Chapitre 24 - 1058

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Je suis déjà en train de courir en petite foulée sur le tartan rouge du terrain d'athlétisme quand Margaux arrive avec plus d'un quart d'heure de retard. Depuis l'autre côté du terrain, je la vois minauder devant le prof de sport pour éviter un renvoi du cours. Elle n'a pas l'air dans son assiette et plutôt énervée. Je repense à ce que j'ai découvert dans sa clé USB et je me dis qu'elle est peut-être sous l'emprise de ses drogues...

Finalement, elle obtient gain de cause et se met à courir. Un demi-terrain nous sépare. Nous progressons au même rythme, moi ne la quittant pas des yeux, elle, m'ignorant totalement. Je régule ma respiration pour l'adapter aux foulées plus grandes qu'inconsciemment je fais, comme si j'accélérais dans l'espoir d'arriver à son niveau. Je double le petit groupe de filles qui était juste devant moi et je me positionne à la hauteur de Flavien. Je ne prête pas attention à lui, toujours captivé par celle qui agite sa queue de cheval avant de s'arrêter en se tenant le ventre, probablement à cause d'un point de côté. C'est une aubaine pour moi. Si elle ralentit, je peux la rattraper.

— Hey t'es motivé, Baudry ! me lance Flavien essoufflé en s'accrochant à mon épaule.

Il m'oblige à ralentir. Je soupire et lui jette un regard de travers. Je pourrais lui proposer de m'accompagner pour attaquer Margaux, mais finalement, je préfère m'y frotter tout seul. Nous avons des comptes à régler en tête-à-tête.

Je reste jusqu'à la fin du cours avec Flavien, sans lui montrer ce que je mijote, préparant mon plan. Une fois dans les vestiaires, je me rhabille rapidement puis je me dirige vers l'escalier qui monte à la vieille salle de gym désaffectée. Je saute la chaînette en prenant soin que personne ne me voie et je me positionne sur le palier, d'où je peux observer les sorties des vestiaires, décidé à attendre Margaux.

Elle est longue à venir. Toutes les filles me passent sous les yeux, y compris Mila. L'heure tourne et accoudé dans l'ombre du balcon, je perds patience. Courir n'a en rien assouvi ma soif de briser cette pimbêche. Plus elle me fait languir, plus je veux la briser. Pourquoi ne sort-elle pas de ce putain de vestiaire ?

Le gymnase est désormais silencieux et totalement vide. Je décide de descendre et de vérifier par moi-même qu'elle ne m'a pas échappé quand j'entends derrière la porte, sur laquelle est accrochée la pancarte filles, un bruit de pulvérisation. Je reconnais l'odeur de son déodorant. Elle est là ! Je jette un coup d'œil dans le couloir pour vérifier que personne n'est présent, puis, absolument certain qu'il ne reste que nous, je pousse lentement la porte du vestiaire. Margaux me tourne le dos, penchée sur son sac de sport, elle range son déo. Son pantalon moulant lui va comme un gant. Sans bruit, je m'approche d'elle. Elle finit par remarquer mon ombre sur le mur et se retourne violemment, heurtant son sac qui tombe et se vide sur le carrelage.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Je lis la panique dans ses pupilles dilatées. Elle jette des regards désespérés vers la porte que j'ai pris soin de refermer.

— Pourquoi tu ne me réponds pas ?

Elle soupire et tente de passer, derrière son oreille, une mèche de cheveux qui lui tombe sur le visage, mais elle tremble tellement qu'elle n'en coince que la moitié.

— T'as pris de la drogue, c'est ça ? T'es défoncée ? Avoue !

— Va te faire voir, espèce de psychopathe !

En entendant ces mots, je trouve le prétexte que j'attends depuis des semaines, je la gifle violemment.

— Me regarde pas comme ça !

Ses yeux se remplissent de larmes et me supplient de ne pas la blesser. On dirait un petit animal écorché qui cherche à m'attendrir. Je connais cette technique par cœur et elle ne marche pas avec moi.

— Je t'ai dit de pas me regarder ! hurlé-je furieusement dans les oreilles de Margaux.

Je la maintiens contre le mur. Une main sur sa gorge, je l'empêche presque de respirer. Je contiens l'étranglement, juste assez pour que son teint devienne rouge et que ses yeux me supplient d'arrêter. Sous mes doigts, je sens son sang pulser dans ses veines. Son pouls s'accélère progressivement. Si je n'étais pas habité par cette haine qui me consume quand je suis face à elle, je m'attarderais à remarquer la douceur de sa peau, l'odeur fruitée de son parfum ou même la belle couleur bleue de ses yeux. Son corps frémit sous mes gestes et je me sens puissant. Quand je lui fais mal, je me venge de tout ce que j'ai subi et ça purifie mon âme de la colère qui y siège. Je la contrôle.

— Baudry, s'il te plaît, marmonne-t-elle avec difficulté.

Depuis longtemps, elle a saisi que pendant nos affrontements, elle ne devait pas bouger. Plus elle se débat et plus je resserre mon emprise. Alors elle préfère pleurer silencieusement, reniflant par intervalles irréguliers. Les larmes ruissellent sur ses joues et viennent caresser délicatement mes doigts crispés autour de son cou. Lorsque ses yeux rouges et emplis d'effroi, à demi-masqués par ses longs cheveux défaits, plongent dans les miens, je ne le supporte pas.

Je la gifle sauvagement, lui ordonnant :

— Me regarde pas, je t'ai dit ! Tourne-toi ! Tourne-toi !

Je ne me maîtrise plus. La violence circule dans mes veines gonflées et la rage prend possession de mon corps tendu. Nous sommes seuls à l'intérieur du vestiaire. Midi est passé et personne ne viendra nous déranger avant une bonne heure. Je relâche à peine ma prise, juste assez pour que Margaux pivote promptement sur elle-même. Avec violence, je me presse contre son dos. J'ai envie qu'elle connaisse l'enfer que je vis, je veux lui faire mal et la faire souffrir. Je souhaite tellement la punir de l'humiliation que j'ai supportée par sa faute. Tout a commencé en même temps, à ce moment précis. Sans en être consciente, elle a contribué à faire de ma vie un véritable enfer.

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