La course était sur le point de débuter. Tous les participants étaient sur le départ, leurs marteaux en main. Chacun espérait ressortir vainqueur de cette épreuve, et ainsi se pavaner dans le village entier. Une voix retentit dans l'arène :
«Chers participants, la pipelette vient d'être lachée dans le labyrinthe. Elle est, cette année, particulièrement bavarde. Tenez vous prêt.»
Le silence fut, dès lors, total. Hors de question de se déconcentrer : on ne participait à la Grande course qu'une fois. Une voix nasillarde, celle de la proie, vint briser ce calme solennel. L'oiseau parlait. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Il déblatérait des paroles qu'aucun des coureurs ne comprenait. Mais peu importait ce que pouvait dire cette pipelette, une seule chose comptait : la réduire au silence.
L'angoisse était palpable sur la ligne de départ. Chacun fixait l'entrée du labyrinthe où gambadait bruyamment cette volaille. La voix des organisateurs se fit entendre de nouveau :
« Nous déclarons la 64ème édition de la Chasse ouverte dans 3... 2... 1... Partez ! »
D'un même mouvement, les coureurs s'élancèrent avec détermination. Le vent s'engouffrait sous leurs maillots colorés portant fièrement leurs numéros. Certains ralentirent l'allure dès les premiers mètres. Leurs bras s'engourdissaient déjà sous le poids considérable du marteau qu'ils devaient transporter tout le long de cette chasse.
Mais la traque était lancée. Et plus rien d'autre n'importait que de trouver la pipelette. Et de lui clouer le bec.