Chapitre 14. Les questions de Rachel

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Sophie et Rachel s’étaient liées d’amitié depuis la période où Sophie avait été harcelée par Denis ; Rachel avait été témoin des agissements de ce dernier et avait témoigné de ce qu’elle avait vu et entendu en faveur de Sophie.

Elle avait aussi soutenu Sophie après ces incidents, surtout, suite à toutes les horreurs que Denis lui avait déversées après avoir été viré pour faute grave de chez Top 6000.

Il est vrai que Rachel avait été l’une des seules personnes à avoir réagi, dans l’hôpital, face à Denis lorsqu’il harcelait Sophie, notamment dans l’ascenseur.

Alors que Sophie répétait à Denis qu’elle n’avait aucun désir pour lui et qu’elle lui demandait d’arrêter de l’importuner, Rachel, n’y tenant plus, était intervenue et avait demandé à Denis, en se tournant vers lui, pour le regarder bien en face,

— Dites-moi Monsieur, vous êtes sourd ou idiot ? Madame vous demande d’arrêter vos simagrées, vous ne captez pas ou vous le faites exprès ?

Denis, dérangé dans son jeu malsain, lui avait répondu sèchement :

— Toi, on t’a rien demandé ! Te mêle pas !

Il s’était retourné vers Sophie qui, l’espace d’un moment, avait espéré que cette intervention aurait eu un quelconque effet et s’était décomposée lorsque Denis avait repris ses pelotages.

À ce moment, l’ascenseur s’était ouvert pour l’étage de Rachel, qui avait pris Sophie par le bras, l’obligeant à descendre avec elle, tout en regardant Denis dont la figure n’était plus que grimace de haine, et lui dit,

— Et toi, t’as pas intérêt à nous suivre, sinon j’appelle la sécurité, c’est la psychiatrie ici, il y a une chambre d’isolement de libre qui pourrait bien te servir de cellule de refroidissement !

La porte de l’ascenseur s’était alors refermée sur un Denis congestionné par la rage.

Une fois seules, Rachel avait demandé à Sophie,

— Ça va ? J’ai l’impression que ce n’est pas la première fois que ce type vous tripote comme cela dans l’ascenseur ou dans les couloirs, c’est quoi son problème ?

Sophie l’avait regardé, elle avait alors laissé couler sur ses joues les larmes qui lui étaient montées aux yeux, elle n’était pas arrivée à parler, tout voulait sortir en même temps, des remerciements, la colère qu’elle ressentait pour Denis, ses soucis de poids depuis sa deuxième grossesse… Tout.

Voyant son désarroi, Rachel l’avait invité en unité.

— Venez, je vous invite à prendre un thé ou un café, si vous avez envie d’en parler, ça viendra, mais là, vous êtes trop secouée. Au fait, je m’appelle Rachel.

Elle l’avait guidée dans cette unité que Sophie ne connaissait pas et qui dans tout l’hôpital avait une réputation qui disait que, tous ceux qui bossaient-là étaient « tout aussi zinzin que leurs patients ». Sophie l’avait donc suivie avec un petit peu d’appréhension, mais de la confiance aussi, paradoxalement, cette femme lui inspirait confiance, elle avait su gérer Denis, en un tour de main et elle n’avait pas été intimidée pour un sou.

Sophie fut invitée à s’installer dans un petit bureau à côté du bureau infirmier, Sophie se permit de souffler, enfin. Elle était en sécurité. Rachel lui avait proposé une tisane ; elle avait pu choisir entre du tilleul ou de la camomille… Face à tant de sollicitude, Sophie s’était sentie bien.

Installée dans un fauteuil, Sophie avait entendu Rachel dire à ses collègues qu’elle l’avait invitée pour échapper à un tordu dans l’ascenseur et qu’elle avait l’impression qu’elle aurait bien besoin d’en parler. En entendant cela, Sophie avait fermé les yeux, et avait songé,

Oui, effectivement, elle m’a sauvée de cet enfer, mais dès que je sortirais de ce bureau, de cette unité, cela recommencera… J’en ai assez.

Les larmes avaient continué de couler sur ses joues… Elle fut saisie par Rachel qui était de retour près d’elle et s’inquiétait de son état.

— Madame, voici la tisane. Comment vous sentez-vous, là, maintenant ? Cela n’a pas l’air d’être très agréable, je me trompe ?

En prenant la tasse contenant l’infusion, elle avait soufflé, tristement,

— Non, effectivement, cela n’est pas agréable du tout. Au fait, moi c’est Sophie, de la radiologie.

Elle avait alors goûté la tisane que Rachel avait sucrée au miel,

— Mmh, elle est bonne.

Rachel avait souri et avait doucement entamé le questionnement qui allait lui permettre de comprendre la situation de Sophie.

— Oui, je vous connais de vue, c’était qui ce type ? Un patient ?

— Non, il s’agit d’un représentant de la firme Top6000, je ne sais pas ce qui lui prend, mais cela fait quelques semaines qu’il n’arrête pas de tenter de me coincer à quelques endroits que ce soit dans l’hôpital.

Elle s’était arrêté dans ses explications, bu une gorgée et avait observé Rachel, n’osant pas trop en dire plus, mais cette dernière lui avait fait signe de la tête, l’invitant à continuer.

— En fait, le plus dérangeant, c’est qu’il a un discours très, comment dire, « branché sexe », à chaque fois qu’il tente de me coincer.

Comme Sophie avait refait une pause, Rachel s’était permise d’intervenir,

— Il vous fait des avances ? Dans l’ascenseur, j’ai cru que c’était plus « violent », non ?

Rachel s’était assise dans l’autre fauteuil, à côté d’elle. Sophie eu alors un soupir qui lui avait donné l’impression qu’elle se dégonflait complètement puis avait commencé à expliquer à Rachel ce qu’elle ressentait, réellement.

— C’est de pire en pire en fait, au début, c’était des compliments, c’était encore gentil et j’acceptais ses compliments, vous savez, j’ai pris 20kg avec ma seconde grossesse, à cause des hormones que j’ai dû prendre pour stimuler l’ovulation. Mon moral en a pris un coup, même si mon mari me soutient à 100%, quelque part, cela me faisait du bien qu’un homme me considère encore comme désirable.

Le discours de Sophie s’était libéré, entre deux pauses pour prendre une gorgée de tisane, elle se permit de « vider son sac ».

— Mais très vite, il s’est montré plus entreprenant, me faisant des propositions très concrètes et très crues… à ce moment, je lui ai dit que j’étais heureuse en ménage et ne désirais que mon mari, mais rien n’y fit, il a continué de plus belle. C’est épuisant, vraiment, j’en ai assez, je ne sais pas comment faire pour qu’il arrête ce manège !

Les deux femmes avaient continué à discuter de cette situation, Rachel lui avait conseillé d’en parler à sa hiérarchie et à porter plainte contre Denis. Rachel avait aussi précisé qu’elle était prête à apporter son témoignage si nécessaire.

Elles s’étaient quittées sereines, sur un air d’amitié débutante.

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