Pages sublimes
Combien de pages sublimes ont été écrites sur cette merveilleuse saison d’automne, laquelle semble propice à tous les enchantements. La nature y est si belle, si profuse dans ses formes et ses couleurs, tellement ressourcée à son propre chant intérieur. Citer quelques vers de François Coppée et tout est dit de cette prodigieuse corne d’abondance :
« C’est l’heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain ;
A travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.
*
Une blonde lumière arrose
La nature, et dans l’air tout rose
On croirait qu’il neige de l’or.
*
Tout, ici, est exprimé qui dit l’exception de ce temps qui n’a pour durée que l’instant. Bientôt le soleil déclinera, se voilant de blanc, la brume se fera plus insistante, la lumière inclinera vers des teintes de plomb et de cendre, bientôt seront les flocons qui remplaceront la « neige d’or » automnale. A une expansion, à une explosion de la nature, succèdera le frimas hivernal, porte ouverte aux regrets, champ livré à la mélancolie, prières intimes afin que renaisse ce par quoi nous existons, à savoir l’aspiration à la clarté zénithale, cette fille du Ciel, alors que le nadir s’endeuille de la présence d’une Terre aux sillons profonds, cette métaphore des abysses. C’est un peu comme un Amant quittant son Amante sur un quai de gare. Bientôt ne demeureront que le feu rouge du convoi et une entaille à l’âme dont il faudra faire son quotidien.
Annotations
Versions