Chapitre 6.2

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Ce dernier éteignit son ordinateur rapidement. Il était bien tard et ses paupières se faisaient lourdes. La journée a été riche en émotions, beaucoup trop pour un jeune homme qui comptait ne rien faire de ses vacances. Alors qu'il s'affalait sur sa chaise, il sursauta en voyant qu'il s'approchait d'Hana, collée à lui. Son cœur palpitait sous le coup de la frayeur.

  • Bah alors ? On a peur des fantômes ? dit-elle en riant.

Hayato soupira, se rendant compte de sa bêtise. Même si sa raison n'expliquait toujours pas le pourquoi du comment, elle acceptait sans mal la présence de la petite fille. Des questions subsistaient, mais avaient-elles encore de l'importance ? Se prenant au jeu, un sourire taquin se dessina sur ses lèvres :

  • Il faut dire que tu es effrayante !
  • Mais euh ! bouda le fantôme.

Le lycéen ria aux éclats face à la moue d'Hana. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas répliqué à quelqu'un ainsi. Il ne le reconnaissait pas dans l'immédiat, mais quelque chose avait déjà changé en lui.

  • Hayato ? Qu'est-ce que tu fais ? Il est tard ! Ton père voudrait dormir !

Ah merde ! L'interpellé se tut immédiatement, rattrapé par la réalité de la maison. Il n'était pas seul, il ferait bien de ne pas l'oublier !

  • Euh oui pardon ! Je vais me coucher.
  • D'accord, bonne nuit mon chéri !

Un sourire vainqueur éclairait le visage d'Hana.

  • Hé hé, t'as pas fait long feu !
  • Pff, ce n'est pas moi qui boudais pourtant !
  • Hum, t'assumes pas ta défaite ?
  • Mais en quoi... Bon ok, tu as gagné, oh grande reine des esprits démoniaques, capitula-t-il présomptueusement.

Hayato avait réussi à faire taire la petite fille qui ne s'attendait pas à une telle réaction. A qui était la victoire désormais ? Si guerre il y avait...

Le jeune homme bailla. Cette petite altercation avait réussi à retarder le moment fatidique où le sommeil l'emporterait. Mais il ne pouvait plus s'en échapper. Instinctivement, il commença à se changer.

  • Ah, mais stop ! Tu ne peux pas te déshabiller devant une jeune fille pure et innocente !
  • Hein ? Comment... Ah ! Pardon... s'exclama-t-il en rougissant.

La fatigue lui avait fait complètement sortir de la tête qu'il y avait quelqu'un d'autre dans sa chambre.

  • C'est bon, je vais me retourner. Mais préviens-moi la prochaine fois...

C'était étrange. La présence d'Hana le gênait moins que ce qu'il aurait imaginé. Lui qui était dérangé par le simple fait de déboutonner sa chemise en présence d'une fille, c'était surprenant. Il avait l'étrange impression qu'il connaissait le fantôme par cœur, comme si elle avait toujours été là. Il n'en avait pas conscience jusqu'à maintenant.

  • Tu sais, tu aurais pu juste sortir...
  • Je peux pas...
  • Comment ça tu ne peux pas ?
  • J'ai pas envie.
  • C'est pas pareil alors...
  • Arrête de m'embêter !

Le lycéen pouffa alors qu'il termina de se changer et se laissa tomber sur son lit. Hana se retourna et s'approcha de lui. Elle aimerait beaucoup lui titiller la joue, comme elle le faisait autrefois pour lui demander quelque chose :

  • Dis, tu es vraiment fatigué ?

Pour réponse, Hayato bailla sans aucune retenue. L'esprit fit la moue.

  • Je veux pas que tu dormes. Je veux que tu restes avec moi.
  • Tu sais, en dormant je ne vais pas bouger.
  • Oui, mais... Je veux continuer à te parler. J'ai pas sommeil.
  • Normal pour un fantôme, répondit-il sans prendre des pincettes, tout en continuant de s'étirer la mâchoire.

La petite fille ne répondit plus. Le jeune homme pourrait profiter de ce moment de répit, mais il se redressa. Hana avait la tête baissée et les bras qui pendaient dans le vide. Comme si la force qu'elle possédait, malgré son immatérialité, s'était volatilisée. Il comprit qu'il avait fait une erreur. Elle ne devait pas accepter la fatalité d'appartenir à un autre monde, différent de celui dans lequel il évoluait.

  • Je... je suis désolé.

L'enfant serra les poings.

  • Va dormir. Finalement, j'ai plus envie de discuter avec toi.

Elle se retourna et partit se cacher sous le bureau. Hayato pouvait voir sa silhouette blanche recroquevillée sur elle-même. Il s'en voulait terriblement.

  • Je ne voulais pas...
  • Tais-toi. Dors, lança-t-elle d'une voix ferme.

La discussion était close. Le cœur lourd, le lycéen s'installa sous son drap. Il jeta un coup d'œil à son amie qui ne bougeait pas. Il capitula et lui tourna le dos.

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