Chapitre 7.1

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La nuit d'Hayato ne s'était pas avérée très reposante. Son esprit n'arrêtait pas de ressasser la dispute qu'il avait eu la veille. Il détestait laisser les situations comme tel telles. Son père était la seule exception car c'était habituel. Il se réveilla alors avec la tête encore lourde et les paupières collantes. Le jeune homme serait était prêt à se recoucher physiquement, mais moralement, il était déjà éveillé. Que faisait Hana ? Il devait se faire pardonner.

Hayato jeta son drap pour se libérer de la chaleur qui commençait à monter dans la pièce. Il balaya sa chambre du regard pour trouver l'enfant, mais ne la voyait nulle part. La panique le saisit. Où était-elle passée ?

Il bondit sur ses pieds. Son cœur battait à vive allure. Il se jeta sous son bureau, mais son premier coup d’œil avait raison : elle n'y était plus. Il chercha dans tous les recoins, entre les meubles, sous le lit, derrière sa bibliothèque... Mais rien. L'esprit blanc de son amour d'enfance avait disparu.

Hayato s'effondra et tint sa tête entre ses mains. Et si... Et si l'altercation d'hier l'avait fait partir ? Elle le détestait tellement qu'elle avait choisi de disparaître ? Elle lui avait donné une chance de la revoir, et il ne l'avait pas complètement saisi...

  • Hana... Je... Je m'en veux. Si tu savais comment je m'en veux... Je n'aurais jamais souhaité que ça se termine comme ça... sanglota-t-il.
  • Mais... de quoi tu parles ?

Le jeune homme releva la tête. Devant lui, se tenait le fantôme qui le toisait d'un air interrogateur.

  • Hana ! lança-t-il soulagé. Tu... Tu avais disparu et...
  • Disparue ? J'ai pas arrêté de veillé sur toi depuis que tu t'es endormi ! Je m'étais assise contre ton lit et finalement, j'ai dormi. C'est bizarre, tes ronflements ont dû me bercer...

Hein, elle était au pied de son lit ? Comment avait-il fait pour la rater ?

  • Bah tu m'as jeté ton drap dessus. Ça m'a camouflé je crois.
  • D'accord..., il s'éclaircit la voix et baissa les yeux, gêné. Hum, et bien désolé pour cette scène. Et aussi pardon pour hier soir. Je t'ai dit des choses blessantes que je ne pensais pas...

Hayato regarda le fantôme qui lui souriait.

  • Ah mais c'est bon, je ne t'en veux plus ! Tu es tellement mignon quand tu dors que je n'arrivais pas à t'en vouloir ! Donc tu es pardonné !

C'était donc aussi simple ? Il soupira, aussi exaspéré que soulagé. Il s'était fait un sang d'encre pour rien. Hana restait une enfant et la dispute n'était qu'une broutille pour elle. Quelques instants suffisaient pour effacer les tensions. Sa vision d'adulte avait obscurci son jugement. Il se leva et s'étira. Toute la tension qu'il s'était infligé l'avait engourdi. Au moins, ces minutes riches en émotions avaient le mérite de l'avoir complètement réveillé.

Un doux fumet vint chatouiller ses narines. Son ventre se mit aussitôt à gronder.

  • Oh, maman a fait du saumon ! s’enthousiasma-t-il.

Le lycéen se précipita vers la porte, mais s'arrêta lorsqu'il toucha la poignée. Il n'allait pas laisser la petite fille seule en partant comme un voleur. Si elle semblait lui avoir pardonné, des remords subsistaient encore dans le cœur du jeune homme. Du regard, il lui demanda ce qu'elle comptait faire.

  • Je vais venir avec toi. J'aurais bien aimé mettre du bazar dans ta chambre, mais je ne peux rien toucher. T'es chanceux tu sais ?

Hayato la regardait d'un air interrogateur. Pourquoi cette envie de mettre en l'air le travail qu'il avait fourni la veille ? Enfin, il devait s'estimer heureux que le fantôme soit dans l'incapacité de le faire. Si sa mère découvrait que sa chambre était un foutoir, il en payerait les conséquences.

Ils descendirent dans la pièce de vie. Le petit-déjeuner était fraîchement installé, bien que déjà entamé.

  • Oh, bonjour Hayato ! Bien dormi ?
  • Bonjour maman. Et oui, merci.

Son père grogna derrière son journal en guise de salutations. Il n'était pas du matin et son humeur en pâtissait. Cela ne changeait rien pour son fils.

  • Bonjour, dit-il simplement par politesse.

Commencer les hostilités si tôt dans la journée n'était pas la meilleure chose à faire, mais sa présence ne ravissait pas le jeune homme. Heureusement, les plats que sa mère apporta lui changèrent les idées. Après l'avoir remercié, il passa à l'attaque. Il engloutit riz, œufs, carottes marinées et le fameux saumon rôti. Il avait vraiment une faim de loup.

  • Tu ne pourrais pas être plus discret quand tu manges ?

Katsurou avait levé les yeux vers son fils. Le regard qu'il lui lançait lui glaçait les os.

  • Pardon... dit-il d'une petite voix, en baissant la tête.

Où étaient passées les belles résolutions d'hier soir ? Face à la prestance et l'autorité de son père, il se sentait si petit. C'était impossible de lui tenir tête. Mais, qu'est-ce-que... Qu'est-ce qu'elle fabriquait ?

Hana s'était positionnée juste derrière le militaire et faisait toutes les grimaces possibles et inimaginables. Le coup classique des oreilles de lapins y allait de bon train.

  • T'es trop bête ! T'es trop méchant ! Vilain papa ! BaKatsu ! [5]

Bien évidemment, celui qu'elle dénommait par ce gentil sobriquet ne réagissait nullement. Le fantôme n'avait aucun respect pour lui. Sa posture si intransigeante n'affectait pas la petite fille qui l'insultait.

La scène qui se déroulait devant lui était si irréaliste qu'Hayato ne put s'empêcher de rire. Hana avait complètement décrédibilisé son père. Mais la réalité lui retomba vite dessus devant la réaction de ses parents. Il retint son hilarité, pouffa encore un peu, avant de retrouver plus ou moins de contrôle.

  • Hum, hum, hum, toussa-t-il. Je... Euh... Je suis désolé. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
  • Ça va Hayato ? C'est la chaleur qui te tape encore sur la tête ?
  • Oh arrête d'être si gentille avec lui. Ce que j'ai dit n'avait absolument rien de drôle.
  • Oui, BaKatsu ça te va bien, ajouta l'être flottant avec un air satisfait.

Le lycéen retint un autre fou rire de justesse.

  • Hum, euh j'ai... J'ai juste pensé à quelque chose de drôle. Je ne voulais pas manquer de respect... Pardon si je vous ai offensés.

Sa mère souriait, plutôt amusée par l'engouement soudain de son fils. Katsurou ne voyait pas la situation d'un aussi bon œil.

  • Si tu as le temps de penser à des blagues, tu en as pour penser à tes cours. Quand est-ce que tu t'y mets ?

Et voilà, c'était reparti. Même l'énervement d'Hana - qui était tout aussi amusant que ses grimaces - suite à cette réplique ne faisait pas réagir le jeune homme. Satisfait par la non-réponse de son fils, il retourna à sa lecture. Hayato termina de manger en silence.

  • Merci pour ce repas, annonça-t-il en se levant.

Il remonta dans sa chambre, suivi de près par le fantôme. Il s'affala sur son lit, la tête dans son oreiller. Il était en colère contre lui-même

[5] Baka signifie idiot en japonais. Hana fait donc un jeu de mot avec le prénom du père.

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