Chapitre 1.1 - Un grain de sable

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Un homme lit un livre sur son canapé, allongé nonchalamment. Il revient d'une journée de travail et se repose en attendant que le temps passe doucement. En attendant un peu plus de motivation pour faire quoique ce soit. Après quelques temps, il ferme son livre et allume la télévision sur une chaîne d'information.

Dans les news, une ville proche semble souffrir d'une quarantaine et peu de choses filtres. L'armée a été appelée pour résoudre cette situation. Bien qu'un peu inquiet, l'homme se dit que cela fait plusieurs jours que cela dure. A y réfléchir, il pense que cela fait presque une semaine.

« L'armée devrait déjà avoir réglé le problème !» dit-il à la télé.

Le gouvernement avait fait boucler toute une ville, mais personne ne s'inquiétait vraiment. Des raisons claires avaient été évoquées. Une pandémie provoquée par un incident chimique. Pour éviter la propagation et soigner tout le monde un couvre-feu et un blocus avait été opérés. Le réseau électrique avait apparemment lâché dans la ville et donc plus de communication.

Les médias diffusaient des reportages en continue et les militaires semblaient maîtriser cette pandémie. On montrait des images de familles se faisant auscultées par des médecins, on montrait des salles remplies de gens dans l'attente.

L'homme mit en veille la télévision et se leva pour aller chercher d'autres informations sur internet. Après avoir regardé précipitamment ses e-mails, il tapa « pandémie quarantaine » dans la barre de recherche. Une foule de gros titres émanent autant des médias que de particuliers. Rien de sensationnel. Soit on spéculait sur les causes possibles de la pandémie, soit on critiquait le rôle de l'armée et une intervention musclée. Pourtant les gens s'accordaient à dire que les infectés étaient bien traités. Malgré des conditions rudimentaires, les médias se félicitaient de l'arrivée de dons et de soutien pour les malades. On parlait d'une catastrophe bactériologique, mais les médias n'annonçaient aucun mort. Après quelques pages de lecture, l'homme ne voyait qu'une pandémie bien soigner et un élan de générosité populaire. On diffusait les mêmes interviews de spécialistes et de médecins qui se voulaient rassurant sur l'état des patients.

L'homme devant son ordinateur semblait se rassurer de tous ces discours bienveillants. Des internautes commentaient ça et là que c'était un complot, que le gouvernement faisait des choses dans le dos de tout le monde, que tout cela n'était pas très nette. En réponse, d'autres internautes venaient leur dire, que la procédure était normale dans cette situation critique. Au final, rien ne changeait. Comme habituellement les discussions en continue avait tué l'information première.

L'homme se dirigea vers un site pour y retrouver quelques informations habituelles sur ses amis et ses connaissances. Rien de nouveau, peu de personnes étaient rentrées du boulot.

Un collègue avait affiché « ça arrive ! » en guise d'information personnel. L'homme esquissa un sourire. Depuis le début de la pandémie son collègue ne marquait que des messages faussement apocalyptiques. Le jour d'avant c'était « Les aliens débarquent ! ». Ce genre de blague répétitive était devenue à force assez amusante. L'homme lança à son écran « quel con ! Il a que ça à foutre. ». Il sortit son portable pour envoyer un message au rigolard. Le SMS était le suivant : Alors t'as que ça à faire après le boulot. Des blagues de merde. Dire qu'aujourd'hui tu te plaignais de finir trop tard ! Demain on va te faire bosser mon gars !

Une timide vibration accusa de la bonne réception. L'homme attendit. Pas de réponse. L'homme pensa que son collègue devait faire sa sieste de fin d'après-midi. Chose dont le fameux collègue targuait les vertus bienfaitrices.

Après quelques minutes de divagations, l'homme se dit qu'il faiblissait et décida d'aller se poser un temps sur son lit. Il s'installa confortablement. Il ferma les yeux. Il sentit le bruit sourd de quatre petites pattes qui approchait doucement. Il fouilla avec sa main dans le vide pour saisir l'intrus. La petite masse s'arrêta pour sentir les doigts de la main qui approchait. La main se posa plutôt lourdement sur l'animal, qui tendit son dos. La petite bête miaula timidement et se rapprocha de son maître. Le félin tourna sur lui-même et se posa sur l'homme étendu là. Une bref caresse salua l'animal qui répondit en ronronnant. Tous deux s'assoupir.

L'homme se réveilla. Se frotta les yeux. Il se releva et constata que le chat avait disparu. Il se tira mollement hors du lit. Après quelques pas dans le salon, il se mit à chercher l'animal. Plus par ennuie que par inquiétude. L'homme fouilla les pièces. Il ne trouvait décidément plus la petite bête. Il l'appela. Il regarda sous le lit. Rien. Après quelques secondes de réflexion, il regarda sous le canapé. Blottit dans l'ombre, un miaulement craintif signala la présence du félin.

« Oh bin t'es là ! Je te cherchais ! Viens ! ... Viens ! Allez allez, viens ! »

L'animal répondit par un long miaulement rauque et plaintif. Le chat fixa d'un air inquiet son maître. Tasser sous le canapé, la bête avait les oreilles baissées et la tête rentrée dans les épaules. Le maître ne sembla comprendre ce comportement et incita le félin à sortir. Au bout de plusieurs minutes à rester tête contre le sol, l'homme se résolu à laisser son chat dans cette posture.

Le maître venant de capituler, décida de passer à une autre activité. N'avait-il pas mérité un petit café ? Se dirigeant vers la cafetière à dosette, l'homme en engagea une dans l'appareil et le fit démarrer. Les premières gouttes tombèrent dans la petite tasse. L'homme mit la main autour de sa nuque, décrivant des cercles légers avec sa tête. La tasse continua de se remplir.

Un bruit sourd et puissant se rependit soudain. Les murs et les fenêtres tremblèrent sous le choc de l'onde. Tout bougea dans l'appartement pendant une seconde. Instinctivement l'homme chercha le bruit. Il venait de dehors. Se précipitant, il ouvrit la fenêtre. Il scruta le haut, le bas de la rue, le ciel, puis encore en haut et en bas de la rue. Une angoisse primaire montait en lui. Il chercha désespérément l'origine de ce bruit. Il pensa à une déflagration, une explosion. Il ne vit aucun signe. Il resta là. Il huma l'air cherchant une odeur. Rien. La ville était calme. Personne. Pas une seule sirène. Aucun passant à qui demander quoique ce soit. Ses mains crispées relâchèrent doucement le cadre de la fenêtre. L'impression de danger imminent s’apaisait. L'homme cherchait toujours l'explication de ce bruit. Peut-être un avion militaire passant le mur du son. Cela lui semblait pourtant si proche. Le ciel était bleu et seuls quelques clairs nuages ternissaient ce bleu parfait.

Rien ne se passa.

Perdu dans ses pensées, l'homme referma lentement les deux battants de la fenêtre. Il tourna faiblement la poignée. Il eut un couinement de joint. L'homme jeta encore quelques regards par la vitre.

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