire ma mère :

- J'ai toujours su que tu deviendrais un grand cuisiner, je suis fier de toi mon fils.

J'avais ce que je méritais et n'étant pas un mauvais perdant, j'avouai ma défaite en esquissant un sourire. Le repas se déroula sans accro, mes parents échangeaient sur la tournure étonnante qu'avait prise le match. Pendant ce temps je regardais mon téléphone, désintéressé par leur discussion. Mes amis m'avaient envoyé des captures d'écran du jeu. J'étais impatient d'y jouer.

Je me levai pour débarrasser la table, et m'empressai de faire la vaisselle. Ma mère m'arrêta et d'une voix mielleuse, m'autorisa à aller jouer. Elle n'avait pas besoin de me le dire deux fois. Quelques secondes plus tard je me trouvais déjà dans ma chambre, installé sur ma chaise. Je démarrai le jeu, le téléchargement était à présent terminé, et créais mon personnage. La nouvelle classe évidemment, pour pouvoir épater mes amis.

J'entrai mes paramètres : la taille, le poids, le visage, etc. J'ajoutai le nom en priant pour qu'il ne soit pas déjà pris, cela était très frustrant. J'hésitai puis finis par valider.

Oui ! Le nom est disponible. Je me levai et dressai mon poing au-dessus de ma tête, imageant ma victoire. Mais je finis par me rasseoir après m'être aperçu dans le miroir. J'étais vraiment pathétique.

L'écran du moniteur, et la lampe clignotèrent. Sûrement une interférence, un défaut électrique. Puis un écran blanc mais au centre se trouvait un lien. Je pris le risque de cliquer dessus, priant pour que ça ne soit pas un virus. Lorsqu'un un message s'afficha en rouge, en grosse lettre. J'imaginais déjà ma tour voler en éclat et moi avec.

Mais après une brève analyse du texte, je me rendis compte que ça faisait partie du jeu.

Vous vous apprêtez à vous immerger dans le Royaume d'Hatôs. Êtes-vous prêt à débuter l'aventure ? Attention ! Vous allez être transporté dans ce sombre royaume déchiré par la guerre, vous pourriez ne pas en réchapper. Êtes-vous prêt à prendre ce risque ?

Je fus vraiment surpris par cette intro ! Les copains ont dû halluciner en voyant ça. Sur ces mots, je validai puis cliquai sur jouer.

Un nouveau message apparut, me demandant de m'équiper du « bracelet métallique se trouvant dans la boite du jeu ». Je jetai un coup d'œil. Il y avait effectivement un bracelet enroulé dans une pochette en plastique. Je le mis autour de mon poignet. Je secouai une dernière fois le paquet et un chargeur USB en sortit. C'est alors que je remarquai un port USB, dissimulé sur le côté du bracelet. Il y a 3 boutons sur celui-ci, un rouge, un orange et un vert.

Je branchai le câble au port USB de mon pc et le raccordai à mon bracelet, le voyant jaune se mis à clignoter lentement comme pour annoncer un chargement. Mais rien ne s'affichait à l'écran. J'entendis ma mère crier et m'ordonner de venir immédiatement la rejoindre. Je compris qu'elle avait trouvé mon déplorable bulletin. À cette nouvelle, mon sang ne fit qu'un tour.

Soudain je ressenti un fort pincement au cœur, j'avais mal. Cela ressemblait à une crise cardiaque mais ce n'est que mon avis et je ne suis pas médecin. Je n'entendais presque plus les cris de ma mère, qui devenais de plus en plus sourd.

Mes paupières commencèrent à tomber et juste avant de m'évanouir, je vis le voyant vert s'allumer...

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