Chapitre 37. À la recherche d’Églantine

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Sur place, il fallut trouver l’appartement d’Églantine, ce ne fut pas chose facile, mais ils y arrivèrent. Ce dernier révéla se situer en dehors du centre-ville, dans un immeuble de 24 appartements.

Ils finirent par dénicher son nom dans la série de plaques situées à côté des sonnettes.

Personne ne répondit à leurs coups de sonnette, le peu de voisins croisés ne répondirent pas à leurs questions ou ne semblèrent pas connaître Églantine. Rachel constata,

— C’est bizarre, non ? Personne ne la connait ici, ou n’accepte de dire qu’il la connait.

— Oui, je ne suis pas très à l’aise, elle a peut-être mauvaise réputation, cela ne me dit rien qui vaille. Bon, on ne va pas rester ici toute la matinée, je vais lui laisser un mot, avec l’adresse de notre hôtel, on ne sait jamais.

— D’accord, moi je sors de ce couloir, il fait étouffant ici ! Je t’attends dans le petit parc qui est en face.

Rachel le laissa composer le message qu’il comptait laisser à Églantine et traversa pour s’installer sur un banc du parc qui faisait face à l’immeuble. Elle choisit un banc au soleil, un beau soleil de décembre et du sud, une sensation très agréable qu’elle savoura.

Elle plaça la poussette de Maddy face à elle, pour que Madeleine soit à l’ombre. Elle écouta les babillages de Maddy et échangea avec elle. Centrée sur l’enfant, elle ne se rendit pas compte que quelqu’un l’observait du banc d’à côté. Au bout d’un moment, la vieille dame en question s’approcha d’elle.

Plutôt petite, emmitouflée dans un grand manteau noir qui faisait ressortir ses cheveux blancs et sa peau mate et ridée. Elle avait des yeux couleur miel qui ensoleillaient son visage. Elle interpella Rachel,

— Vous permettez que je m’assoie à coté de vous ? Vous avez l’air d’être une gentille maman.

— Je vous en prie, vous êtes du quartier ?

— Oui, je le suis, mais vous pas…

La vieille dame avait de l’humour dans la voix, Rachel, en confiance, tenta,

— Non, effectivement, nous cherchons une personne, vous la connaissez peut-être, Églantine Dupont ?

Le visage de la vieille dame se renfrogna, la question ne sembla pas lui plaire. Le ton de sa réponse fut plus rude.

— Pourquoi ? Vous lui voulez quoi ?

Un rien désarçonnée, Rachel précisa,

— Juste lui parler, cela semble vous contrarier, je me trompe ?

La vieille dame soupira, mais ne sembla plus si sympathique. Elle haussa le ton lorsqu’elle demanda,

— Oui, cela me contrarie… Vous voulez lui parler de quoi ? D’un contrat ?

Perdue, Rachel voulu en savoir plus,

— Qu’entendez-vous par « parler d’un contrat » ? Je ne comprends pas

— Vous n’avez pas besoin d’elle, vous avez déjà un bébé !

Tentant d’obtenir une réponse claire, Rachel insista,

— Mais qui êtes-vous et de quoi parlez-vous, Madame ? Vous me semblez bien la connaitre… Moi, j’aimerais simplement la rencontrer pour lui poser quelques questions, pas pour lui proposer le moindre contrat

— Et vous, qui êtes-vous ?

Irritée par les questions de la vieille femme tout en se disant d’elle n’avait rien à perdre à tenter le tout pour le tout, elle lança,

— Je vais être franche, qui que vous soyez, je suis la belle-mère de cette enfant qu’Églantine Dupont a mis au monde le 21 avril de cette année à Bruxelles et qui l’a abandonnée en indiquant mon compagnon comme père biologique et légal, voilà qui je suis.

L’interrogation se marqua sur le visage de la vieille femme. Elle conclut alors,

— Il a donc passé commande, lui.

— Mais non, justement, il n’était pas du tout au courant de cette grossesse, il ne connait pas Églantine Dupont, tout ce qu’il a, c’est son nom sur l’acte de naissance de sa fille.

— En êtes-vous sûre ?

La vieille dame plissa les yeux pour montrer son scepticisme. Rachel insista,

— Oui, il ne la connait pas, il a même demandé un test ADN… Qui s’est révélé positif, il ne comprend pas comment Églantine a eu accès à son sperme, ou à un embryon fécondé avec son sperme

Rachel vit alors la vieille dame se tasser et prendre sa tête dans ses mains et en marmonnant tout bas,

— Mais qu’est-ce qu’elle a encore fait.

Avec le plus de diplomatie possible, Rachel tenta,

— Que… Que savez-vous Madame ?

La vieille dame finit par se redresser, toisa Rachel du regard puis se détourna vers Madeleine, en l’observant sous tous les angles.

— Elle l’a bien réussie

Puis, regardant Rachel, elle déclara,

— Et vous êtes une bonne mère, pour ce que j’en ai vu, ça me rassure.

Interloquée, Rachel demanda,

— Rassurée… Par rapport à quoi ? Excusez-moi, mais je ne comprends pas, pourriez-vous m’expliquer ?

— Rassurée que cet enfant ait une mère qui l’aime, un bébé a besoin d’être aimé par une mère, même si ce n’est pas elle qui l’a mis au monde.

— Oui, je suis parfaitement d’accord, mais dans l’affaire qui nous occupe, pourriez-vous m’éclaircir les idées, je crois que je n’ai pas toutes les infos… Et j’ai bien peur de ne pas tout comprendre.

La vieille dame hésita, soupira, puis se décida à parler,

— Je sais qu’Églantine porte des enfants pour les autres, mais il s’agit habituellement de commande, ici, vous me dites que ni vous ni votre compagnon n’étiez au courant, c’est ça ?

— Oui, c’est exactement ça, en savez-vous plus ?

Arrivé à proximité, Louis écouta, mais laissa Rachel interroger la vieille dame. Cette dernière capta sa présence et le détailla du regard. Louis s’introduisit alors dans la conversation en déclarant,

— Bonjour, je suis effectivement le père de cet enfant.

— Églantine m’avait dit que c’était pour un homosexuel cette fois-ci … Mais apparemment vous êtes en couple tous les deux.

Elle se tut, Rachel tenta de la relancer,

— Effectivement, que savez-vous d’autre madame ? S’il vous plait, aidez-nous.

La vieille dame garda le silence et détailla tant Louis que Rachel. Finalement, elle reprit,

— Bon, je dois réfléchir… Je ne peux pas vous parler, là, comme cela, je dois réfléchir.

— Madame, je ne sais pas ce que vous savez, mais si vous pouvez nous aider à comprendre ce qu’Églantine Dupont a fait, nous vous en serions très reconnaissants, vraiment !

Louis intervint,

— Prenez votre temps pour réfléchir madame, mais sachez que nous ne sommes là que pour une semaine seulement.

Il lui tendit l’une des cartes de visites de l’hôtel,

— Voici l’adresse de notre hôtel, j’ai rajouté mon numéro de portable, n’hésitez pas à nous contacter ou à nous donner rendez-vous si vous décidez de nous confier des informations concernant Églantine et ma fille.

La vieille dame pris la carte en regardant Louis dans les yeux,

— Je suis heureuse que cette petite ait un père qui la protège aussi, j’apprécie.

La vieille dame se leva et les quitta rapidement, laissant Louis et Rachel un peu pantois.

— Waouh, je ne sais pas qui elle est, mais elle est intrigante. Je crois qu’elle nous observait depuis notre arrivée dans la rue … j’ai tenté ce que j’ai pu pour lui demander des infos, mais, purée … elle est spéciale, tu ne trouves pas ?

— Spéciale, oui, étrange même… Je suis sûr qu’elle sait beaucoup plus de chose que ce qu’elle a bien voulu en dire.

Le couple retrouva le chemin du Vieux Port en se promenant dans les rues marseillaises. La tête pleine de questions.

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