-Regardes-moi, mon amour ! Louis tient fermement la main de sa femme, le visage déformé par l'inquiétude.

De splendides yeux verts remplient de larmes rencontrent les siens. Du plus loin qu'il se souvienne, sa femme, Elise, a toujours fait chavirer son cœur d'un simple regard. De grands yeux verts aux légères teintes de jaune, tout comme leur propriétaire, ces yeux étaient d'une beauté absolument exceptionnelle. 

Louis ne pouvait s'empêcher de trouver sa femme magnifique, qu'importe les larmes, la transpiration ou les insultes qu'il pouvait bien recevoir maintenant. L'accouchement avait l'air terriblement douloureux, même pour Elise.

-Si tu savais à quel point je te déteste, Louis ! Elle pleure de toutes ses faibles forces.

Louis sourit malgré lui. Ça allait être son premier enfant, et avec la femme de sa vie. Il s'en voulait de la voir souffrir ainsi, mais ça valait le coup, il en était persuadé. 

-Si tu savais à quel point je t'aime, Elise, il pleure à son tour, mais lui, c'est de joie.

Après près de dix longues années de vie commune, Elise et lui avaient enfin décidé de fonder une famille. Ils vivaient l'amour, le véritable. Ils avaient tout, l'amour, la villa, l'argent, le bonheur mais il leur manquait une seule chose : l'assemblage de leur deux âmes, un enfant.

Au début, leur union n'était pas spécialement bien vue des autres ; l'écrivaine qui épouse son éditeur après avoir été rendue célèbre par celui-ci, une opportunité en or pour les rumeurs. Mais Louis le savait mieux que personne, Elise n'aurait jamais eu besoins de lui pour réussir dans le domaine de l'écriture, chacun de ses écrits étaient de véritable chef-d'œuvres. Elise n'avait réussi que parce qu'elle en avait été capable, Louis n'a été que spectateur de sa réussite, il en était convaincu.

-Allez chérie, tu peux y arriver ! Il l'encourage. Ce sera ta plus grande réussite, Louis embrasse délicatement le dos de sa main.

-Ma plus grande réussite a été de tomber amoureuse de toi, Elise serre la main de son amour dans la sienne.

Mais la vie ne peut pas être seulement faite de réussites. Louis l'avait finalement compris lorsque les infirmières lui ont donné le bébé. Elle était là, leur magnifique petite fille, en bonne santé, pleurant aussi fort que son père. Il aurait voulu que ce soit Elise qui tienne leur fille la première, elle l'aurait mérité, bien plus que lui.

Il avait finit par abandonner la main d'Elise lorsque la sage femme avait annoncé la naissance du bébé. Mais ça avait été suffisant, ça avait été assez long pour qu'Elise finissent par s'endormir définitivement.

-Je suis sincèrement désolée monsieur, la voix de l'infirmière tremble. Mais elle a été courageuse jusqu'à la fin.

Il n'osait pas poser sa fille pour prendre une dernière fois l'amour de sa vie dans ses bras. Il avait peur que sa fille finisse par s'endormir quand il la lâcherai, exactement comme Elise l'avait fait. 

Il posa ses yeux sur le petit être fragile qu'il tenait dans ses bras. La petite ouvra doucement ses paupières pour laisser place à de magnifiques yeux verts aux teintes de jaune. 

-Te voilà, Louis embrasse sa fille, tu seras finalement le dernier chef-d'oeuvre de ta mère, petite Élisa.