Chapitre 11. Et, je fais quoi maintenant ?

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Il sortit de l’hôpital, tel un automate, se dirigeant, les bras chargés, vers sa voiture. Il installa du mieux qu’il put le couffin sur le siège avant, l’entourant de la ceinture de sécurité, puis, il s’assit sur le siège conducteur.

De là, il vit le visage de Madeleine qui le fixait… Il lui lança, sur une voix qu’il voulut douce,

— T’en dis quoi toi ? Tu ne peux rien me dire sur ta mère ? Qui est-ce ? Comment a-t-elle eu accès à mon sperme ? Hein, dis-moi !

Il chipota un peu son rétroviseur et mis sa ceinture avant de démarrer, tout en continuant à s’adresser au nourrisson.

— Et puis, qu’est-ce que je vais faire avec toi ? T’en as une idée ? Je bosse, moi, je ne connais pas de baby-sitter, et puis ça me coûtera les yeux de la tête tout ça !

Une fois garé en face de chez lui, il entreprit d’embarquer le couffin et la valisette de Madeleine. Arrivé à son pallier, 3ème sans ascenseur, il maudit la situation…

— Ce n’est pas réel, c’est un cauchemar, ce n’est pas possible, je vais me réveiller, ce n’est pas possible !

Il déposa le couffin par terre dans l’entrée, Madeleine commença à s’agiter et à gémir

— Qu’est-ce qu’il y a maintenant ? Oui, enfin, j’imagine, que tu dois avoir faim… Eh bien, tu vas attendre quelques minutes, que je regarde ce qu’on a prévu pour ça dans ta valise, ma petite.

Il commença par faire l’inventaire de la valisette et suivi les consignes de dosage que l’équipe de sage-femme avait laissé dans le lot.

En se rendant dans la cuisine afin de réchauffer le biberon au four micro-onde, Louis parla tout haut

— Et je vais te mettre où petit bébé ? Je n’ai pas de lit pour toi… Tu vas rester dans ce couffin ? Dans le salon ? Dans ma chambre ? Tu n’étais pas prévue au programme, Mademoiselle ! Et puis quel prénom quoi ! Madeleine, pourquoi pas Gertrude aussi… Enfin, t’y peut rien, mais quand même !

Bip-bip-bip, le four micro-onde interrompit son monologue.

— Allez, c’est prêt, tu vas pouvoir manger.

Laissant le biberon sur la table de salon, près de son fauteuil préféré, il se dirigea vers l’endroit où il avait laissé l’enfant.

Face au couffin, il se figea… Oui, il allait devoir la prendre dans ses bras, cela allait devenir « réel » … Il hésita, s’attardant à la dévisager sans la toucher.

Au bout d’un moment, Madeleine commença à pleurer de plus en plus fort, Louis se réveilla de sa torpeur et fini par la prendre dans ses bras.

— Viens là toi, tu dois mourir de faim, je suis désolé, j’ai du mal à comprendre ce qu’il m’arrive mais t’inquiète, tu vas manger puis je te changerais tiens, il y a des couches prévues dans ta valise.

Il s’assit dans le fauteuil, se calla bien et commença à la nourrir. C’était bien ce qu’elle attendait, elle téta avec énergie, il dut même la freiner un petit peu, sinon, elle était partie pour engloutir le contenu du biberon en un coup.

— Eh bien, c’est un bon appétit ça !

Madeleine le regarda tout en tétant, avec une main plaquée sur le biberon. En rigolant, il lui souffla,

— T’inquiète, je ne te l’enlèverais pas avant que tu ne l’aies terminé, cocotte.

Cela le détendit un rien. Il soupira et brossa le salon du regard. Cette situation était vraiment surréaliste, il avait rêvé de ce genre de scène, mais avec Ambre, avec un bébé qu’il aurait désiré, dont il aurait suivi la croissance in utéro, avec qui il aurait communiqué avant la naissance en tentant quelques trucs d’haptonomie comme il en avait déjà lu dans différents bouquins.

Mais non, ce n’était pas cela, il se retrouvait « père célibataire », sans avoir rien connu de la grossesse de celle qui avait porté l’enfant… Et puis là, ce bébé qui déboule dans sa vie sans prévenir, qui s’impose par un test ADN… Un espoir de mauvaise blague qui vire à une situation kafkaïenne ! Mais comment sa semence avait-elle pu rencontrer l’ovule et l’utérus de cette femme ? Cette illustre inconnue.

Après avoir recouché Madeleine dans son couffin, il prit le téléphone et composa le numéro de sa sœur et attendit qu'elle réponde. Hélas, ce fut le répondeur qui lui annonça que toute la petite famille était absente. Il fut saisi par le signal du répondeur l'invitant à laisser un message :

— Euh, oui, Capucine, pourrais-tu me rappeler dès que tu auras ce message, je... Eh bien, euh... Je dois t'annoncer quelque chose, tu es tata. Voilà, bon ben, rappelle-moi.

Il raccrocha et décréta,

— Me voilà bien avancé. J'espère qu'ils ne sont pas partis pour le week-end !

Il se décida alors à consulter les papiers concernant Madeleine, peut être trouvera-t-il quelques informations concernant celle qui avait porté Madeleine...

Nom, ville, date de naissance de la mère peu d'autres informations... Il faudra chercher !

Le temps passa et Louis s'inquiéta de l'aspect pratique de la venue de Madeleine dans son appartement... Il n'avait rien de prévu pour accueillir un nouveau-né chez lui.

Il se décida alors à contacter Sophie. Elle lui avait bien dit qu'il ne devait pas hésiter à l’interpeller à propos du résultat pour madeleine. Mais bon, il n'avait pas trop envie de la mêler à ça, cependant, elle était bien la seule dans son entourage proche à avoir des enfants encore relativement en bas âge... Elle aurait peut-être encore une vieille planche à langer ?

Il composa le numéro et ce fut l'époux de Sophie qui répondit ;

— Ah mais salut Louis, ça fait longtemps ! Dis, Sophie m'a dit pour le test ADN de cet après-midi... C'est louche cette histoire, non ? Et quoi, tu as le résultat ?"

Louis soupira intérieurement, Sophie n'avait visiblement aucun secret pour son époux...

— Oui, j'ai le résultat, c'est pour cela que je voulais avoir Sophie...

Il entendit Sophie qui parlait en arrière-fond, demandant à son époux de lui passer le téléphone et de la relayer auprès du petit dernier au lieu de faire causette. Louis l'entendit arriver et procéder à l'échange avant qu'elle ne prenne le cornet.

— Et ses cheveux ne sont pas encore rincés, son pyjama est prêt, c'est le marron... Non, de l'autre côté... Oui, Louis, je suis à toi, alors c'était comment ?

Elle se tut pour le laisser parler, mais elle n'entendit pas grand-chose de l'autre côté.

— Louis ? Tu es toujours là ?

Elle entendit qu'il le racla la gorge, comme s'il était enrhumé et n'arrivait pas à sortir le moindre son. Sentant bien que quelque chose n'allait pas chez Louis, elle lui proposa,

— Louis, est-ce que tu veux que je vienne chez toi ? Je crois que cela sera plus simple que par téléphone, non ?

Louis lui répondit d'une petite voix.

— Oui, ce sera mieux, je t'attends.

Il n'avait pas réussi à parler au téléphone, il avait une grosse boule dans la gorge et plus rien ne pouvait sortir... Cette situation était impossible à mettre en mot. Il regarda le combiné téléphonique les yeux chargés de larmes puis s'en détourna.

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