SAM (3 / 3)

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  — Tu aurais dû écouter ta maman, maman ! fit Sam de sa voix de nourrisson.

Valentine demeurait sans voix. Il reprit :

Papa sera là dans… trois… deux… un...

— Mémoire de poisson rouge, entendit-on dans l’allée. Fais chier ! La vitre !

À travers, Max trouva Valentine prostrée à quelques mètres de son bébé ainsi que le corps de sa belle-mère.

— Putain de merde ! Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Sam est un démon, Max ! Il a tué ma mère.

— Quoi ?

Max tentait d’ouvrir la porte à l’aide de son bras depuis l’intérieur de la maison. Sans résultat. Il ne pouvait qu’assister à la scène jouée devant lui.

— Oh, mon petit papounet est de retour. Ton badge est sur le meuble, dit Sam. Tête de linotte !

— Max, appelle la police, vite !

Ni une ni deux, il sortit son téléphone de sa poche et composa le 17. Il sentit alors dans sa main une intense chaleur lorsque l’appareil toucha son oreille. Une odeur de matière artificielle brûlée capta son attention, mais avant même qu’il pût examiner son téléphone, celui-ci prit feu, enflammant au passage le col de sa veste. En dépit de ses tapes désespérées, les flammes s’accentuèrent, se propagèrent. Dans l’allée braillait de douleur une torche humaine. Se rouler par terre ne servit à rien. Valentine sentait déjà la puanteur que dégagent les corps brûlés.

— Oups ! Surchauffe de batterie ! Ça arrive ! pouffa le bébé.

Max s’immobilisa. Dans la rue, les passants affluaient, composaient tous les numéros de secours possible. Certains tentaient d’éteindre le feu à l’aide de leurs propres vêtements. Le voisin tira même son tuyau d’arrosage jusque Max, mais l’eau n’eut pas plus d’effet que le reste.

— Bon et maintenant ? Allez, maman ! Dépêche-toi un peu ! Je commence à m’ennuyer.

Valentine pleurait à chaudes larmes. Une idée insoutenable lui traversa enfin l’esprit : tuer Sam. Il en allait désormais de sa survie, et peut-être de celle d’autrui.

Puisant dans ses réserves de courage, elle se releva et saisit, sur le meuble d’entrée, le lourd trophée de patinage artistique qu’elle avait gagné dix ans plus tôt. Souvenir de jeunesse.

— Avec un trophée en forme de patin à glace ? s’étonna Sam. Enfin un peu d’originalité !

Dans un rugissement de femme déchainée, Valentine s’approcha de son enfant et lui fracassa le crâne avec le socle. À sa grande surprise, rien ne se produisit. Aucune forme de défense. Il s’était tout bonnement laissé faire.

Valentine se laissa tomber sur les genoux, au bord de la folie, le regard rivé sur son bracelet, porteur de la fusion des prénoms qu’auraient respectivement voulu donner Max et Valentine : Samuel et Maël.

Les avertissements de sa mère tournaient en boucle dans son cerveau :

« On ne donne jamais un nom de démon à un enfant. »

Ailleurs, en France.

— Félicitations ! Vous allez l’appeler comment ?

— Papa voulait Samantha. Et moi, je voulais Emmanuelle. On a longuement hésité avec Samuelle, mais pour finir, ça sera Samaelle !

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