D'un geste de main délicat, James essuya les petites larmes qui coulaient le long des joues de Louise. Il venait de lui faire ses adieux, improvisés au dernier moment. Il en était plutôt fier, cela ne l'avait pas laissée indifférente. Aussi poétique qu'il soit, cela lui avait également fendu le cœur à lui-même. Il ne pleurerait certes pas devant elle, mais il pleurait déjà intérieurement, depuis longtemps.

— James... murmura Louise entre deux sanglots, pourrai-je vous revoir un jour ?

— Mais bien sur trésor, répondit-il, bien sur.

— C'est promis ? demanda-t-elle d'une petite voix. Vous me le promettez ?

— Promis.

— Vous m'écrirez ?

— Tous les jours, affirma James.

—James, renifla-t-elle, vous penserez à moi ?

L'auror entoura ses bras autour de la petite fille et la serra contre lui.

— Chaque seconde.

La jeune fille lui sourit même si son cœur lui dictait de pleurer. Elle ne désirait pas partir. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Son rêve n'était qu'une idée stupide. Elle n'aurait pas du accepter. Qu'allait-elle pouvoir faire à Poudlard ? S'y sentirait-elle bien ? James la regarda à son tour dans les yeux. Il était heureux qu'elle ait pris elle-même cette décision, au moins il n'aurait pas eu à créer de conflit en l'obligeant à y aller sans son consentement. Mais lui non plus ne voulait pas se séparer. Rien que l'idée de la voir s'éloigner, monter à bord du train, puis disparaitre dans l'horizon lui faisait mal au cœur.

Derrière eux, le train siffla bruyamment, annonçant le départ imminent. La jeune sorcière ne sursauta pas, s'y attendant déjà. Elle baissa la tête, horrifiée par le manque de temps qu'il lui restait à passer avec son ami. Elle savait que quand elle monterait dans ce train, il serait trop tard. L'homme embrassa sa petite protégée sur le front en guise d'au-revoir. Elle savait bien qu'il voulait lui faire comprendre qu'il était l'heure d'y aller. Laissant couler deux dernières larmes, elle se tourna et avança lentement vers le train.

Alors que la porte du train se refermait derrière elle et que les secousses commençaient à se faire sentir, elle fut interpellée par un garçon aux cheveux roux du même age qu'elle. Étonnée, elle le fixa et le regarda de la tête aux pieds. Le garçon faisait la même taille qu'elle, peut-être un peu plus grand. Il possédait des joues rondes constellées de taches de rousseur, assorties à ses cheveux. Il portait des vêtements larges, un peu trop grands pour lui.

— Tu es Louise, c'est ça ? demanda t-il d'un air joyeux.

La jeune sorcière acquiesça d'un signe de tête hésitant. Comment avait-il su son prénom ? Elle ne le connaissait pas, et ne l'avait jamais vu. Il n'avait cependant pas l'air d'avoir de mauvaises intentions.

— Que dirais-tu de te joindre à nous dans la cabine ?

Il pointa une porte coulissante qui y menait. La jeune fille hésita un petit moment. Après tout, James aurait voulu qu'elle se fasse des amis rapidement. Et puis elle se sentirait plus en sécurité si elle ne restait pas seule dans une cabine. Malgré sa peur de se mêler à la foule, rester seule ne lui faisait pas très plaisir. Elle renifla silencieusement, essuya ses larmes avec la paume de ses mains, accepta et suivit le rouquin jusqu'à la porte. Il l'ouvrit en première et s'y assit, puis désigna une place pour la jeune fille.

Elle tira sur la poignée pour refermer la porte derrière elle, mais sans succès. Elle dut forcer plusieurs fois avant de réussir dans un claquement. Elle se retourna et fut surprise de voir que la cabine était occupée par trois autres personnes. L'une était une jeune fille aux cheveux bruns volumineux la regardant d'un air bienveillant, la deuxième était un garçon à lunettes aux cheveux bruns indisciplinés, et la dernière était un homme, totalement recouvert de sa cape, semblant endormi.

Louise fut gênée et ne sut pas quoi faire. Elle réalisa que le garçon roux lui avait montré une place où s'asseoir et c'est ce qu'elle fit. Elle s'assit à côté de la seule autre fille dans le compartiment, tentant de se faire toute petite et de ne pas la déranger. La sorcière aux cheveux épais vit bien l'air paniquée de sa camarade et éclata de rire.

— Ron, regarde, tu l'as traumatisée ! Je suis sûre que tu as eu une extrême délicatesse pour l'amener ici...

— Parfaitement ! se défendit-il. Je ne vois pas pourquoi tu dis une telle chose !

— Mais oui, dit-elle en levant les yeux au ciel, aussi intelligent que tu es, tu as surement oublié de te présenter ! Heureusement que je suis là, je vais pouvoir tout rétablir. Je me présente, je suis Hermione Granger, articula-t-elle en se tournant vers Louise. Et la tête de linotte qui t'a amenée ici est Ron. Quant à lui, c'est Harry, Harry Potter.

La jeune fille fit un signe de tête. Elle n'avait jamais entendu parler d'eux, même si le dernier nom lui disait vaguement quelque chose. Cette réaction surprit Hermione, mais qui n'ajouta rien. En tournant la tête vers la fenêtre, Louise remarqua que le paysage avait totalement changé. On devait être loin de Londres. Le Poudlard Express filait à tout allure, laissant une longue trainée de fumée qui s'échappait derrière lui.

— Qui c'est à votre avis ? demanda Ron en pointant l'homme masqué.

Louise secoua la tête. Difficile de reconnaitre quelqu'un dont on ne voit même pas le visage. Et puis, elle ne connaissait personne, pas même les plus célèbres.

— Le professeur R.J. Lupin, affirma Hermione.

— Tu sais tout toi ! s'exclama Ron. Comment ça se fait qu'elle sait tout ?

Louise pensait la même chose. Hermione paraissait être une jeune fille confiante. Elle avait eu un ton sûr d'elle en lui parlant, sans un gramme d'hésitation. Cela lui semblait être une jeune sur d'elle et certainement ambitieuse. Malgré tout elle ne semblait pas désagréable.

—C'est marqué sur sa valise !

Louise pouffa intérieurement. Finalement, elle ne savait peut-être pas tout. Mais elle était drôlement maligne. Et elle avait l'œil aussi. La tête d'Hermione pivota vers Louise, faisant voler ses cheveux derrière la tête.

— A ce propos, Louise, je suppose que tu as du être surprise que Ron t'ait proposé de venir ici ?

Elle haussa les épaules. Soudain, elle eut peur que sa réaction fut désagréable à Hermione. Après tout, depuis qu'elle était arrivée dans la cabine, aucun son n'était sorti de ses lèvres. Mais elle ne préférait pas parler de quelque chose d'aussi inutile. La réaction d'Hermione fut tout le contraire de ce à quoi elle pouvait s'attendre. Elle semblait ne pas prêter attention à ce qu'elle ne dise pas un mot. Cela fit plaisir à Louise, qui pria pour que cela dure.

— Il semblerait que tu sois nouvelle à Poudlard, enchaîna Hermione. Et comme commencer la troisième année sans connaître personne c'est aussi dur que de manger une citrouille dans le noir, on s'est dit qu'un peu d'aide ne ferait pas de mal. Sauf si bien sûr, tu préfères rester seule ?

La blondinette secoua la tête. Non, rester seule était ce qu'elle redoutait le plus. Quand on est seul, on est sans défense. Et elle ne souhaitait pas l'être. Ne plus l'être.

Mais heureusement, ce trio semblait respirer la joie et la bonne humeur. Elle n'aurait pas de mal à s'intégrer si elle restait avec eux. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était qu'ils ne la rejettent pas. A la surprise de toute le monde, Harry -qui se trouvait face à Louise- se leva afin de vérifier si la porte coulissante était bien fermée et déclara :

— J'ai quelque chose à vous dire.