Découvertes

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PL : 6

Affinité Elisa : 8/10

- M'embrasser ? N'est-il pas mon frère ?"

Le silence fut opaque. Une pointe d'angoisse vrilla mon ventre ; je me mordis la joue, furieuse de ne m'être pas tue. Néanmoins, que pouvaient-elles faire ? Ce n'était pas comme si j'usurpais une identité. Quelque part, je savais être Sahara, mais d'autre part, non.

"Princesse, vous devriez vous reposer, vous semblez confuse. Nous vous laissons."

Sans plus attendre, Adeline et Elisa me quittèrent.

Loin de moi, dans la pièce réservée aux servantes, elles discutèrent :

"Ce n'est plus elle, ma Dame, geignit la jeune fille. Elle sait très bien que son frère n'a jamais essayé de l'embrasser, non ? J'ai inventé ça ! Je ne pensais vraiment pas que...

- Que votre stratagème fonctionnerait ? Eh bien, c'est fait. À présent, nous devons savoir quel démon s'est logé dans sa tête et quelles sont ses intentions !

- Ma Dame, vous n'y pensez pas ?" Elisa venait de blêmir. La gouvernante paraissait ne pas vouloir changer d'avis. Elle ordonna à la jeune fille de rester aider ses consoeurs, elle avait à faire. Et surtout, de ne pas retourner me voir.

Je m'étais allongée, me sentant légèrement comateuse après ce grand-petit-déj et la rencontre avec Louis. M'avait-il vraiment embrassée ? Non, il avait essayé ? Je repassais mentalement la scène dans ma tête. Il avait bien rougi, lorsque je l'avais appelé "prince". Alors, quoi, il m'aimait ? J'étais sa soeur, non ? Mais nous ne nous connaissions que depuis trois ans, d'après les dires de mes aides... Nous étions plutôt demi-fratrie d'ailleurs.

Décidant que l'histoire était un peu trop compliquée pour ma pauvre cervelle, je m'endormis.

Une sorte de chatouillis désagréable m'éveilla d'un seul coup. En grommelant, je me redressai, jetant un coup d'oeil alentour : personne.

Non loin du château, dans une maison basse en terre chaulée, à l'écart des autres et du chemin, Adeline et sa mère avaient une discussion animée :

"Elle vient de se réveiller. Je n'ai pu piéger le démon en elle ! Et cela ne signifie que deux choses : soit elle n'en a pas, soit il est très puissant..." Elle tenait une poudre rosée dans sa main toute fripée, à genoux sur le sol de terre battue. Devant, un triangle de plantes variées, une gemme au centre. Sa fille, Adeline, posa une main sur son épaule, tentant de lui infuser un peu de paix.

"Espérons que ce soit la première option, même si cela veut dire qu'elle a perdu la mémoire, et nous ne savons pour quelle raison... C'est vrai, je m'en souviens maintenant, elle m'a demandé qui j'étais, ce matin. J'ai cru qu'elle était seulement mal réveillée... Oh ! Qu'allons-nous faire ? Elle ne pourra jamais accomplir ce que le roi Georges souhaite !

- Eh bien, peut-être qu'au contraire... ses manières étranges attireront l'attention du duc, que sait-on ? Elle est belle, ingénue, curieuse... Elle sera peut-être la première à réussir. Cette innocence pourrait jouer en votre faveur, non ? D'ailleurs, lui as-tu donné une potion de mon cru ? se retourna sa mère.

- Oui, elle a choisi celle qui enlève les effets des sortilèges, de l'hypnose ou des illusions sur l'esprit, n'est-ce pas curieux ? Un démon très puissant n'aurait pas besoin de cela. Il n'aurait besoin d'aucune potion, d'ailleurs.

- Hm... Mais dans un corps fragile... si vraiment il est un puissant démon, il ne semble pas encore très à l'aise dans la tête de Sahara. Pourquoi n'avoir pas choisi le roi ? s'interrogea la vieille femme.

- Pour aller à la fête..." Adeline eut l'impression d'entrevoir un plan très malicieux. Si vraiment j'étais un puissant de l'autre monde, alors j'avais un lien avec les duc du Pinson. Quel était mon plan...

"Je devrais retourner au château et faire comme si de rien n'était. Nous devons jouer le jeu. Peu importe qui est réellement Sahara maintenant, si elle a perdu la mémoire ou autre... Elisa l'accompagnera et la surveillera. De toute façon, ce n'est pas comme si nous avions le choix."

Comme personne ne revenait, je décidai de fureter dans ma penderie afin de préparer les vêtements de ce soir. Je fus bientôt ébahie par la quantité et la qualité présentées dans une seule armoire ! Il y avait là des tas de robes - et je grimaçai, car, curieusement, ce n'était pas mon style favori - mais aussi des ensembles plus exotiques, venant sûrement du pays de ma mère. Il fallait absolument que je les essaye !

La porte résonna sous trois coups alors que j'étais à demi nue, entourée d'un tas d'affaires au sol. C'était un joli désordre. Je me recouvrai rapidement de l'une d'elles et bredouillai un "entrez !" mal assuré.

Elisa, me voyant, ne put s'empêcher d'éclater de rire. Puis, se rappelant les récents événements, baissa piteusement la tête et vint m'aider à ranger.

"Vous faites bien, dit-elle, nous devons vous préparer pour la sortie de ce soir. Nous partirons vers dix-neuf heures pour arriver une heure plus tard. Les Du Pinson sont un peu à l'écart de la ville, légèrement enfoncés dans la forêt. (Elle fut prise d'un frisson.) Alors, avez-vous quelques préférences pour les affaires ?

- Je... j'aime beaucoup celles-ci, dis-je en pointant les sarrouels et gilets dorés. La couleur... est belle. Je m'y sentirais plus à l'aise que dans une robe."

Un éclat de fugitif soulagement passa dans les yeux d'Elisa.

"Oh, oui, vous n'avez jamais aimé les robes. Bien ! Repoussons-les donc !"

Nous nous amusâmes jusqu'à ce que la gouvernante désire entrer. Sa mine ne laissait rien paraître.

"Ravie de vous voir sourire, princesse, dit-elle. Allons, avez-vous fait votre choix ? Vous devez prendre un bain, vous parfumer, maquiller, manger un bout...

- Oh, il y a tant à faire ! osai-je. Bon, je crois que je choisirai ce sarrouel doré et ce corsage drapé de même teinte. Je ne veux pas de chapeau, seulement des bijoux d'or et de cuivre... et des babouches. Vert lustré." J'étais très sûre dans mes choix cette fois-ci. En silence, mes aides réunirent les habits souhaités, curieuses. Ne m'avaient-elles jamais vu vêtue ainsi ? Je n'aimais pourtant pas les robes...

Ah ! La vie dans ce château devait être bien coercitive. Surtout pour moi.

Sur le lit, la tenue s'étalait, très attirante. J'avais soudainement hâte et en même temps, j'étais très effrayée. Avec un haussement d'épaules fataliste, je suivis Elisa jusqu'à la salle de bain jouxtant ma chambre. Tout était prêt, l'eau parfumée, les pierres de sel, les savons colorés. C'était tout simplement magnifique ! Les bulles du bain me plongèrent dans un état de relaxation très appréciable. Je ne vis plus passer le temps et bientôt, j'étais face au miroir, admirant la nouvelle personne que j'étais devenue.

"Whoua, vous êtes splendide, princesse !" s'enthousiasma la jeune servante, applaudissant. Je vis la gouvernante acquiescer. Bon ! J'étais parée. Avec tout ça, midi était déjà passé depuis long. Je n'avais pas faim et me retrouvai une fois de plus toute seule en attendant le départ, dans six heures... Je mangerai sûrement plus tard ! Ma tenue était sur le présentoir, j'étais en chemisette, lovée comme un chat sur la courtine. La curiosité me poussa à fouiller les tiroirs de mes commodes. Je tombai soudainement sur :

A. Plusieurs lettres décachetées lacées sous un faux fond que je soulevai inconsciemment.

B. Une mini dague ornementée, à la lame aiguisée protégée dans un fourreau de cuir doux.

C. Une bague à chaton émeraude, trop grosse pour être passée à mon annulaire, plutôt à mon pouce.

D. Un petit livre aux étranges dessins, fermé d'une cordelette, dont le titre était "Magie des sables".

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