Chapitre 3. ♤

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La mer. La chaleur du feu de camp. Les vagues et la douce mélodie qu'elles produisent lorsqu'elles viennent caresser le sable avant de finalement reculer pour revenir une nouvelle fois contre-attaquer les rochers. Les rires rauques de Jonathan et Raphaël qui se mélangent pour ne former plus qu'un seul et même son. Le sable humide mais doux aux touchés, qui se faufile sous les vêtements et qui démange. Ce même sable dans lequel l’on peut enfoncer nos orteils et qui provoque une sensation de caresse sous la plante des pieds. La timide brise qui fait voler les boucles brunes de la queue de cheval de Hope dans l’air puis qui vient lui chatouiller la nuque avec ses affectueux frôlement.

Hope ressert ses bras autour de son corps et tourne son regard vers l’océan où le soleil se reflète une dernière fois avant de disparaître. Elle enfonce son pied gauche dans le sable et soupir de soulagement en ressentant cette divine sensation. Elle ferme délicatement les yeux pour avoir l’impression que ses sens se développent. Elle se coupe de tout ce qui l’entoure et efface de sa mémoire le superficiel pour mieux se concentrer sur ce qu’elle juge essentiel. L’odeur du sel de mer lui monte au nez et elle sourit en sentant que ses narines sont titillées et que le sel lui donne envie d’éternuer.

Elle se voit se lever, laissant tomber le plaid qu’elle a sur les épaules. Portant ses mains au bas de sa robe pour l’enlever et se retrouver en sous-vêtements, debout, au beau milieu d'une plage quasiment déserte. Elle sent déjà sur sa peau le vent suivre la ligne de ses courbes. Elle enfuit davantage ses pieds dans le sable jusqu’à ce qu’ils disparaissent, engloutit par ces grains de poussières. Elle s’imagine s’imprégner de la nature et de sa force pour pouvoir de nouveau tenir sans avoir besoin d’une quelconque aide. Puis elle lâche ses cheveux et avance vers l’eau. Elle laisse ses bras le long de son corps, avançant machinalement, sans réfléchir, les muscles mous mais dur à la fois. Ses doigts frôlent l’eau sans pour autant la transpercer. Comme une timide caresse, elle frôle d’un air fougueux avant de prendre peur et de ralentir en décidant de s’éloigner de la tentation. Puis quand l’eau est à sa taille, elle lève les yeux vers le soleil qui devient de plus en plus orangé quand il s’en va. Hope a l’impression que soleil va bientôt toucher terre ou se noyer dans l’eau fraîche. Et finalement, dans un dernier élan, elle se retourne dans une délicate et gracieuse pirouette pour venir rentrer dans l’eau comme si elle tombait à la renverse. Et à cet instant-là, entre la plénitude et l’angoisse de mourir, elle ouvrira les yeux une dernière fois pour voir le reflet de ce même soleil vu depuis les fonds marins. Pour définitivement arrêter de respirer pour mieux renaître dans un nouveau corps, une nouvelle nature. Elle se sent happé par les profondeurs de cet océan qu’elle affectionne tant avant de sentir une prise sur son avant-bras qui la tire en dehors de l’eau et qui lui fait faire tout le chemin en arrière.

Soudainement, elle revient sur terre, coupée de ce monde idyllique, par Jonathan qui lui secoue le bras. Elle ouvre subitement les yeux, le souffle coupé, les battements de son cœur s’accélérant.

  • Hope, t’es là ?

La concernée se tourne vers son frère et son petit-ami qui lui sourient d’un air amusé en la voyant perdue dans ses pensées.

  • Une sirène t’a envoûté ou quoi ?

Hope dévisage son frère et secoue négativement la tête, ne comprenant pas ce qu’il dit, tout en remettant correctement sa couverture sur ses épaules.

  • Quoi ?
  • Bah on te demande, on ne sait jamais. Tu avais l’air passionné comme absorbé par la contemplation de l’océan.
  • Et tu souriais niaisement comme quand Jo’ fait une blague complètement nulle mais que tu ris pour qu’il ne se sente pas seul.

Jonathan se tourne vers le brun et le regarde avec les yeux exorbités, d’un air outré, et beugle tel un cochon que l’on écorche.

  • Quoi ? Mais je ne fais jamais de blague nulle ! Et ta sœur rit parce que je suis hilarant. T’es jaloux, c’est tout.

Les deux garçons ne font plus attention à Hope et reprennent leur débat pour savoir qui est la plus jolie entre Bella et sa sœur aînée Gigi Hadid.

Pendant, ce temps, Hope se remet tout doucement de ses émotions. Elle a déjà pensé à la mort depuis son accident de voiture mais elle n’en a jamais rêvé ainsi. D'habitude elle y pense avec douleur, peur et se réveille en sueur. Alors que là… Elle a presque fait un rêve éveillé. Un rêve presque féerique, doux, comme une libération. Elle se sentait légère, invincible. Elle avait l’impression d’être à sa place, là où elle aurait toujours dû être. Elle regrette que ce ne soit pas possible de revivre cette sensation de sérénité et de parfaite communion avec l’eau.

Au lieu de ça, elle attend avec le blond et son jumeau sur la plage, assis sur des couvertures. Elle regarde sa montre et songe au fait que leurs amis ne vont plus tarder pour le feu de camp. Ce soir, c’est soirée de fête. Tous ensemble ils vont chanter, faire la fête, rire, boire et parler des bons moments au bord de la plage, assis autour d’un feu de camp, enroulé dans des couvertures pour la fête nationale.

Jonathan adore les feux d’artifices et il n’en rate jamais un. Il en est dingue comme un petit chiot avec qui l’on joue à la baballe. Il se lève, crie comme un taré et court partout en faisant de grand geste comme un idiot. Ça fait beaucoup rire leurs amis, ça émeut énormément Hope qui est heureuse que Jonathan est gardé une part de son enfance.

Une fois de plus elle est coupée dans la contemplation du visage angélique de son homme par la voix rauque, cette fois-ci, de son frère qui s’insurge devant les dires de son meilleur ami.

  • A quel moment tu peux comparer Gigi et Bella à ma sœur ? Elles ne jouent clairement pas dans la même cour ! Désolé sœurette, ce n’est pas pour te vexer.

Chuchote Raphaël après avoir tiré sa sœur vers lui. Hope soupire.

  • Bien sûr Raph…
  • Bah je trouve ta sœur plus jolie. Je ne peux pas mieux te le dire. Et puis les appellent pas par leurs prénoms comme si c’étaient tes super amies non plus, calme-toi mon gars !

Déclare-t-il à vif, ne supportant pas les paroles de son meilleur ami. Jonathan retire de l'étreinte de ce dernier sa petite-amie et la met dans ses bras où elle vient se blottir contre son torse.

  • Tu dis ça parce qu’elle est là mais en vrai, entre nous, avoue laquelle tu préfères.

Hope jette un regard furibond à son jumeau, n'appréciant guère d'être mêlée à cette conversation contre son grès.

  • Raph arrête, s’il te plaît…
  • Oh ça va ! On ne peut rien dire avec toi de toute façon !

S'offusque le concerné en se levant dans un bon. Hope ne souhaitant pas rester abaisser en taille par rapport à son frère qui est déjà bien assez grand comme ça grâce à son mètre 85, se lève elle aussi. Certes avec plus de difficulté mais elle fait quand même l’effort. Ils se font face comme dans les duels, quasiment tête contre tête. Jonathan qui sent que les jumeaux commencent à se disputer et qui veut éviter le pire pour passer une bonne soirée se lève à son tour et se met entre les deux Bâle.

  • Hé, venez, on fait un jeu en attendant les autres !

Raphaël ne dit rien mais s’éloigne et se rassoit en tailleur sur la couverture qui est disposée par terre. Tandis que Hope se tourne vers son petit-ami et le questionne.

  • Ok mais quoi ?

Le blond réfléchit quelques instants avant de taper dans ses mains comme un enfant et de sauter sur place ce qui fait rire aux éclats Hope. Même Raphaël, qui fait semblant de bouder, à esquiver un sourire face à l’attitude de son meilleur ami.

  • Oh je sais ! C'est un jeu auquel je jouais tout le temps quand j'étais petit ! Il est super en plus comme ça tu en apprends beaucoup sur les gens.
  • Ah et qu'est-ce que c'est ?

Soupire le brun en s’allongeant par terre, regardant les étoiles d’un air songeur.

  • En fait, il y en a un parmi nous, par exemple moi, qui vais vous poser à tous les deux trois questions et vous devez y répondre très sincèrement. Si je juge que ce n'est pas sincère, j'ai le dois de vous donner un gage.

Raphaël interpellé par les dires du blond, qu’il croit être tombé sur la tête, le regarde de travers mais voyant son sérieux, il se redresse le buste dans un bond.

  • Quoi ? Mais il est ultra nul ton jeu !
  • Pff mais non, c’est toi le nul ! C'est juste parce que tu es dégoûté de ne pas avoir connu ça quand tu étais petit !
  • Mais je m'en tape de ça moi !

S’exclame Raphaël en dévisageant son ami.

  • Il ressemble beaucoup à action-chiche-ou vérité ton jeu Jonathan.

Ajoute Hope qui est amplement d’accord avec son frère sur ce coup-là.

  • Mais non ! Il est dix mille fois mieux que cette bouse !

Se tourne vers elle, le blond, offusqué par tant de mépris.

  • Pourtant ce sont les mêmes règles...

Continue Hope, ayant peur de détruire les souvenirs d’enfance de son bien-aimé.

  • Non. Là, c'est différent car vous n'avez pas le choix des questions !

S'exclama tout content le rebelle dont le sérieux échappe à ses deux amis. Hope gênée, frotte son bras du bout des doigts, tout en lançant un regard en biais à son jumeau, incapable de d’exprimer autre chose que du désarroi.

  • Euh... D'accord si tu veux.
  • Allez, on joue !

S’écrit Jonathan, ravi. Il attrape la manche de Hope puis s’assit en l’entrainant avec lui sur le sol. La jeune fille tombe sur ses fesses avant de pousser un petit cri aigu sous la surprise de l'impact. Mais ses acolytes n’y prêtent pas attention et continuent de se disputer.

  • Non flemme ! Il a l'air nul ta contrefaçon d'action-chiche-ou vérité !

Bougonne monsieur grognon qui boude toujours. Raphaël n’en a pas l’air à première vue mais c’est lui l’enfant le plus capricieux et difficile à satisfaire des Bâle Bâle. Il a une si grande fierté qu’il est impensable pour lui de présenter ses excuses ou de « s’abaisser » face aux autres comme il le dit si souvent lorsqu’il se dispute avec son entourage. Mais Raphaël déteste être en froid avec sa sœur, pourtant il sait qu’il est en tort et apparemment la brune ne lui en veut aucunement, mais il ne peut pas s’en empêcher. Il est fait ainsi : un peu égoïste sur les bords, comme leur mère.

  • Mais !
  • Franchement ils sont tarés ces Américains ! Ils sont presque aussi pires que les Chinois. Quand ils aiment bien un truc, mais qu'ils ont le seum de ne pas l'avoir créé en premier, ils volent le principe pour ensuite signer de leur nom à la "Made in China" de merde là !

Jonathan ouvre grand la bouche d’un air sidéré avant de pointer du doigt le futur coach sportif. Il tourne ensuite sa tête vers sa petite-amie qui fait semblant de regarder ses ongles de pieds et à son tour, mais avec son autre main, il la pointe du doigt d’un air accusateur. Sa bouche s’agrandi davantage comme si elle allait se décrocher de sa tête.

  • Fais gaffe Jo’ tu vas avoir des crampes à la mâchoire. Quoi que… Non, continue tout compte fait, ça nous fera des vacances de ne plus t’entendre.

Se moque de lui le ténébreux. Cette fois-ci l’Américain pousse un petit cri si fin que Hope croit ne pas l’entendre et quand elle regarde son petit-ami, elle est surprise de le voir sur un arrêt image. Raphaël la regarde avec surprise et montre d’un mouvement de tête leur ami commun.

  • Tu penses qu’on ne lui a jamais dit que ce jeu était nul ? Vraiment jamais ?
  • Il est susceptible. Je pense que personne ne lui a jamais dit quoi que ce soit. C’est triste… Heureusement que je suis là pour toi, moi.

Ricane Hope en haussant les épaules d’un air fataliste. Raphaël est partagé entre lui sauter à la gorge et lui faire bouffer du sable jusqu’à ce qu’elle lui demande pardon ou rire avec elle de la situation.

  • Calme-toi Rapha.

Essaie de tempérer Hope en souriant doucement à son frère en voyant le dilemme qui se passe dans sa tête et qui, finalement, se met à rire, et accepte de jouer pour le plus grand bonheur de son meilleur ami qui est revenu d’entre les morts si ce n’est plus.

  • Allez, on commence ! Alors vous préférez savoir quand, pourquoi ou comment vous allez mourir ?
  • What ? Mais c’est quoi cette question ? Non c’est bon, j’arrête !

S’injure Raphaël.

  • Réponds c’est tout.

Murmure le blond en stoppant directement le brun dans sa tentative de fuite en l’attrapant par la cheville.

  • Bon euh… Je ne sais pas vraiment… Je dirais « pourquoi » pour essayer de l'éviter même si je sais que je risque d'échouer. Et toi ?

Lui demande le brun en retour.

  • Je choisis « comment », pour connaître la douleur ressentie au moins une fois, comme ça je pourrais m'y préparer psychologiquement avant de réellement mourir. Et toi Hope ?

Les deux paires de yeux se tournent vers elle comme ceux d’un seul homme. Ça lui provoque des frissons l’espace d’un court laps de temps puis elle déglutit et essaie d’y réfléchir puis de la manière la plus naturelle, elle clame qu’elle est immortelle et qu’elle trouve ça idiot comme question.

  • Non mais sérieusement Hope !

S’impatiente Jonathan qui est très curieux.

  • Je suis très sérieuse. Tant que quelqu’un vit et pense à moi alors à jamais je vivrais dans son cœur.

Jonathan est bouche-bée devant un tel sens de la répartie qu’il se sent obligé de l’applaudir. Elle fait une petite révérence et ouvre le panier à pique-nique où elle prend du raisin qu’elle commence directement à manger. Du moins jusqu’à ce que Raphaël lui pose une question des plus étranges.

  • Et tu préfères la vie ou la mort ?

Beaucoup trop rancunier et voulant un peu humilier et embêter sa sœur devant le petit-ami de celle-ci, Raphaël veut la punir de lui avoir tenu tête. Depuis l’accident les jumeaux ne se parlent plus, ou très peu. Quelque chose s’est brisé. Hope pense que son frère ne tire plus assez partie d’elle et que sa mère met trop en avant son frère depuis que cette dernière a décidé que Hope ne comptait plus pour un mais pour une moitié de personne. Jonathan, lui, est persuadé que son meilleur ami est terrifié de perdre sa sœur depuis l’accident et qu’il essaie de s’éloigner d’elle dans la douleur pour moins souffrir le jour où elle partira réellement. Raphaël sait quelque chose que Jonathan lui-même, qui vit avec Hope, ne sait pas et ça le tourmente. Les enfants Bâle ne se parlent plus depuis cette soirée où Hope a été appelé par le club de surf pour la prévenir que le sélectionneur de l’équipe nationale de surf Australien l’avait remplacé par sa pire ennemie. C’est le brun qui est allée la consoler, des mots se sont échangés étant donné les cris que l’on a pu entendre de l’autre côté de la porte. Puis Raphaël est sorti en trombe de la pièce, a pris ses affaires, a marmonné des dizaines d’insultes concernant sa sœur avant de partir en claquant la porte d’entrée de l’appartement de son meilleur ami. Voilà maintenant presque deux mois que les jumeaux ne s’étaient pas vus. Ce n’était pas aussi catastrophique que prévu mais ce n’est pas mieux non plus surtout si Raphaël continue sur son idée de pseudo-vengeance.

  • Raphaël, non sérieusement là arrête !
  • Laisse-moi faire. Alors Hope ? Réponds.
  • La mort.
  • Et pourquoi ?

Raphaël la regarde clairement, les yeux dans les yeux, avec un air de défit malsain qui a donné à tant de personne envie de frapper Raphaël au visage pour lui enlever ce sourire suffisant. Il est si méprisable quand il se comporte ainsi, se dirent les amoureux en même temps sans pour autant l’exprimer clairement.

  • Parce que je veux savoir ce qu'il y a après la mort. Et toi ?
  • Moi, je préfère la vie parce que la mort me terrifie. Je ne sais pas ce qu’il m’attend derrière.
  • C’est ironique vu que moi je la préfère pour ça justement.

Répond Hope avec le même air, le même méprit dans le regard, la même moquerie sur le bout des lèvres et la même détermination dans la position de son corps. Le buste en avant, les bras croisés sur sa poitrine.

  • Super ! Quelle ironie parfaite ! Hahaha c’est fou ce qu’on peut se marrer avec vous deux ! Non sérieux, on arrête avec ce jeu et on mange !

Éclate faussement de rire Jonathan en essuyant une tout autre fausse larme. Son regard trahit sa panique intérieure. Il prie pour que leurs amis arrivent mais ils tardent et l’heure tourne. Comment va-t-il faire si les Bâle s'entre-tuent ? Rien que la vision du regard meurtrier d’Éric Bâle, le père des jumeaux, contraint le blond à les séparer puis les faire patienter avant qu’ils n’y aient des gestes ou d'autres paroles regrettables.

  • Tu es sûr Jonathan que tu ne veux pas savoir la vraie raison de ta petite-amie de préférer la mort ?
  • Non. C'est entre vous deux cette histoire et puis moi je trouve ça glauque, j'ai faim en plus. Allez, à table !

S’écrit Jonathan, joignant ses mains dans un clap comme quand les japonais se souhaitent bon appétit. Il attrape les affaires qui composent le pique-nique et commence à tout étaler. Mais Raphaël n’est décidément pas prêt à lâcher l’affaire. Parler de mort, Jonathan déteste ça, surtout depuis l’accident, mais il sait que c'est en raison de ce même sujet que les jumeaux se sont disputés. Il a voulu remettre le sujet sur la table pour calmer les tensions. C'était maladroit, certes, mais il voulait les amener à prendre conscience de certaines choses. Par exemple, lui a compris la valeur de la vie. Depuis il vit à fond.

  • Bon allez Hope dis-le lui comme ça il va enfin arrêter avec ses conneries.

Soupire Jonathan qui déteste contraindre Hope à dire ou faire quelque chose qu’elle ne souhaite pas faire. Cette dernière à les larmes aux yeux et détourne le regard, refusant de parler, se plongeant dans le mutisme.

  • Tu ne peux pas ou tu ne veux pas, hein Hope ?

S’énerve Jonathan en se tournant vers lui. Raphaël est quelques instants surpris par la réaction de son ami mais reprend vite ses esprits et son idée à deux balles.

  • Les deux mais qu’elle est la différence ? Allez laisse-là quoi !
  • Elle est immense. Allez, développe un peu plus Hope.
  • C’est parce que…

Elle gratte son bras, puis sa nuque, y laissant des grosses traces de griffures qui rougissent très vite.

  • Oui vas-y continue.
  • Arrête de lui parler comme à une débile !

La défend le blond qui commence de plus en plus à péter un câble. Hope se met à tirer sur les manches de sa veste et à se couvrir de la couverture jusqu’au cou, ne serait-ce jusqu’à la tête.

  • Alors Hope ? Tu as perdu ta langue en même temps que ta jambe ? C’est pour ça que c’est ton frère chéri qui n’a de cesse de parler à ta place ?
  • Raphaël je ne ris plus du tout là ! Retire ce que tu viens de dire et tout de suite avant que je ne te casse la gueule !

Se lève le rebelle en attrapant l’arrogant par le col de son t-shirt, le soulevant. Raphaël rit comme pris de folie ce qui pétrifie sur place Jonathan qui ne l’a jamais vu dans un tel état.

  • Dis-lui ce que j’ai découvert Hope !
  • J’ai choisi la mort parce que je n’en peux plus de vivre et parce que je ne veux plus jamais souffrir. Voilà t’es content maintenant ?

Il met quelque temps à réaliser que sa bien-aimée est en train de partir vers le parking, seule.

  • Quoi ? Non, Hope, attends !

S’écrit Jonathan en lâchant lourdement au sol son ami qu’il tenait toujours par le col.

  • Non, laisse-là elle a besoin d’être un peu seule.
  • T’es fou toi ! Je ne vais pas laisser seule ma petite-amie, qui est également ta sœur jumelle au cas où tu l’aurais oublié, après ce qu’elle vient de me dire !
  • Bon alors laisse-moi y aller, pour me faire pardonner.
  • Non. Interdiction de l’approcher tant qu’on n’a pas eu une petite discussion toi et moi.

Déclare Jonathan avant de lui tourner le dos et de partir en courant jusqu’au parking où il voit Hope marcher doucement, s’appuyant difficilement sur ses béquilles.

  • Hope ? Allez quoi c’était pour rire ! Tu le connais, ton frère ne voulait pas être méchant. Il est juste un peu con.

Hope s’arrête de marcher et se retourne vers son petit-ami. Quand ce dernier voit les larmes de la jolie brune couler le long de ses joues, il meurt d’envie de retourner sur la plage pour mettre son poing dans le visage de Raphaël, mais il meurt également d’envie d’encore plus protéger Hope qui est très à vif.

  • Moi j’en ai marre qu’on lui passe tous ses caprices et qu’on lui donne des excuses toutes faites sur un plateau d’argent. On va avoir vingt-et-un an lui et moi cette année, il serait tant qu’ils grandissent un peu dans sa tête !
  • Hope… Ne te vexe pas pour si peu. Pas ce soir, s'il te plaît.

A peine les mots dit que le blond ferme les yeux en se mordant machinalement la lèvre inférieure. Qu’est-ce qu’il dit comme connerie lui aussi, c’est fou ! Hope sent en elle monter une violente colère qu’elle essaie par tous les moyens de canaliser. Mais pour combien de temps ?

  • Pour si peu ? Tu te fous de moi, j’espère ! Tu sais ce que ça fait de perdre un membre de ton corps, de ne plus pouvoir l’utiliser mais pourtant il est toujours là et il te fait toujours autant souffrir comme si jamais la douleur ne pourrait s’en aller ? Est-ce que tu sais ce que ça fait de voir ses rêves partir en fumé, toutes ces années de sacrifices réduites à néant ? Sais-tu ce que ça fait d’être traité différemment, et je ne parle pas du passage de la popularité à l'inconnu, mais parce que tu es handicapée ?

Jonathan ait bouche-bée, il n'a jamais vu autant en colère Hope. Elle débite des paroles à toute vitesse.

  • Ne me regarde pas comme ça Jonathan ! Ah non ! Je t’interdis de me regarder comme si j'étais une folle ! Ça se voit comme au nez au milieu de la figure que je suis une handicapée et je ne te parle même pas de mon envie de vivre ! Sans le surf qui suis-je ? Hein ? Dis-moi ! Toi qui es-tu sans le surf ?

Elle a presque hurlé ces mots tout en s'avançant vers lui, le doigt pointé dans sa direction, venant taper contre son torse. Il lui prend les mains et essaie de la tirer vers lui mais Hope refuse et le repousse.

  • Je ne suis plus rien sans lui. Hope, je t’assure que je suis désolé pour tout. Que ce soit ma faute ou pas, je m’en voudrais toute ma vie parce qu’inconsciemment ou pas c’est moi qui t’ait mis sur la route de ce camion. J’imagine que…
  • Non. C’est bien là le problème c’est que tu ne peux pas comprendre ce que je vis Jonathan. Tu peux concevoir ma douleur, tu peux essayer de comprendre la solitude et la folie qui s’emparent de moi mais tu ne peux pas imaginer ce que je vis et ressens tous les jours tant que tu ne l’as pas vécu. Le regarde de tes proches, de tous ces inconnues que je croise à longueur de journée. Cette pitié est si abjecte…

Explique Hope qui est au bord de la folie. Elle regarde ses mains et les essuient sur ses vêtements comme si son dégoût lui collait à la peau.

  • Tu es fatiguée, on va rentrer se coucher et remettre le feu de camp à plus tard, d’accord ? Tu as besoin de temps pour reprendre des forces Hope.

Déclare Jonathan en soupirant. Il s'approche de la brune et lui saisit le bras mais elle se débat avec force en secouant son bras ce qui attire l'attention des passants.

  • Lâche-moi. Je ne veux pas rentrer ! Je ne suis pas ta chose Jonathan ! Je ne suis pas celle à qui tu peux demander de se taire quand tu le souhaites !

Le blond la lâche finalement, gêné par les regards des gens qui, attirés par les cris, commencent à les entourer. Il chuchote à Hope de se calmer. Elle se tourne violemment vers son compagnon et le regard avec mépris. On peut facilement lire dans ses yeux tous les reproches qu'elle a à lui faire.

  • Pourquoi est-ce que tu me mens depuis toutes ces semaines ? Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? Comment as-tu pensé que je ne le saurais pas ? Hein, comment comptais-tu faire pour retourner vivre en Floride ? Tu pensais que je ne me rendrais pas compte de ton absence parce que je suis trop bête ?
  • Comment… Comment le sais-tu ?

Lui demande sous le choc du revirement de la situation. Jonathan se recule d'elle mais Hope se rapproche de lui. Soudainement la situation a totalement changé.

  • On s’en fiche de comment je l’ai appris !

S'énerve-t-elle devant le silence du blond.

  • Hope, j’avais vraiment prévu de t’en parler mais je ne savais pas comment te le dire parce que je t’aime et que je sais que tu ne vas jamais vouloir quitter ton pays... Et l’idée de nous séparer me paraît impossible parce que je me vois faire ma vie avec toi... On ne peut pas avoir vécu des moments si intenses pour s’arrêter là quand même… Si ?

L'ancien rebelle arrête de bouger et questionne la jeune femme qui ne répond pas. Elle ne le regarde même plus, fuyant son regard. De plus en plus sous le choc, Jonathan ne sait pas comment réagir. Il ne pensait pas que ça pouvait se terminer ainsi avec Hope. Et la voir douter lui donne déjà toutes les réponses à ses questions.

  • Je ne sais pas Jonathan… Je ne sais plus où j’en suis…

Annonce, le rouge aux joues, le regard fuyant, Hope.

  • Quoi ? Tu n'es pas sérieuse ! Tu veux tout savoir ? Alors je vais tout te dire ! Oui, j’ai trouvé des sponsors. Ils m’ont contacté depuis plusieurs mois et je n’ai eu de cesse de les éviter mais ils sont venus dernièrement jusqu’ici pour me trouver et me parler. J’ai finalement signé un contrat. Dedans, j’ai un loft qui m’est prêté, une affiliation à une marque de sport et de nutriment. Je rentre dans un des plus importants clubs de surf de Floride, je m’engage à participer à de nombreuses publicités et shooting photo ainsi que des apparitions télévisées sur les chaînes de sport. N'es-tu pas pas heureuse pour moi ? Ne veux-tu pas de cette vie ? Celle où tu n'auras ni à te soucier de l'argent, ni de tes lendemains ?
  • Mais dans quel monde vis-tu Jonathan ? L'argent ne règle pas tout ! Tu commences à parler comme mon père.

Hope plisse les yeux devant lui, d'un air réprobateur se rappelant très bien des longues discussions que le blond et elle ont eu par le passé, concernant l'argent et la dérangeante manie de ses parents de croire que l'argent peut tout régler.

  • Je suis très heureuse pour toi. Ton rêve se réalise enfin, après toutes ces dures années de travail et de galère mais il faudra que tu le vives sans moi.
  • Hope ne dis pas de telle bêtise !
  • Je ne dis que la vérité, celle que tu refuses de voir en face parce qu’elle te terrifie.
  • Hope…

La supplie l'Américain.

  • Tu n’as le courage de me quitter sans doute parce que je suis trop fragile et que tu as peur pour moi mais je ne veux pas de ta pitié. Je te sais toujours aussi amoureux de moi que je le suis de toi mais ce n’est plus pareil. Tu es mal à l’aise en ma présence parce que je te rappelle ce que nous étions avant l’accident et ce que nous sommes désormais. C’est tout à ton honneur de ne pas vouloir me faire du mal mais au contraire, tu m’en fais davantage en t’éloignant de moi sans raison apparente attendant que je fasse le premier pas et que notre couple vole en éclat pour partir avec le moins de regret possible.
  • C’est ce que tu veux vraiment ? La séparation ? Réfléchis attentivement à ce que tu vas me dire, Hope. Il suffit d’une de tes paroles ou d’un geste pour qu’on oublie cette discussion. Ça pourrait changer tout notre destin Hope.
  • Je ne le veux pas mais je dois te laisser partir. Tu as toute une vie à vivre et à construire et ce n’est pas ici, avec moi, que tu pourras la fonder et être heureux. Seul ton bonheur m’importe, Jonathan.
  • Ne me parle pas comme ça, on dirait qu’on ne va jamais se revoir…
  • Seul le temps nous le dira Jonathan mais en tout cas il y a quelque chose que je souhaite que tu n’oublies pas, c’est que je t’aime plus que de raison. Je ne pensais pas que je pouvais aimer quelqu’un autant que j’aime Raphaël, qui est pourtant mon jumeau.
  • Moi aussi je t’aime Hope. Je reviendrais et que tu le veuilles ou pas, tu seras un jour ma femme et je ne te quitterai plus.
  • Le jour où tu reviendras définitivement ici, on en reparlera. Tu auras eu le temps de changer avec le temps et moi aussi. On aura peut-être plus les mêmes centres d’intérêt.
  • Je reviendrais dans peu de temps, je te le promets.
  • On n’en sait rien alors ne me fait pas des promesses que tu n’es pas sûr de pouvoir tenir, s’il te plaît.
  • Hope crois-moi, je t’en supplie…

Il tente une énième approche mais elle le repousse en appuyant ses mains contre son torse si chaud.

  • Pars, s’il te plaît. Pars maintenant, sans te retourner. Pars du principe que dès maintenant toi et moi c’est fini. Pars, je t’en supplie. Je ne veux pas craquer devant toi.

Renifle le blond sans élégance. Hope prend une grande bouffé d’air frais, se donnant le plus de courage possible et dit ces quelques mots qu’elle ne pensait jamais prononcer, peu importe le contexte, ces mêmes mots qui ont peu de sens dans le fond.

  • Alors c’est moi qui pars.

Et c’est ainsi que Jonathan et Hope se sont vus pour la dernière fois. Jonathan tombe à genoux, pleurant et criant dans l’explosion de la fusée annonçant le début du feu d’artifice. Raphaël trouve le temps long depuis le départ des deux amoureux alors il attend l’arrivé par bateau de ses amis pour prétexter devoir retourner à sa voiture. En arrivant sur le parking, il retrouve assis, par terre, contre un mur, la tête dans les bras, son meilleur ami qui sanglote sans s’arrêter. Raphaël ne saura jamais les mots tendres mais douloureux qui se sont échangés ce soir-là.

Par la suite, Hope a pris ses affaires et elle est allée vivre dans un petit appartement, un peu miteux mais c’est là qu’elle a essayé d’oublier Jonathan avec toutes sortes de substances sans avoir prévenu personne d’où elle ne se trouvait ni avec qui. C’est leur père qui l’a retrouvé, au commissariat pour ivresse sur la voie publique. Hope était encore bourrée et droguée de la vieille.

Et c’est ainsi que Jonathan a vécu son dernier feu d’artifice, sans ces amis dont il avait tant espéré l’arrivé. Ce fut sans Hope. Quelques jours plus tard, il prit le premier avion pour la Floride et il y vit depuis. Il n’a plus jamais donné de nouvelle ou de signe de vie à Hope et a mis très longtemps à pardonner les mots échangés de ce soir-là à son meilleur ami. Raphaël a eu besoin de beaucoup de temps et de quelqu'un avec qui parler pour savoir ce qui n’allait pas, pourquoi il était si agressif. Et maintenant les choses vont mieux pour lui, du moins c’est ce qu’il raconte à Jonathan pour que ce dernier ne revienne pas tout de suite auprès de Hope.

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