Chapitre 7. L’avis de sa sœur

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Avec le recul, il est vrai que leur mise en ménage avait été rapide et qu’elle partait souvent en voyage d’affaires ou en WE de travail…

De fait, après le lunch à la cafétéria, ils ne s’étaient revus qu’en dehors de l’hôpital, et que régulièrement, ils tombaient « par hasard » sur Alban. Louis mettait cela sur le fait qu’Ambre l’emmenait dans les endroits qu’elle aimait et connaissait, elle. Des bars branchés, des restaurants d’un certain standing… Elle aimait le luxe, lui, moins.

Il ne comprenait pas toujours pourquoi elle trouvait toujours une excuse pour éviter de se retrouver en famille à la campagne, avec sa sœur, son époux et ses nièces. Elle, elle prétextait qu’elle n’avait pas de famille, sauf une sœur qui vivait à Londres et qu’elle n’avait pas l’habitude de ce type de rencontres intimes, préférant l’anonymat relatif des soirées mondaines

Il se souvint des réflexions de sa sœur, après le seul barbecue familial auquel Ambre avait accepté de participer en dix-huit mois de relation.

Ambre avait demandé à rentrer tôt, prétextant devoir terminer un rapport pour le boulot. Le lendemain, Louis avait revu sa sœur, Capucine, en fin d’après-midi, après leurs boulots respectifs, pour prendre un goûter fraternel, comme ils tentaient de le faire au moins une fois par mois.

Capucine était déjà attablée, elle lui avait fait signe de loin, jusqu’à ce qu’il la voie. Il s’était dirigé vers la table et avait pris place, elle prenait toujours un milkshake, seul le goût différait en fonction de son humeur, lui, avait commandé un cheesecake.

— Alors frérot, bien rentré hier ?

— Oui, oui, pas de problème, le barbecue s’est bien terminé après notre départ ?

— Nous sommes restés à profiter du beau temps et du jardin bien 4h après votre départ, vous avez raté le gâteau que les filles avaient préparé spécialement pour Ambre et toi…

— Oh, mince… Je suis désolé, mais Ambre devait absolument terminer ce rapport… Ça m’embête pour les filles, elles n’ont pas été trop tristes ?

— Eh bien, comment dire, oui, elles ont été tristes de ton départ… Pas de celui d’Ambre par contre…

Elle s’était plongée dans la dégustation de son milkshake.

— Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne comprends pas… Explique sœurette.

— Ne le prends pas mal, Louis, mais Estelle et Coraline n’ont pas vraiment apprécié Ambre… Et moi non plus, je dois dire…

Elle avait pris une pause, puis, voyant que Louis attendait ce qu’elle avait à dire, elle avait continué,

— Quand je t’entends parler d’Ambre, je vois une femme, quand je la côtoie, j’en vois une autre… Et j’ai l’impression que toi, tu ne vois que celle que tu as dans la tête…

Louis était resté muet, dégustant son cheesecake, il lui avait adressé un « hum », intimant Capucine à continuer son développement.

— En fait, lors du barbecue, Ambre a été odieuse avec les filles, elle les a remballées comme des malpropres, les filles voulaient lui poser des questions sur sa robe, tu connais les filles, tout ce qui fait « princesse », elles adorent, alors avec la superbe robe de cocktail qu’Ambre portait, elles la voyaient comme une princesse à qui poser plein de questions… Ce qu’elle n’a pas apprécié du tout, exigeant d’elles de ne pas l’approcher, prétextant qu’elles allaient tacher sa robe, qu’elles ne savaient pas se tenir en société, qu’elles avaient les mains sales, etc.

Bougon, Louis lui avait rétorqué,

— Elles ont du mal comprendre, Ambre n’est pas comme ça, elle aime les enfants.

— En es-tu sur ? Personnellement, je n’en ai pas l’impression…

Agacé, il lui avait répondu vivement,

— Mais oui j’en suis sûr, on en parle régulièrement et elle m’a annoncé qu’elle avait arrêté de prendre la pilule depuis un mois… Quelqu’un qui n’aime pas ou qui ne veut pas d’enfant ne ferait pas ça, tu ne penses pas ?

Sceptique, Capucine lui avait rétorqué vivement, elle aussi,

— C’est ce qu’elle te dit… Tu sais, quand Adrien et moi avons été invité chez vous deux pour un « cocktail dînatoire » comme elle aimait à le dire, je ne te l’ai pas dit, mais elle m’a prise à part, soi-disant pour faire « mieux connaissance avec sa belle-sœur », et tout ce dont elle m’a parlé, c’est d’elle, du mal qu’elle se donne pour garder un corps svelte et désirable, ne comprenant pas comment « j’avais pu me laisser aller à avoir deux enfants » au vu des répercussions visibles que cela avait laissé sur mon corps, prétextant avoir vu des photos de moi plus jeune et plus svelte.

Capucine s’était tue, puis avait ajouté, tristement,

— Je me suis sentie jugée et méprisée par cette femme.

Embêté par ce que lui avait avoué sa sœur, il avait tenté d’éclaircir les choses,

— Écoute, je ne comprends pas, elle s’est peut-être mal exprimée… Tu as peut-être mal compris, elle voulait peut-être te donner des conseils pour ta ligne ?

— Ah, tu trouves aussi que porter un enfant c’est moche, ça déforme le corps et ça ne fait que des dégâts ? Tu trouves aussi que je devrais, sans plus attendre, faire une liposuccion du ventre et des cuisses ? Et tu trouves aussi qu’Adrien devrait se faire vasectomiser pour m’éviter une nouvelle grossesse ?

Choqué, il lui avait rétorqué,

— Waouh eh ! Du calme… Elle t’a dit ça, où c’est toi qui le pense ? Attends, je n’ai vraiment pas l’impression d’entendre Ambre parler là !

— Crois-moi ou non, je te rapporte ses paroles, pas mes pensées ! Moi, je suis très contente d’avoir pris du poids et de ne plus être la planche à pain que j’étais avant…

Elle avait précisé, en souriant, tentant de calmer l’atmosphère qui devenait électrique,

— Et Adrien aussi préfère.

Louis n’avait pas capté l’allusion canaille de sa sœur, concentré qu’il était sur la vision, négative, qu’elle avait de sa compagne.

— Mais écoute, pour moi Ambre n’est pas du tout comme tu me la décris, je ne sais pas pourquoi vous la voyez tous comme cela… ?

Ne comprenant plus son frère, Capucine avait tenté de le raisonner, en vain.

— Écoute Louis, je veux bien que l’amour te rende aveugle… Mais quand même ! Purée frérot, à ce tarif-là, j’espère qu’elle est super bonne au lit hein ! J’ai l’impression que cela fait un an que tu ne penses plus que par le gland.

— Oh mais dis, arrête, vous vous êtes donné le mot où quoi ? Damien, Éric, Sarah, Sophie… Mais qu’est-ce que vous avez contre elle ? Tu sais, nous en parlons, Ambre et moi, et je vois que cela l’atteint, elle se replie sur elle ou se plonge dans le travail pour prendre de la distance avec tout cela. Elle n’a jamais connu la vie de famille comme nous l’avons connue, avec les parents soudés et une bonne entente, sa famille à elle est complètement éclatée, personne ne fait attention à l’autre, cela a vraiment l’air terrible lorsqu’elle m’en parle parfois.

— Ce n’est pas une excuse pour être odieuse, Louis.

— Là, c’est toi qui deviens odieuse, tu ne lui laisses pas une chance de te montrer la richesse de son cœur !

Là-dessus, il s’était levé, laissant un billet de 10€ et avait quitté le tea-room sans se retourner, laissant sa sœur seule, ne voyant pas qu’elle avait des larmes qui lui montaient aux yeux en le voyant partir et n’entendant pas ce qu’elle avait murmuré,

— Cette femme va tout casser chez toi, Louis, fait gaffe, ouvre les yeux.

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