Chapitre 10 : Accueil glacial

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— Qu’est-ce que tu fais ici ? Je te trouve gonflée d’oser te présenter maintenant.

Marie cachait, derrière ces signes d’agacement, une préoccupation plus importante. Cependant, le temps n’était pas venu, pour elle, de dévoiler ses inquiétudes à celle qui avait trahi (1).

— C’est Hector qui m’a demandé de venir ici le plus vite possible. Son pote est avec la petite. Apparemment, ton fils peut s’en sortir tout seul, si besoin. Et lui, il est resté avec Angélique. Pour la mission prévue ici, il n’y a plus que moi. Tu vas devoir faire avec. Vous devrez tous faire avec.

— Il faudra que je lui dise deux mots, quand je le verrai. S’il te fait confiance, OK, reste là. Pour le moment, Roger prépare le terrain, tu peux aller le rejoindre. Luc est parti chercher sa famille et on l’attend, il devrait arriver dans l’heure.

Dès que Nathalie eut tourné les talons, Marie prit son téléphone portable et lui fit composer un numéro enregistré en mémoire.

— Marie ? Tout va bien ? demanda Hector, visiblement surpris par cet appel.

— Ça va, mais il faudra qu’on ait une discussion un peu désagréable, tous les deux. Pourquoi tu nous as envoyé Nathalie ? Tu avais peur qu’on s’ennuie, ici, sans un peu de piquant ?

— Je n’avais pas le choix, et elle est tout à fait capable de vous protéger, Luc, sa famille, toi, Roger.

— Et toi ?

— Je reste auprès d’Angélique, je lui dois bien ça. C’est une cible potentielle, pour Alban. Et étant donné ce qu’il lui a fait subir, au nom de sa vengeance sur moi, je me sens un peu responsable de sa sécurité.

— Tu pourrais l’amener ici…

— Bien sûr, et rassembler toutes les cibles potentielles au même endroit… Je pense que le mieux est de les séparer. C’est plus sûr.

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Roger avait un sens de la stratégie à grande échelle qui l’avait souvent servi dans son activité privée de sécurisation des biens comme des personnes. S’il avait montré de la réticence à la vue de Nathalie venue assurer la sécurité sur le site du centre, il avait finalement consenti à lui expliquer le dispositif défensif mis en place depuis la rénovation, la mettant tout de même en garde contre une nouvelle tentative d’attaque.

— Je t’accepte dans le dispositif parce qu’Hector te fait confiance et parce que je sais que tu vas te livrer quand tout ça sera derrière nous. Mais si tu essaies encore le moindre truc contre nous, je te tue moi-même.

— Ça me semble correct, répondit Nathalie. On continue ?

Sur le toit du centre de contrôle, de petites antennes paraboliques formaient une grappe multidirectionnelle, surveillant l’espace aérien de proximité. De la taupinière sortait un bossage ajouré de meurtrières par lesquelles des canons pouvaient projeter des lasers suffisamment puissants pour percer les cockpits d’aéronefs ennemis. Autour de la maison de vie, ainsi que de la salle de sport, des fossés dignes des lignes de défense de la colline d’Alésia avaient été creusés, de façon à prévenir toute forme d’attaque terrestre.

— Pas mal, apparemment, le site est sécurisé, commenta Nathalie, un vrai château fort. Mais, sinon, qu’est-ce que tu as prévu, pour la protection des gens ?

— Qu’est-ce que tu veux de plus ? s’agaça Roger. Si personne ne peut entrer sur le site, d’après toi, qui n’est pas en sécurité à l’intérieur ?

— À mon avis, reprit l’experte, il faudrait prévoir de rassembler les cibles dans la taupinière, comme dans un bunker.

— T’as raison, en plus c’est super confortable pour un môme de quatre ans et une femme enceinte…

— Écoute, reprit, décidée, Nathalie, c’est Hector qui m’a confié cette mission, et je n’ai pas l’intention de la foirer. Alors, tu fais ce que je te dis, sans discuter. Ton plan, il est sûrement très bien si tout se déroule comme prévu, mais il y a fort à parier, avec l’autre énergumène, qu’on aura droit à des surprises. Donc, on aménage la taupinière pour l’accueil sécurisé de la famille de Luc.

— Tu aurais peut-être dû t’en soucier avant, de la famille de Luc, s’énerva Roger.

— On pourra toujours en discuter plus tard, pour l’instant, je mène la danse, et tu suis, conclut Nathalie.

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(1) Voir Épisode II : L’Acharnement des Oracles

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