La beauté

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La beauté ici présente n’est nullement isolée, elle joue en écho avec toutes les autres beautés du monde. Ce qui lui confère son caractère d’universalité. L’arbre d’ici appelle la lointaine et haute canopée, les fûts immenses de ses arbres, la meute d’oiseaux multicolores qui en sillonne la marée toujours renouvelée. Ciel d’ici (Le ciel vogue haut, bien plus haut que la joie ou le souci des hommes, à des altitudes que ne peuvent atteindre que les Idées, les machines terrestres en seraient bien incapables), ciel d’ici donc jouant avec tous les ciels de haute destinée, ceux du majestueux Altiplano, ceux des pics aux neiges éternelles du Kilimandjaro, des temples incas du Machu Picchu, des pitons rocheux du Massif du Gheralta éthiopien qui dominent la plaine parsemée des touffes vert sombre des acacias, ceux des hauts plateaux d’Arménie que surplombe le Mont Ararat couronné de neige, ceux des étendues libres de la steppe hazakhe avec son tapis d’herbe jaune, ses collines érodées par le vent. Eau d’ici et ses reflets jouant avec les infinités de reflets des eaux turquoise du Lac Baïkal contrastant avec les roches brunes du cap Bourkhan, jouant avec les falaises du plateau d'Oust-Ourt au bord du Lac d’Aral, jouant encore avec les berges gelées du Grand Lac de l’Ours au Canada, avec les motifs pourpre de ses maisons de bois. Le jeu est infini qui part d’ici, vogue au loin, puis retourne au lieu de son essor.

   Ce microcosme ici présent appelle un macrocosme absent mais, pour autant, ne l’ignore pas. En réalité l’un est la condition de l’autre. Le monde entier est un terrain de jeu dont l’homme ne prend possession qu’à la mesure physique qui est la sienne, une goutte d’eau égarée dans le vaste Océan. Mais il n’est nullement besoin de sillonner tous les ciels du monde, d’arpenter toutes les terres, d’inventorier tous les arbres de la planète. Nous avons, près de chez nous, toujours, un univers en miniature, une manière de castelet dont nous animons les marionnettes qui y figurent, avec ses personnages bariolés, ses figurines de carton-pâte. Nous regardons le spectacle et, déjà, nous sommes loin, dans quelque contrée mystérieuse où souffle le vent flexible de l’imaginaire. Nous ne sommes plus aux Tuileries devant Guignol ou bien Gnafron. Nous sommes au loin de nous et dérivons au milieu des traces fulgurantes des comètes. Nous observons une carte de géographie. Nous y suivons, par la pensée, ses routes et ses fleuves, le réseau dense des voies ferrées, nous nous enfonçons dans les canyons emplis d’ombre, volons au-dessus des chapeaux de fées tachés de sanguine, au-dessus des plaines d’herbe qui oscillent sous la force du vent, au-dessus du Mont Gang Rinpoché,  à 6 638 mètres d'altitude et longeons  la grande chaîne du  Transhimalaya.

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