Ce séjour

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   Et pourtant ce séjour existait depuis toujours mais on n’en savait rien, mais on voulait ignorer le simple, le minuscule, le discret. Il en est ainsi de tout éclat qui ne parvient à son être qu’à se dissimuler longuement. Fatigue immense des agoras profanes où cascade la meute des curieux et des pressés ! Il faut le retrait. Il faut l’oubli. Il faut la méditation que ne peut recevoir que le bouquet d’arbres, sa palette automnale si riche, le bouton d’or qui vire au beige, le sable, assourdi d’une teinte crépusculaire, le paille qui éclate et flamboie aux premiers rayons du soleil. Il faut être saison soi-même, en sentir le frémissement au creux des mains, en éprouver la souple texture contre la soie de la peau, en deviner les sourdes exhalaisons partout où naît la mesure d’une surprise. Sur le tissu cuivré des feuilles, à la surface du miroir de l’eau, dans ces deux motifs ovales qui en dessinent la figure, sur le liseré d’herbe verte qui encercle l’eau et lui donne son logis.

   Jamais on n’en finirait de nommer la belle parure de ce temps qui décline, les allées du Jardin du Luxembourg, les statues poudrées de rosée dans le matin qui fraîchit, les vignes se vêtant de soufre et de sanguine, les grappes de raisin que gonfle un suc inquiet, le revers luisant des champs labourés, leurs mottes brillant tel un métal, la terre qui reçoit l’or de la semence, le fin brouillard qui envahit les vallons, la tresse de fumée qui s’élève des fermes, le halo blanc qui coule des lèvres aux premiers froids. Bien sûr, la nostalgie est toujours attachée à l’évocation de ces tableaux qui résonnent à la manière d’un hymne pastoral. Mais c’est ainsi, malgré le progrès des Sciences et des Arts, une constante existe en filigrane dans la psyché qui trace l’empreinte de l’aventure humaine. Nul ne peut ignorer la voix de la Nature, surtout lorsqu’elle se fait nébuleuse, empreinte d’une belle gravité, voilée comme la parole d’une femme amoureuse dans le demi-jour d’un boudoir.

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