Chapitre 15. Le désir de Rachel

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Là, elle avait beau le trouvez attirant, elle… Lui par contre, ne donnait aucun signe d’intérêt, rien, pas un regard, pas un geste… Des bonjours polis, professionnels, sans plus.

Était-ce peine perdue ? Elle en avait sérieusement l’impression. Mais pourquoi restait-il à hanter ses pensées et à nourrir ses fantasmes ? Pour cela, oui, il en était à chaque fois le héros plein d’audace et si attentionné.

Là, il n’en était rien, il ne parlait qu’à ses collègues proches, ne captait, ne répondait ou n’était preneur d’aucune allusion ou invitation plus ou moins subtile qu’elle pouvait lui faire.

Cela blessait Rachel dans son amour-propre, déjà peu sure d’elle, cette situation lui donnait l’impression d’être une parfaite incapable sur le plan sentimental. Mais comme ce fut le cas avec son ex, là, elle s’était à nouveau amourachée d’un gars qui n’avait que faire d’elle.

Elle était parfaitement consciente que cette attirance ne mènerait strictement à rien, mais quelque part, en ressentant cela, ces désirs, cette petite poussée d’adrénaline, elle se sentait vivre, tout simplement. Elle avait appris à s’en contenter, tristement.

Elle en rêvait, d’Alban, tout le temps… Mais jamais aucun moyen de concrétiser ces rêves. Elle avait beau faire tout son possible pour être présente à chaque fois que la firme Top6000 venait faire la moindre présentation de ses produits, rien n’y avait fait. Ce cher Alban devait avoir un filtre pour ne pas voir les « petites gens », ceux qui ne prescrivent pas et qui, donc, ne lui rapportent rien. Cela n’aidait pas ses complexes, s’estimant un peu gourde coté vie affective, elle n’était jamais arrivée à capter l’attention de cet homme, malgré ses questions, pertinentes, sur les spécialités qu’il présentait. Souvent, il répondait, après l’avoir regardé sans la voir, en plaquant un sourire sur son visage et en s’adressant à toute l’assemblée, non pas à elle.

Edith, la reine des potins, l’avait bien remarqué et n’en manquait pas une pour la taquiner à ce propos, comme elle le fit à nouveau, après la dernière présentation.

— Alors, il t’a parlé cette fois-ci ?

Dans un soupir Rachel, lui répondit,

— Eh bien non, comme d’hab !

Elle la regarda, en souriant et en haussant les épaules puis détourna les yeux, les larmes commençant à y monter tout doucement. Edith fit mine de ne rien voir et continua,

— Ces délégués commerciaux, ils se sentent « au-dessus » de la masse, parce qu’ils traînent avec les médecins. Mais au fait, je me demande comment il a fait, l’autre, là, de la radio, le roux ? Tu sais, celui qui se tape la pétasse à gros nichons ? Enfin, il parait qu’ils ne sont plus ensemble depuis plus d’un an. Il parait que c’est lui qui l’a plaqué.

Elle interrogea Rachel du regard ; Rachel esquissa un sourire, un moyen comme un autre de détourner son esprit d’Alban, et lui rétorqua,

— Effectivement, je ne sais pas comment il a fait… Il doit avoir d’énormes qualités pour arriver à détourner Miss Pétasse des hautes sphères ! Il a peut-être une fortune personnelle, parce que « l’amour qu’elle ressent pour lui » qu’elle crie à qui veut l’entendre à l’hôpital, je crois qu’elle n’en connaît pas la définition ni même le ressenti… Ou alors, c’est qu’on ne parle pas de la même chose.

Curieuse, Edith s’enquit,

— Pourquoi dis-tu cela ?

Rachel la regarda, étonnée d’être celle qui lui révélerait un potin.

— Quoi, tu ne l’as jamais vu draguer à qui mieux mieux alors même qu’elle était « officiellement en couple » avec le technicien de radiologie ?

— Ah non, raconte !

Edith s’installa confortablement, prête à entendre tous les ragots que pourrait lui ramener Rachel. Amusée par la situation, cette dernière prit un ton mystérieux pour lui raconter ce à quoi elle avait assisté.

— Eh bien, comme tu sais que je suis à l’affût de ce que peut bien faire Mister Alban… J’ai parfois surpris quelques conversations et quelques « scènes ».

Edith marqua son intérêt en hochant de la tête, Rachel continua,

— Un jour, il y a de ça bien un an, un an et demi, donc quand le radiologue et elle était encore ensemble, elle est partie à Barcelone avec Alban… Et quand ils sont revenus, ils semblaient, comment dire, encore plus proche qu’avant…

Edith lui fit des yeux incrédules et invita Rachel à en dire plus.

— Sois plus claire Rachel, quoi ils se grimpaient dessus dans l’ascenseur ?

— Non, mais presque… Enfin, plusieurs fois, je les ai retrouvés en plein french kiss, avec ses mains à lui qui découvrait une fameuse partie de son corps… Les fesses, les seins, tu vois, et à chaque fois, ils s’en foutaient d’être vu par qui que ce soit. Je trouvais cela d’un malsain… Et malgré cela, je continue à trouver Alban attirant, c’est débile, hein… Je devrais consulter !

Edith se fit songeuse pour déclara

— L’autre-là, il a peut-être fini par comprendre qu’elle lui faisait pousser des cornes et c’est peut-être pour cela qu’il a fini par la larguer ? Eh, tu n’as pas eu d’info sur son bébé ?

Rachel, ne faisant pas de lien avec la situation actuelle, lui lança

— Le bébé de qui ?

— Mais du radiologue là, celui à qui t’as donné le biberon il y a quelques jours, tu ne devais pas demander à ta copine de la radio ?

Retombant dans l’ici et maintenant, elle lui répondit simplement,

— Ah, non pas d’info, je n’ai pas encore eu le temps de voir Sophie.

Pour elle-même, Rachel continua,

Et puis ma chère Edith, ce n’est pas à toi que je raconterais ce que j’apprendrais… Il y a des limites aussi. Ce gars a l’air déjà assez mal en point comme ça, je ne tiens pas à ce qu’il alimente les conversations des commères de l’hôpital !

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