155 - fumigation

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Vendredi 2 Octobre 2116. À chaque fois que Adé m’envoie en mission, c’est de plus en plus existentiel. Ça suffit. J’en peux plus. C’est la dernière. Adé me met une fois de plus en face de mes certitudes qui s’écroulent. C’est usant. Paloma est magnifique à qui sait bien regarder. En plus elle est dans l’esprit de Bri. La gloire de l’échec. Mais pas avec son fils. On joue, on fait les devoirs, on mange et on le met au lit. Et puis elle me soupçonne :

  • You had kids, too.
  • Une classe entière, au Village, j’étais institutrice.

Elle sort sous le porche et tire un tige d’un pot de fleurs avant de s’affaler, elle m’invite à approcher, je me pose à côté d’elle. Elle allume sa tige, tire une bouffée et me la passe. Pendant que je goûte, elle remonte une guitare cachée derrière elle et commence à jouer doucement et à chanter. Je suis envoûtée. Les rues s’éteignent. C’est le couvre-feu de quartier. Paloma s’arrête de chanter et de jouer. On regarde les étoiles, en silence et on se blottit sous une couverture l’une contre l’autre. Je ferme les yeux et je m’endort. On est réveillées par un drone qui passe, on se réfugie à l’intérieur.

  • C’est bizarre, couvre-feu, drone, c’est la guerre ?
  • Non c’est un exercice contre une invasion par l’océan, par l’Ouest. Ils sont pas encore au point. C’est tous les vendredis soirs, avant le week-end. On peut plus sortir. Tu dois dormir ici. Viens, on va se laver et je vais te trouver une chemise de nuit.

Et nous voilà en train de nous pouponner. Je la coiffe pendant qu’elle se lave les dents. On rit. On se frôle. Mon cœur bat plus vite, je respire plus fort, je suis drôlement excitée, j’ai envie de l’embrasser dans le cou et de la caresser mais je me retiens. Je la regarde dans le miroir et elle comprend mon état. Elle recrache, se rince la bouche et se retourne.

  • Ça va Isa ? C’est la tige. Elle était au Philtre. Je suis pas très jolie alors, je m’aide. Comment tu te sens ?
  • Amoureuse. Mais j’ai été nourrie à ça, dans le ventre de ma mère et à l’allaitement aussi. Mais celle-ci a l’air différente.
  • Je suis… différente.

Qui craquera en premier ? C’est très intense. Je ne vais pas pouvoir résister longtemps. Nos fronts se touchent. Nos bouches se caressent. Je respire son air. Elle respire le mien. Mon ventre contre le sien. Sa poitrine pointe. Mes mains sur ses fesses. On s’enlace, on se serre, fort. Elle est si douce. Elle sent si bon. Je me sens si bien. Je veux rester dans ses bras pour toujours.

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