Chapitre 8 : Faire connaissance

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— T’as dit que tu étais divorcé ? demanda Joanie à Fred en regardant la photo de deux enfants posée sur une étagère, dans le salon.

— Oui, c’était… il y a longtemps.

— Et ça, c’est tes enfants ? Ils sont où, là ?

— Oui, Maureen et Paul. Ils sont loin d’ici, reprit Fred qui avait visiblement les pensées occupées par un autre sujet.

— J’aimerais bien les rencontrer… Après tout, c’est mon frère et ma sœur (1)…

— Je t’emmènerai, quand tout sera fini. En attendant, prépare-toi, on va à la salle.

— J’ai vu que t’avais des CD de Rickie Lee Jones… T’es fan ?

— J’aime bien, ça me repose de l’écouter.

— C’est marrant, ma mère, elle l’aimait bien, aussi.

— Je sais…

— Comment tu peux le savoir, si tu ne la connaissais pas…

— C’est Hector, une fois, il est venu chez moi, il m’a piqué toutes mes cassettes.

— Tes cassettes ?

— Ben oui, les CD, ça n’existait pas encore, à l’époque… Bref, il m’a dit qu’il venait de recevoir une lettre d’Hélène, qui lui conseillait d’écouter cette artiste. Comme il ne connaissait pas, il m’a demandé. On y va ?

Le vieux véhicule utilitaire à la carrosserie rouge délavée par le temps s’immobilisa dans une ruelle qui avait l’habitude de n’être que très peu fréquentée. Une double porte en bois, dont un entretien régulier masquait l’âge avancé, était surmontée d’une enseigne métallique pendue par deux chaînettes à une tige en acier qui dépassait d’une cinquantaine de centimètres du mur. Sur l’enseigne, une lithographie du champion Rocky Marciano confirmait à qui poussait la porte qu’on ne pouvait s’être trompé d’adresse. Après avoir déverrouillé le cadenas, Fred poussa la porte et invita la jeune fille à entrer, puis lui emboîta le pas.

À la fin d’une intense séance de kick-boxing, Fred apporta à Joanie un encombrant cabas en matière plastique décoré aux couleurs de héros d’une bande dessinée humoristique contant les aventures extraordinaires des habitants d’un petit village d’Armorique aux prises avec les envahissantes armées de Jules César.

— Tiens, dit-il à Joanie, j’ai trouvé que quelques améliorations de ton équipement ne seraient pas de trop, sait-on jamais. Ça évitera d’obliger la Nathalie à te sauver la vie, la prochaine fois que tu te jetteras dans le vide.

Joanie afficha un sourire jusqu’aux oreilles devant ce cadeau et se précipita sur Fred.

— Non ! Je t’ai déjà dit ! Pas de bisous, pas de câlins !

— Ben si ! Là, t’as pas le choix ! Tu me fais des cadeaux, en plus, il paraît que t’es mon père, non ? Alors, c’est ta punition, bisous et câlin !

Fred, bien qu’embarrassé par ces effusions, laissa la jeune fille se pendre à son cou et le serrer dans ses bras. L’étreinte ne dura que quelques secondes, et fut interrompue par la sonnerie stridente de la cabine téléphonique vintage accrochée au mur du fond de la salle de sport. Fred se délivra de l’embrassade pour aller décrocher, provoquant un pincement de lèvre et un grognement d’une seconde sur le visage de Joanie, qui retrouva le sourire aussitôt qu’elle découvrit sa nouvelle armure.

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(1) Voir Épisode IV : Traumatismes

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