Psycho Killer (qu'est-ce que c'est ?)

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Et j'étais seule, plus seule que jamais quiconque n'aurait pu l'être en compagnie de Psycho Killer. "Solo con te", chantait sa voix claire et pourtant râpeuse, comme un crissement d'ongle sur une planche de bois. Assurément, je n'étais guère sereine. Je crois même que j'étais terrifiée, bien que je ne su jamais dire ce qui m'inquiéta le plus entre feu ma promiscuité avec Psycho Killer, ou bien le fait de n'être en présence de rien d'autre que de cette personne. Un accent tantôt espagnol, tantôt britannique, tantôt français teintait les ondes sonores projetées par ses cordes vocales dans la pièce, et qui aurait crû que sa mélodie fusse si enivrante ? Si je fus ici et ainsi, en ce jour, en sa compagnie, fort est à parier qu'il en incomba au moins partiellement de mon choix, non ? Je ne crois pas que j'aurais rencontré Psycho Killer sans l'avoir désiré au préalable, que ce soit au plus profond de mes pensées les plus obscures, dans les tréfonds les plus insondables de mon cœur, ou bien dans les épaisses broussailles de quelques merveilleuses jungles oniriques. Il est probable que tout cela dériva, de sa source jusqu'en toute manière, de mon choix. N'importe quel choix. J'étais seule face à Psycho Killer. Une curieuse odeur me piquait les narines, je ne savais cependant la distinguer…

J'avais bu, cette nuit là, ah ! Ce que j'avais bu... Dolande avait vanté ma descente. Peut-être une théière toute entière, tandis que les autres filles s'étaient contentées d'une ou deux tasse de thé. Ce que j'avais soif, diantre ce que j'avais soif... Ma gorge m'avait semblé pareille à une grande caverne longiligne dans laquelle s'engouffrait un vent sec et tranchant dès que s'ouvrait ma bouche. Respirer en était devenu douloureux, voilà pourquoi je bus autant. Ou peut-être avais-je juste soif. Ce devait être les deux. Ma bonne amie Dolande et moi-même revenions d'une tea party où nous avions été conviées, et je garde encore aujourd'hui de délicieux souvenirs de cette charmante fin d'après-midi. N'en déplaise au mauvais temps qui habituellement régnait en maître là où nous vivions, il flottait ce soir là une douce brise printanière et chaleureuse, toute embaumée de vernales fragrances, et qui tenait sur nos esprits la même emprise que l'aurait fait la boisson si l'on eût bu de l'alcool plutôt que du thé. Voici le début de cette histoire :

Il était une fois une fille à mon nom, au vôtre si tel est votre désir, sa chère amie Dolande, et un garçon nommé Michael Roy Klips, de son nom complet (nous prononcions Michaëlle, mais rien ne vous empêche de prononcer Maïkol). J'étais une gentille fille, oh oui : très, très sage, et obéissante, et mignonne, et prude. J'ai toujours été une gentille fille. Autant en étais-ce pour Dolande. Michael était Michael, ce qui est une description des plus détaillées qui se puisse être écrite à son sujet. Charmant, il se trouve que Michael eût tôt fait de s'éprendre de la douce Dolande. Ainsi et bien trop tôt, mariage fût conclût. Dolande déménagea, elle monta sur les grandes villes. Et, furent-ils heureux? Cet union fût-elle de celles se concluant par une longue vie d'allégresse et de complète plénitude, pimentée par la présence de leurs trois, ou cinq, ou huit enfants? Hé bien, s'il se voulût que Dolande et Michael vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, il est pourtant induit -l’ais-je pensé tout du moins- à la réalité que celle-ci se révèle toujours plus cruelle, rationnelle et réaliste que ne pourrait l'être n'importe quel conte de fée et autre récit fantastico-abracadabrantesque. De son mariage avec Michael Roy Klips, Dolande Bebe Clarence, de son nom complet, en ressortit à peine vivante. Faut-il préciser le 'à peine' ! Il est étonnant qu'une toute jeune femme de son âge et d'une physionomie si fragile ait survécu à quatre avortements forcés, car son ventre était encore ouvert, entrailles à l'air et chair et sang et même os ! A découvert, tous, lorsque je la découvrit, étendue pareille à une poupée de porcelaine brisée sur la moquette rouge. Voyez, il se trouve que Michael avait cela du prince charmant que de son point de vue, une vie longue et satisfaite en tous points ne se pouvait, aucunement, être interférée par la présence d'enfants. Pourquoi alors occupa-t-il son épouse à la besogne du lit presque tous les soirs, sans prendre les précautions nécessaires...? Car ce n'était pas de la faute de Michael Roy Klips. Tout du moins, telle fût la défense de celui-ci. Divorce il y eût, et il fallût des années à ma pauvre Dolande pour se remettre de ce qu'elle avait vécu. Souvent, il lui arrivait d'évoquer avec une soudaineté stupéfiante quelques anecdotes dramatiques et autres souvenirs traumatiques de sa vie passée avec Mr Klips en plein milieu d'une conversation. En voici par exemple une qu'elle me conta avec bien des larmes et des chavirements dans la voix, alors que nous prenions tranquillement le thé dans un petit salon en une paisible fin d'après-midi :

"Et tout ce sang ! Et cette odeur ! Cette odeur atroce ! (Elle s'exclama ainsi alors que notre conversation portait jusque là sur autant de sujets communs qu'innofensifs). Michael ! Ah, la vie avec Michael, ce n'était pas un cadeau, ma belle... Comment, oh, mais comment a-t-il fait pour me faire cela ?! M'empêcher de m'ouvrir le ventre, il fallut que le bougre aille jusqu'à m'arracher la lame des mains ! Mon amie, comment vivre jeune et heureuse si l'on est un arbre ayant eût trop vite ses fruits ? Je les aient cueillis un à un, moi, mes petits fruits. Il en voulait beaucoup, ce gourmand, et il a recommencé... Peste que ce borné là, il n'en avait jamais assez ! Jamais jamais ! Vrai, les hommes sont d'une obstination, c'est une peine ! Vraiment... Alors a-t-il fallût que je fasse tout le travail moi-même, tu comprends ? Mais évidemment, Michael est arrivé, Michael a tout gâché : toujours à m'empêcher d'avoir ce que je veux vraiment ! Il m'aurait attachée à une chaise plutôt que de me laisser m'ouvrir le ventre ! Pour des jumeaux! Le penses-tu ! J'aurais eût des jumeaux ! Oh, n'ais-je pourtant pas agit toutes ces années en bonne épouse ? En bonne amoureuse, en bonne fille, très mignonne, très gentille, très sage, très prude; exactement comme toi ? Toi, tu est une égérie de sagesse, ma tendre, pas comme Michael ! Finalement, c'est un coup en plein dans le cœur qu'il fallut, oui, pour le dissuader une bonne fois pour toute de m'empêcher de réaliser mon souhait ! Et c'était donc bien vrai, cette rumeur : le cœur saigne... Tout ce sang, chérie, tout ce sang, si tu savais... (Quelques larmes coulèrent sur ses joues roses.) Enfin, quoique cela fût douloureux, je suis tout de même bien heureuse d'y être arrivé. A m'ouvrir le ventre. D'ailleurs, ce n'était pas des jumeaux, mais des triplets. Quoique..."

Elle poursuivit son récit, mais ses mots ne résonnèrent alors comme rien d'autre qu'un long bourdonnement plat dans mes oreilles. Quelque chose s'était absenté en moi aussi vite que la retenue de la sage Dolande, dont la verve m'apparaissait bien inhabituelle. Mon ouïe, je crois. "Solo con te" était la seule chose qu'il m'était ainsi donnée d'entendre. Quoi que ma tendre camarade ait pu me dire, seuls ces quelques sons, dont la sonorité ibérique m'interpella quelque peu, me parvenaient. Je ne me souviens plus de ce qu'il s'est passé après cela. Tout du moins, il me sembla, de ce que j'en entendis, que ces mots avaient été prononcés par une voix masculine. Je crois avoir entendu Michael Roy Klips. Étais-ce seulement concevable ? Allez savoir…

Mais revenons-en à ce qui était dit plus haut. Voici la suite de cette histoire :

J'avais donc bu cette nuit là, ah, ce que j'avais bu... Enfin, plutôt étais-ce en cette fin d'après-midi, mais les petits désagréments d'avoir autant de liquide dans l'estomac ne m'interpellèrent qu'une fois le soleil couché. Je me satisfaisais tout du moins du constat que mes douleurs trachéennes avaient été agréablement atténuées. Dolande m'avait raccompagnée. Tout cela s'était passé un an après son divorce avec Michael. Tels furent les événements :

Je me souviens de cette journée comme d'un après-midi (et seulement un après-midi) de Décembre absolument délectable. Il y faisait une chaleur douce et onctueuse, comme si ce fût déjà le printemps. Suite à une invitation reçue il y a deux jours nous conviant à la prochaine tea party de notre bonne amie Petroushka, Dolande et moi avions revêtu nos plus élégantes robes et parures, et nous étions rendues au lieu du rendez-vous. C'était un très joli jardin, tout de fleurs enjolivé, de subtils et délicats arômes floraux embaumé. Petroushka nous avait accueillies avec un grand sourire, et eût tôt fait de nous mener à un coin un peu plus reculé du jardin, où se tenait une grande table blanche décorée d'une longue nappe à petits carreaux blancs et rose, toute garnie de petits napperons de dentelle et ornée de pétales de fleurs s'accordant aux choses citées précédemment. D'autres de ses amies, toutes très élégamment habillées elles aussi, se levèrent de leurs chaises de bois albe, pareilles à celles que l'on aurait trouvé dans une maison de poupée ( et toutes avaient d'ailleurs le profil parfaitement adéquat, dans l'allure comme la tenue, y compris les manières et même l'expression faciale, à ce qu'on puisse être amené à les confondre avec des poupées). Elles nous saluèrent une à une, se présentèrent. Nous n'en connaissions aucunes, peut-être. Puis, vint le tea time.

L'organisation d'une tea party est la suivante :

1) Localiser l'événement dans un lieu confortable et élégant, si possible dans la nature, ou un jardin tout du moins, en veillant à ce que celui-ci soit calme.

2) Apporter un soin tout particulier à la tenue de la table, et en exiger une tout autant convenable pour les convives.

3) Disposer les couverts, le thé, et les gourmandises de sorte à ce que qu'ils soient à la portée de toutes et tous. Les noms des invité(e)s seront savamment disposés devant chaque assiette et tasse, de sorte à ce que chacun sache où se placer.

4) Il est exigé que le thé servit soit de la meilleur qualité qui soit, et que les sandwichs, les scones, les crumpets et les mignardises aient été faits maison.

5) L'eau est cependant optionnelle pour le thé.

6) Il est nécessaire de ne pas s'attarder sur la composition des confitures de 'fraise' et de 'groseille', autant que sur la texture des petits dés de 'jambon' dans les sandwichs.

7) Accompagner l'ambiance de la tea party par quelques vieux classiques passés sur un ancien gramaphone. Tea For Two reste une référence qualitative, mais l’hôte peut prendre les libertés de présenter les pistes sonores de son choix.

8) Les bonnes manières, l'étiquette et la politesse sont de rigueur.

9) Il est préférable que l'événement ait lieu vers le milieu ou la fin d'après-midi. Il peut néanmoins avoir lieu le matin également, sous forme de brunch. Les mets seront évidemment adaptés en conséquence.

10) Éviter toute présence, en quelque manière que cela se puisse, de Psycho Killer.

Telles étaient les règles énoncées deux jours plus tôt par Petroushka dans les invitations que Dolande et moi avions reçues. Il se trouve que tout le monde s'y était tenu. Et alors, quel agréable après-midi ce fût pour nous toutes ! Il m'avait rarement été donné l'occasion de voir Dolande si allègre depuis son divorce avec Michael, et elle rit beaucoup. J'étais bien contente pour elle. Mais quelle était alors cette soif, cette soif infâme qui étreignait au même moment toute ma gorge ? Il me semblait avoir comme un feu dans le corps, les sensations en étaient après tout les mêmes : tantôt ma trachée me semblait se calciner et se ratatiner à l'intérieur même de mon œsophage, tantôt mes poumons me paraissaient s'embraser de l'intérieur… Et tout cela à cause de cette soif mordante, de cette chaleur coupante et étourdissante… ! Et nous sommes en Décembre !! Oh, je bus, je bus jusqu'à plus soif, sans façon de parler. Une théière entière approximativement, voilà tout ce que j'ingurgita, sans pour autant être capable d'avaler quoi que ce soit d'autre. J'avais bien remarqué que Dolande fit probablement excès de crumpets à la confiture de 'fraise' ou de 'groseille' (mais il fût demandé de ne pas s'attarder sur leur composition tout à fait semblable à celle du sang, à cela près que l'odeur demeurait celle sucrée et musquée des fruits dont elles auraient dû être composées). Mais ce n'était pas un problème. Soit dit en passant, toutes les filles invitées par Petroushka, y compris Petroushka elle-même, paraissaient être au vent des moindres nouvelles concernant mon amie et Michael Roy Klips. Qui le leur avait dit ? Mais oui ! Psycho Killer, bien sûr ! Psycho Killer, car ce fût le sujet d'une grande partie de nos conversations, si ce n'est que nous ne parlâmes presque que de cela, tant absorbées dans nos discussions que certaines en oublièrent même de boire leur thé, qui ainsi refroidit piteusement dans leur tasse.

Finalement, tandis que pointait le crépuscule et se levait la lune, au chant des hiboux et chouettes qui déjà hululent, Dolande et moi-même prirent congé de Petroushka et des autres. Nous étions les avant-dernières à être parties. La dernière demeura quelques temps encore. C'était une jolie brune un peu ronde aux grands yeux verts, elle se nommait Prudence.

Que l'air était bon ! Tiède et doux, s'il fallut lui donner une texture, je lui aurait attribué celle du nuage ou du coton. Mais, j'avais trop bu. Dolande eût beau avoir vanté ma descente, il n'empêche que je me sentais maintenant appesantie par la boisson, et hagardie par les lourdes, et pourtant voluptueuses, fragrances nocturnes qui parcouraient les rues dans lesquelles nous marchions d'un pas vagabond. Je m'effondra à terre d'un seul coup. Dans le même bruit de chair flanchée contre le sol qu'avait dû faire le corps de Dolande le jour où elle décida d'avorter par ses propres moyens : et qu'elle mena, debout tout d'abord, la lame consciencieusement aiguisée du couteau de cuisine à son estomac. Et ce n'était d'ailleurs pas au ventre que j'avais mal, mais à la tête, à la gorge, au nez... Sons et impressions, odeurs et senteurs, mals et mals s'étaient apparemment mélangés dans mon corps et mon cerveau en un composant tel que je fus proprement incapable de lui opposer une quelconque résistance, au moment même ou il frappa. C'est peu de le dire : ce qu'il frappa fort tout de même...

"Solo con te, yo soy solo con te...

-Solo con te, yo soy solo con te...?"

Ce sont bien les mots que Psycho Killer et moi échangeâmes, dès lors que j'étais seule, plus seule que jamais face à Psycho Killer. Sa voix était claire et râpeuse, comme un crissement d'ongles sur une planche de bois. Assurément, je n'étais guère sereine. Je crois même que j'étais terrifiée, bien que je ne su jamais dire ce qui m'inquiéta le plus entre feu ma promiscuité avec Psycho Killer, ou bien le fait de n'être en présence de rien d'autre que de cette personne. Et ma tête me faisait mal, mon ventre aussi, mon nez...mon nez me piquait, une atroce odeur s'imprégnait de mes narines. A ce stade, je fus presque sûre qu'il s'agissait de chair brûlée. Mais quelle chair ? Se pouvait-il qu'ils s'agisse de celle de Michael ? De Dolande ? De Petroushka, Prudence, ou d'autres filles de la tea party (Madeline, Zenobia, Georgina, Felicity, Aimée, que de jolis noms…) ? La mienne, peut-être ? Autour de moi, autour de cette chaise où j'étais attachée avec grand soin, de sorte à ce que je ne puisse faire le moindre mouvement hormis légèrement orienter ma tête, je voyais pourtant tant de choses, tant de chair qui pouvaient être en pleine calcination sans même que je ne le perçoive ! Se pouvait-il qu'il s'agisse du chat noir miaulant par delà la porte ? De l'individu au chapeau feutré portant ledit chat sur ses genoux ? Les murs peut-être... Si les murs brûlent, si je perçois qu'ils brûlent, Psycho Killer y a mis le feu. Voilà. Il ou elle aurait enflammé les murs, d'où les effluves...florales ? Ce n'est pas logique ! Solo con te, yo soy solo con te, et c'est peu de le dire !

Ah, c'est donc ainsi. Oui, à supposer que l'identité de Psycho Killer ne me soit pas inconnue, Psycho Killer aurait trouvé à sa convenance un petit endroit, sombre et chaud, et humide... L'on suffoque ici. L'on s'intoxique ici. Il est en retard ! Il est en retard ! Psycho Killer si c'est ce que je pense que Psycho Killer soit, il est en retard ! Attends ! Attends ! (C'est ainsi que je réalisa que j'étais attachée).

Et soudain l'illumination ! Car bien que Psycho Killer ne se manifesta pas, il m'apparût évident que j'étais Psycho Killer ! Et que je me sois moi-même attachée, de sorte à ce que je sois dans la totale incapacité de m'échapper de moi-même ! AH ! Et il est vrai que les murs brûlent ! Les murs de déni que les démons de mon esprit ont bâtis autour de ma cervelle comme une forteresse imprenable ! Voilà pourquoi il était en retard, la barrière à détruire s'était en fait montrée particulièrement résistante, peut-être même plus que Michael et Dolande ne l'eurent prévu lorsqu'ils convinrent de faire de moi Psycho Killer. Voilà pourquoi Petroushka et les filles de la tea party, tout autant Prudence, en savaient autant de choses sur ces deux là. LA TEA PARTY ÉTAIT UN AVERTISSEMENT !!! Et je n'ai pas compris, je n'ai pas écouté, car j'avais SOIF ! J'avais soif soif soif à en mourir, car il y avait déjà un feu qui brûlait en moi, et que je ne pouvais éteindre !! Michael et Dolande, eux l'ont allumés, ce grand brasier en moi ! Car...pour sûr ! Michael Roy Klips et sa jolie Dolande qui s'est plusieurs fois ouvert le ventre de son plein gré -cette grande givrée- ne sont sans doute qu'une seule et même chose ! Pas une entité : une chose ! Et autant cela était-il facile à deviner pour Michael, car après tout son nom est d'une judicieuse indication, autant en fût-il autrement pour Dolande ! Mon amie, est-ce pour cela que nous étions si proche ? Est-ce pour cela qu'elle me confiait tout, y compris les pires horreurs que Michael voulût lui faire subir ? Bien sûr que leur mariage fût un échec complet qui ne puis aboutir à rien d'autre qu'un sanglant divorce ! Michael avait refusé que Dolande ne s'avorte. Il ne pouvait pas concevoir, aussi insidieusement qu'il le puisse du fin fond de sa pensée commune avec son épouse, puisque tous deux sont une même chose, que celle-ci désire effacer de ce qui les fait tous deux ce qui aurait perturbé l'équilibre jusque là maintenu ! Michael voulait des enfants, Dolande n'en voulait pas; ils m'ont fait Psycho Killer pour que j'en vienne à comprendre ceci… ! Et ainsi, les confitures de 'fraise' et de' groseille' à la tea party de Petroushka étaient en fait : Le… Sang… De… Michael... Ou de ses enfants. Ses enfants avortés. De force. Par la main de leur mère. !!!

Et maintenant que l'odeur de brûlé empoisonnait jusqu'à l'intégralité de mon système olfactif et que tant de vérités occultés s'étaient désormais éveillées à moi, je n'eus d'autre questionnement que le suivant : qu'est-ce que Psycho Killer ? Qu'est-ce que c'est ? Ne pas savoir me cognait la raison avec plus de violence qu'un marteau ne l'aurait pu, à moins que je ne sois moi-même entrain de me donner des coups de marteau sur la tête en ce moment même, c'est une chose qu'il faut vérifier. ... Apparemment non. Je suis attachée, je cherche à me détacher. Où sont maintenant Dolande et Michael ? Si j'avais seulement écouté Petroushka et Prudence, peut-être le saurais-je. OH, mais sans doute y eût-il un jour ou je le su !! Le jour d'une tea party peut-être? Peut-on seulement parler de jour lorsqu'une tea party se déroule habituellement le matin ou l'après-midi ? Il n'empêche, je n'ai guère tenu de leçon de l'avertissement qui me fût donné, c'est une peine... Peut-être y avait-il dans le thé, ce jour là, une indication concernant Psycho Killer. A compté que je sois Psycho Killer, que Psycho Killer puisse seulement être, et demeurer conçu(e) dans un esprit quelconque et possiblement brûlant... Je dirais même volcanique ! Alors faut-il que je m'en aille ! Et alors que cette odeur, cette terrible odeur âcre embaume toujours un peu plus mes narines jusqu'au dégoût le plus complet, fus-je persuadé d'entendre ma voix, et celles de Dolande, Michael, Petroushka et Prudence, toutes hurler :

"COURS ! COURS ! COURS ! COURS ! COURS ! COURS ! ENFUIS-TOI !!!"

OH ! Tout le monde, encore une fois !

"COURS ! COURS ! COURS ! COURS ! COURS ! COURS ! ENFUIS-TOI !!!"

Et alors que le feu me mordait, goûtait à tout de moi et dévorait tout en ce qui jamais me composa, "Solo con te" chantait Psycho Killer. Si je ne suis pas Pycho Killer. Si je le suis, qui chanta ? "Solo con te", d'une voix claire et râpeuse...

...J'ai oublié ce que je suis...!

FIN

A Orléans, le 16/03/2020

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