John, le 2eme locataire.

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(Début septembre)

Un carillon retentit lorsque la porte fut tirée. Une voix, derrière les lavabos bien connus, s'adressa au nouvel arrivant :

— Bonjour, installez-vous, j'arrive.

John répondit à la politesse, puis accrocha sa veste dans la penderie. Il s'assit devant l'immense glace. Son portable en main, il parla brièvement, par messages, avec l'un de ses potes. Il le rangea dans sa poche quand, grâce au reflet, il sut qu'il n'était plus seul.

— Monsieur Soilme, que faisons-nous aujourd'hui ? Comme d'habitude ?

— Oui Charles, comme d'habitude.

— Bien. Comment ça va ?

— Tranquille. Enfin, je n'ai toujours pas trouvé où loger pour cette année...

Tandis qu'il s'affairait, en coupant ses cheveux qui lui semblaient trop longs, le coiffeur l'informa :

— J'ai entendu dire que, pas très loin d'ici, une maison avait été mise en location étudiante. Ça pourrait vous intéresser ?

Jo se retint de tourner la tête vers son interlocuteur. Il reprit en haussant les sourcils :

— Vraiment ? Quand ?

— Il y a une semaine, je crois. Peut-être deux.

— Merci, je passerais la voir alors.

— Je vous en prie. Si ça peut aider...

Un silence s'installa. Compréhensif devant le silence de son client, Charles ne relança pas une autre discussion.

Satisfait de sa coupe, John régla en ajoutant un pourboire. Il demanda l'itinéraire pour se rendre à la maison. Grimpant dans sa voiture grise, il regarda son portable. Un message de sa grand-mère :

Bonjour mon grand !

J'espère que tu vas bien et que tu as trouvé un logement. Si tu as besoin d'argent, tu sais que je suis là.

N'oublie pas de m'appeler pour me donner des nouvelles !

Je t'aime,

Mamie Colette.

Il prit la route sans lui répondre. Il se laissa bercer par la sublime voix de Lene Marlin, qu'il écoutait en boucle ces derniers temps. Jo dépassa la maison pour se garer sur le petit parking situé quelques mètres plus loin. Il lut l'écriteau, visiblement modifié :

" location étudiante, deux places (une place disponible)

Pour plus d'infos ou si intéressé contactez : 02 63 88 39 74 (*) "

John photographia la maison puis composa le numéro indiqué.

— Allô ?

— Bonjour, John Soilme à l'appareil. Je vous appelle pour la maison que vous louez. Je suis passé devant et elle m'intéresse.

— Très bien. Quand voulez- vous visiter ?

— Est-ce que c'est possible tout de suite ? Je suis devant la maison...

— Bon, ne bougez pas, le temps de prendre les papiers et j'arrive. J'en ai pour une vingtaine de minutes.

— Bien, d'accord.

Dès que l'homme raccrocha, le futur locataire contacta sa grand-mère.

— Salut, mamie, c'est Jo.

— Ahh, mon grand ! Comment tu vas ?

— Je vais bien, je sors de chez le coiffeur et j'ai un rendez-vous pour une location. Je t'enverrais les photos. Et toi, ça va ?

— Très bien. Ton père m'a embêté, il tient vraiment à me mettre en maison de retraite.

Sa main libre se serra en poing et sa mâchoire se crispa. Il se força à se détendre pour répondre :

— Si tu veux que je lui parle... même si ça m'ennuie de le faire. Tu sais que je ferais tout pour toi, mamie.

— Non, ce n'est pas la peine. Il ne reviendra pas avant un moment. Tu sais bien que j'aurais préféré t'avoir toi plutôt que cet imbécile mais bon... Ta pauvre mère a bien fait de partir, même si ce n'était pas de la meilleure façon.

Pour couper cette conversation houleuse et sensible, John prétexta l'arrivée du proprio. Colette s'excusa pour ses propos, pas dupe quant à l'excuse de son petit fils. Il lui dit brièvement de ne pas s'inquiéter. Il mit en pièce jointe les meilleures photos pour les lui montrer. Elle trouva l'endroit charmant et la maison bien tenue en extérieur. Son approbation en quelque sorte. Soulagé, il attendit en écoutant les chansons d'Order 89. Une vieille voiture noire et poussiéreuse se gara sur le terrain. Un homme, la quarantaine passée, lui serra la main en se présentant ; Armand Rossoy.

Une sorte d'interrogatoire commença :

— Pourquoi êtes-vous intéressé ?

— Je cherche un logement étudiant, je viens de faire ma rentrée en terminale. Ma grand-mère se portera garante pour le loyer.

— Ça marche. Je ne peux pas vous faire visiter la première location est prise mais j'ai les plans. Je vais vous expliquer les formalités.

— Excusez-moi, mais vous avez dit "la première location est prise", pour quand la maison sera disponible ? Je ne peux pas attendre l'année prochaine...

— J'allais vous l'expliquer. Nous ne pouvons plus habiter cette maison et elle est trop chère pour un seul étudiant. Ma femme m'a proposé que deux étudiants logent en même temps dedans, comme ça le loyer est divisé par deux, et chacun y trouve son compte. Actuellement, il y a une jeune fille. Il y a deux chambres séparées, ne vous inquiétez pas.

Après discussions et accords, John accepta l'offre et paya le bail. Colette prépara un chèque pour le loyer d'avance et l'envoya. Le jeune homme pourra installer ses affaires le lendemain. Il prévint le lycée qu'il serait absent. Sans personne pour l'aider à déménager, il fit plusieurs allers-retours.

La lycéenne avec qui il partagerait le même toit s'était déjà bien étalée dans la maison. Il se rendit compte que, finalement, elle avait toujours laissé un espace pour une autre personne. La salle d'eau et le salon furent ainsi délimités en parties distinctes, puisqu'il ne mit presque rien dans la cuisine et que les chambres étaient déjà séparées. Le bureau n'était pas encore aménagé.

(*) numéro inventé

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