Ma vie est un vieil ouvrage,

Imbibée de douleur et d'histoire,

A tel point qu'un simple geste précipité pourrait le déchirer.

Un ouvrage sans héros, sans fin, sans inspiration, sans courage.

J'aimerai qu'il soit là, ce courage.

Qu'il me fasse un signe de la main, qu'il me la tende,

Qu'il me hurle au visage qu'il m'appartient déjà et que je n'ai qu'à l'écouter, qu'à l'entendre.

Mais tout ce que j'entends, c'est mes pas,

Mes pas, traînant, faisant craquer le bois a chaque contact avec lui.

Juste un craquement douloureux dans le silence d'une nuit de solitude, une nuit de peur.

Rien ne me fait plus peur que cette solitude,

Car rien n'est plus effrayant que de l'affronter seule.

Elle est comme une corde, roulant sur la peau de mon cou,

Comme une vipère assoiffée de mon sang,

Durement nouée attendant d'étouffer sa proie.

Passeur des enfers,

Attendant l'ultime voyage pour enfin sauter dans les flammes du sommeil,

Et ne plus jamais avoir a tenir entre ses mains le funeste destin des défunts.

Mais pour l'instant, je suis vivante,

Car c'est la seule chose que j'arrive encore à être.