Les débuts d'une geekette en devenir

de Image de profil de Fleur de CerisierFleur de Cerisier

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11 ans.
Certains diront que c’est bien loin de l’âge de raison, d’autres que la maturité vient parfois un peu trop tôt. Toujours est-il que du haut de mes 1m55 me voilà prête à partir pour un voyage en famille, d’une journée, à Disneyland Paris. Les grandes vacances font bon train depuis déjà un mois, ce début de mois d’Août me ravit autant que l’air chaud qu’il véhicule et bien qu’il soit encore tôt (5h du matin), je boucle mes derniers effets personnels dans mon sac à dos Waïkiki tout en priant pour que la fermeture éclair ne lâche pas. Alors que je m’assoie dessus pour tasser le contenu et pouvoir zipper le tout sans incident, mes pensées vont à ce cher Mickey que je rencontrerai peut-être dans quelques heures.

8h30.
Serrés comme des sardines, à l’arrière de la Rover maternelle, mes cousines, mon frère et moi profitons du voyage : Fanny, qui empiète un peu dans mon espace, semble profondément endormie, un mince filet de bave s’échappant à la commissure de ses lèvres. Sa sœur est, à quelques ronflements près, dans le même état. Mon frère, qui a le même âge qu'elle, ne cesse de demander toutes les dix minutes si on arrive bientôt, qu’il a faim et envie de faire pipi. Ma mère et ma tante lui répondent en cœur et en chantant « Quand Jimmy dit What’d I say, oh baby come on ! ». Ces êtres uniques forment ma famille la plus proche. De mon côté, je laisse mon esprit se perdre bien au-delà de l’habitacle, dans le blanc cotonneux des nuages, imaginant toutes sortes de chimères formées par leur contour. Une montgolfière passe. Et tout ça sur un fond de Patricia Kaas !

5h30 de route plus tard.
Nous arrivons enfin chez Mickey. Le tableau de bord de la voiture indique 11h03 alors que s’amorce le rangement en épis entre l’allée de Marie des Aristochats et celle de Donald. Déjà 26°. La journée nous promet chaleur, sueurs et déshydratation ; tout ce que je déteste.
Quelques dizaines de minutes de marche et quatre escalators plus tard, nous pénétrons sur le territoire où les rêves deviennent réalité (de ce qu’ils disent dans la pub). Nous fonçons sur Space Mountain le sourire aux lèvres, j’ai enfin l’âge et la taille requise pour le faire et je ne compte pas m’en priver !
Adrénaline et pur bonheur me submergent une fois descendue de l’attraction, jambes tremblotantes et cheveux décoiffés façon rock n’ roll. Je ne regrette pas d’avoir surmonté ma peur ! Les petits font la tête de ne pas avoir pu m’accompagner, encore trop jeunes, mais leur tour viendra bien assez tôt. Pour l’heure, je suis aux anges.

Un tour de paquebot plus tard, la faim et la soif se font ressentir (et ne parlons pas de la transpiration). C’est le moment que ma mère choisit pour faire une halte au Hakuna Matata – le restaurant emblématique de Timon et Pumba dans lequel ils ne servent heureusement pas d’insectes ! Juste d’énormes pizzas en forme de tête de Mickey. Tout se profilait bien jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive que sa carte de crédit attendait bien au chaud dans la Rover. Première erreur de la journée. La voilà donc partie pour un aller-retour au parking qu’elle promet rapide.

Deux heures plus tard.
Nous ne voyons ni la carte bleue, ni sa détentrice. Un appel sur le portable de ma tante nous apprend qu’elle ne retrouve pas la voiture maintenant que le parking est plein à craquer, et qu’elle n’a bien évidemment pas noté le numéro de la place. Deuxième erreur de la journée.
Ma tante se sentant tout d’un coup dépassée par les évènements, avec quatre mômes à surveiller, nous fait patienter à Vidéopolis devant un spectacle orchestré par différents personnages de Disney – et si ennuyeux quand je réalise que la Reine de Cœur m’attend peut-être à Fantasyland.

Après l’arrivée salvatrice de ma mère, la visite continue de plus belle : embarquement à bord du Nautilus, voyage interstellaire avec R2D2, exploration du Far West secoués par le train de la mine, vol au-dessus de Londres avec Peter Pan, et descente aux enfers dans la célèbre Maison Hantée. Une succession d’attractions plus magiques les unes que les autres et ce, jusqu’à épuisement physique total. Les adultes en auront eu pour leur argent !

23h30.
Nous rentrons après la parade avec des étoiles plein les yeux et la tête remplie de souvenirs. Je n’ai vu ni Mickey, ni la Reine de Cœur.
Sur le chemin du retour, entre la gare de Marne-la-Vallée et le parking gargantuesque de la souris la plus célèbre du monde, nous croisons un groupe de gens du voyage vendant des Tour Eiffel miniatures et autres bibelots pour touristes. L’une d’entre eux – une vieille femme dont le visage est à moitié caché par un voile en dentelle blanche – m’attrape soudainement par le poignet et place sa main dans ma paume. « Ton prénom est celui de la Vierge Noire » et « Tu n’auras pas une vie facile ma petite » sont les seuls mots que je me souvienne avant que ma mère n’intervienne.

Ces paroles m’ont longtemps hantée et aujourd’hui encore il m’arrive d’y repenser.

Ma prise de conscience de la vie, mes tribulations, tout commence ici. Je m’appelle Sarah, bienvenue dans mon histoire.

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