Chapitre 6. La toile que tisse Ambre

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Tout émoustillé par cette femme qui, non-contente de lui faire des avances, prenait aussi le temps de s’intéresser à lui, à ses projets de vie, à ses envies… Le pauvre, ne pouvait s’imaginer ce qu’elle pensait réellement de lui lorsqu’elle lui répondait :

Oh misères, il veut trois enfants

— mais oui, c’est idéal, trois, c’est le minimum pour une famille nombreuse,

Non mais tu crois vraiment que je vais bousiller mon corps de rêve, obtenu à raison de sept heures de fitness par semaine pour te pondre des bébés ?

— L’expérience de la grossesse doit vraiment être quelque chose de fabuleux, c’est vrai, sentir un petit être qui grandit en soi ! Oui, et comme tu le dis, le futur papa participe en massant le ventre avec de l’huile, pour diminuer les vergetures,

Mais ce gars est ignoble, il veut vraiment me réduire à un état de poule pondeuse… Avec un ventre plein de vergetures… Beurk !

— C’est un beau projet en tous les cas, encore faut-il que Dame Nature donne l’occasion de concevoir.

Tout ce qui l’intéressait, elle, était de montrer combien elle se rapprochait de lui, combien son langage corporel montrait son désir pour lui… En espérant que le sien réponde dans le même sens.

Et cela fonctionna, même si Ambre ne pensait pas une goutte de ce qu’elle répondait à Louis pour le mettre en confiance, elle « joua le jeu » de se faire passer pour une fille dont l’une des ambitions principales serait d’être mère d’une famille nombreuse avec un époux fidèle et attentionné qui promettait déjà de l’aider en changeant les couches et de se lever la nuit lorsque crieraient leurs futurs enfants après avoir fait un cauchemar.

Cette vie serait un véritable cauchemar pour moi, mais quelle horreur !

— Il est un fait, Louis, qu’il serait très intéressant que tu sois un papa poule étant donné qu’avec mon boulot, je serais parfois obligée de partir en voyage d’affaires, hélas… Mais je pourrais partir en toute confiance, cela me rassure.

Superbe, il mord à l’hameçon ! C’est dingue comme cela fonctionne que de dire oui à quasi tous ses horribles projets de vie, mais quelle monotonie ! Il ne manquerait plus qu’il me parle de la tonte du gazon qu’il ferait le dimanche matin avant de préparer un barbecue en famille, avec comme apéro la grenadine préparée pour les enfants ou un mousseux bas de gamme pour la fête des mères !

Louis, lui, n’en revenait pas de parler autant, porté qu’il était par l’attention qu’elle lui donnait et surtout par les réponses qu’elle lui fournissait, collant si bien avec les envies qu’il exprimait.

Cette harmonie apparente l’enhardi, et, tout en sentant qu’elle se rapprochait de lui, il l’accueillit d’autant plus ouvertement très près de lui. Oubliant le monde autour de lui, dans la cafeteria, Louis lui prit la main, noua leurs doigts, Ambre ne lui offrit aucune résistante, que du contraire, elle rayonnait… Il l’embrassa et la senti, contre lui, toute émoustillée, tendant tout son corps vers lui et recommençant, comme la veille, à découvrir, en le caressant, tous les centimètres de son corps.

Ambre était effectivement émoustillée, pour elle, c’était le jackpot, elle pensa,

Un bon gros french kiss en pleine cafeteria, mes compères seront vite au courant, ça discute tellement dans ce genre de grosse boite !

Profitant de la sensualité du moment, elle s’enhardit à évaluer les capacités de Louis à lui permettre d’obtenir le ticket first class pour Barcelone sans trop de déception…

Ah oui, une bonne érection bien ferme, et de bonne taille… Mmhh, j’espère juste que ce n’est pas un précoce ; quitte à coucher avec, autant que je passe un bon moment !

Tout d’un coup, Ambre fut ramenée à la réalité de la situation, Louis venait de retenir sa main baladeuse qui tentait d’ouvrir la fermeture éclair de son pantalon. Avec une pointe d’ironie, elle lâcha,

— Tu ne veux pas ?

Il lui rétorqua :

— Ce n’est pas que je ne veux pas, là n’est vraiment pas la question, mais c’est juste que nous sommes dans la cafeteria, qui est pleine à craquer et que beaucoup de gens nous regarde ! Et que je ne suis pas trop exhibitionniste ! Toi, je n’ai pas vraiment l’impression que cela te gêne, mais moi, oui… Je suis quand même au boulot !

Elle exulta, que demander de mieux ? Tout le monde sera au courant, yes ! Elle prit alors un air de petite fille prise la main dans le sac plein de bonbons…

— Oh, excuse-moi ! Je crois que je me suis vraiment laissé aller là ! Je suis confuse, je t’assure ! Je ne suis pas comme cela d’habitude… Je crois que tu me mets tellement en confiance qu’avec toi, je sens super à l’aise,

Elle sourit en le regardant dans les yeux,

— Peut-être même trop à l’aise…

Elle lui déposa un baiser sur les lèvres et fit mine de se ressaisir.

Ils entamèrent quand même leur repas, tout en continuant à discuter des choses qu’ils aimaient dans la vie, en échangeant des regards complices et en se frôlant régulièrement des mains.

Ce moment de satisfaction, tant pour Ambre que pour Louis - mais pour différentes raisons - fut interrompu par un collègue d’Ambre qui se présenta comme étant « Alban » et qui s’excusa de les déranger, mais indiqua qu’Ambre et lui avaient un rendez-vous important dans dix minutes avec la direction médicale de l’hôpital et qu’ils ne pouvaient être en retard… Même s’il voyait bien qu’Ambre aurait probablement préféré rester ici, en bonne compagnie, au lieu de partir pour cette réunion.

Louis, l’orgueil de mâle gonflé à bloc se présenta et « libéra » Ambre afin qu’elle puisse effectuer son travail.

Avant de partir, Ambre-lui dit,

— Louis, je ne sais pas à quelle heure se terminera cette réunion. Je te contacte dès que je peux pour que nous puissions nous revoir, comment dire, dans un lieu plus approprié !

Un clin d’œil en direction de Louis et elle s’éclipsa.

***

Et lui ? À l’heure actuelle, il était persuadé d’avoir fait l’objet d’un pari… Mais pourquoi Ambre était-elle restée avec lui pendant plus d’un an ? Par amour ? Était-elle finalement tombée amoureuse de lui ? Ou lui avait-elle menti et fait croire à cette relation afin de ne pas devoir répondre d’un éventuel pari à ses supérieurs ? Louis se souvint, qu’au tout début de leur relation, elle avait été « entendue » par ses supérieurs par rapport à son collègue ; elle lui avait expliqué, la bouche en cœur et la larme à l’œil, qu’elle trouvait vraiment « dégoutant » le comportement de son collègue, et que ce n’était pas plus mal qu’il soit viré pour faute grave… Mais qu’entre elle et lui, cela n’avait rien à voir, que c’était bien l’amour qui les avait réunis…

Oh oui, qu’est-ce qu’il avait pu boire ses paroles en ce temps-là, tellement heureux de sa situation, tellement amoureux de cette femme qu’il pensait et voulait parfaite !

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