Mardi 9 Juin 2116. Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire pour elle aujourd’hui ? C’est le jour de la B4. Il faut un truc moderne, d’espoir.

• Bri, on est invitées par un autre couple à dîner, des gens importants, fais-toi belle, ça se passe à Sylvania.

Mais quand on arrive sur le quai du Jourdain :

• Maëlle, je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Hilde et moi, on ne s’entend pas très bien. Elle trouve que je suis trop proche de son père.
• Plus maintenant, je lui ai dit que tu m’as convaincue de le libérer.

Nous voilà donc à table, en famille en quelque sorte. Adé est resplendissante. Elle a l’air tellement heureuse. Comme Bri, on dirait. Nous sommes quatre légendes à communier ensemble et à trinquer à la B4. Au loin, la Cathédrale Sainte-Claire commence à prendre forme. On laisse les demi-sœurs se retrouver, Adé m’invite à nous isoler pour partager une tige, pour nous détendre et éteindre l’Invisible.

• Maëlle, tu as l’air plus sereine, plus douce et Brigitte rayonne, elle te regarde avec tellement d’amour aussi. Tu t’es bien débrouillée, miss catastrophe.
• Mouais, je ne sais pas si ça va durer avec mon truc dans le ventre.
• Encore une histoire de clone ?
• Apparemment, avec ou sans antenne, on ne meurt jamais vraiment. Big sera toujours là, à travers Hilde et votre descendance.
• Nos enfants ne nous appartiennent pas. Là, tout va bien, on est toutes enceintes mais un jour tout s’arrêtera quand l’équilibre sera atteint. On est juste au tout début de notre civilisation, le chemin va être long. C’est pas très clair ce que je dis ?
• Non, tu es plus Phoebe que Adé maintenant.
• Oui, ça fait du bien de se détendre mais demain c’est reparti pour trois jours.
• Ouais, on peut toujours démissionner.

Et on se met à rire de notre esprit B4. Elle inspire de la fumée bleue et me fait signe d’approcher. Elle jette un coup d’œil pour voir si on est seules et me met la main sur l’épaule, sa bouche approche, j’ouvre la mienne et elle me souffle dedans. Je ferme les yeux et j’inspire l’air de Phoebe. Quand je les rouvre, elle rit. Je la garde un peu en moi, je m’en imprègne et je… tousse. On est sœur de soupir maintenant. Après cette cérémonie d’acceptation, elle me souffle à l’oreille : « Bienvenue chez les grandes ».