Les Fils des Ténèbres (Dan Simmons)

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Résumé : Le docteur Kate Neuman adopte un enfant atteint d’une mystérieuse maladie dans un orphelinat en Roumanie, peu de temps après la chute de Ceausescu. Dès lors, elle est entrainée dans les sombres rouages de complots séculaires entre des factions aux intérêts divergents : police d’état corrompue, religieux investis d’une mission, un mystérieux « ordre du dragon » et surtout la maléfique et toute puissante « Famille »...

Roumanie, adoption d’un enfant sans nom, maladie du sang, complot international… pour un aficionado de créatures aux dents longues, le quatrième de couverture suscite une vague impression de déjà-vu. Et pour cause ! Le prototype de ce roman était déjà présent dans l’excellente anthologie Dernières nouvelles de Dracula, parue en 1991 chez le même éditeur (Pocket). Cette nouvelle sur des milliers d’orphelins roumains qu’on nourrit de transfusions de sang avec une seringue réutilisable m’avait fait forte impression à l’époque, même si j’avais eu du mal à voir le rapport avec le prince de la nuit. Dans Les Fils des Ténèbres, l’essai est transformé : si, pendant toute la première partie, on reste dans l’univers post-soviétique de la nouvelle, particulièrement sombre et sordide, la seconde nous fait plonger à pieds joints dans une action vampirique digne de 30 jours de nuit.

Comme toujours avec Simmons, on passe aisément (et rapidement) d’un registre à l’autre. En nous faisant voyager entre thriller médical, roman d’espionnage sur fond de chute du bloc de l’Est, biopic historique et horreur pure, l’auteur nous embarque sur des montagnes russes. Côté rebondissements, vous ne serez pas déçus ! Tous les livres de Simmons sont calibrés pour être de vrais page-turner. Et comme les autres, celui-ci est savamment arrosé de détails gore, cruels et horrifiques, et même assaisonné de quelques pages érotiques, vampirisme oblige. On sent une petite vibe Stephen King par moments, même si, à mon avis, ce roman est bien moins bon que l’extraordinaire Salem.

Bref, tous les ingrédients étaient présents pour faire entrer ce bouquin dans mon top ten.

Pourtant, la magie n’a pas opéré. La sauce n’a pas pris, la mayonnaise n’est pas montée. C’est peut-être dû aux péripéties trop nombreuses et incroyables pour ce cadre à vocation réaliste. Ou à l’action au détriment de la description. Aux personnages plats et sans reliefs. Aux clichés un peu trop nombreux (sur les Tziganes et les Roumains, notamment). À une intrigue qu’on nous ressert sans cesse… avec plus ou moins de brio. L’ambiance « pays de l’Est corrompu » est très bien rendue, mais pas l’atmosphère fantastique. Le souci maniaque de Simmons pour nous exposer sur une dizaine de pages les subtilités de l’hématologie ou l’histoire de la Roumanie soviétique nuit vraiment à l’immersion. Et rien ne tue plus efficacement un vampire qu’une rationalisation à outrance !

À réserver aux véritables mordus de littérature vampirique, ou, au contraire, à ceux qui n’ont jamais rien lu sur Dracula ! Quant à ceux qui veulent découvrir Dan Simmons, rabattez-vous plutôt sur Hypérion.

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