Chapitre 1. ♤

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  • Hey ! Ma puce, réveille-toi !

Le tatoué secoue par l'épaule la jeune fille se trouvant à ses côtés, sur le siège passager. Emmitouflée dans des gros vêtements chauds bien trop grands pour elle, le blond ne peut s'empêcher de la trouver mignonne avec ses airs enfantins si craquant pour une femme de la trempe de la jeune. Une femme fatale quand elle se prépare pour une fête. Un garçon manqué dans la vie de tous les jours. Une enfant quand elle est calme. Toutes ces facettes la rendent d'autant plus unique et magnifique aux yeux du blond qui ne la quitte toujours pas des yeux.

  • Non, laisse-moi dormir !

La supplie la brunette en se mettant dos au garçon présent auprès d'elle. Mais ce dernier ne veut pas s’avouer vaincu et la secoue par l'épaule. La jeune fille ronchonne et répète, une nouvelle fois, d'une voix endormie.

  • Laisse-moi dormir, merde !

Le garçon soupire et décide de jouer une autre carte que celle du réveil brutal. Alors il se met à lui caresser tendrement la joue, plaçant un bras autour des hanches de la jeune femme pour l'attirer vers lui. Le dos de sa princesse endormie vient se réfugier contre le torse finement musclé et chaud de son Apollon. Elle soupire d'aise en enfouissant sa tête dans l'épaule de ce dernier tandis que le jeune homme vient mettre sa tête dans le creux de son cou, chatouillé par les quelques mèches rebelles s'étant échappées du chignon de la jolie jeune femme coincée dans ses bras.

  • Ma puce on est arrivés alors tu fais ce que tu veux mais moi je vais surfer.

Lui chuchote-t-il au creux de l'oreille comme on le ferait pour réveiller doucement un enfant.

Et soudainement, en entendant ces quelques mots et le son du métal qui relâche la ceinture de sécurité de son radiateur personnel, la jeune femme au comportement d'enfant se redresse immédiatement. Elle se tourne vers le blond, les yeux grands ouvert avec de petites étoiles dans ses prunelles, abordant le sourire d'un bambin à qui l'on promet mille merveilles.

  • Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ? Qu'est-ce qu'on attend bon sang ?

Lui dit-elle avant de se décrocher et de s'attacher, dans des gestes habiles et fluides, les cheveux en une queue de cheval haute, sachant pertinemment que son chignon ne tiendrait pas.

Sautillant sur son siège comme sur un trampoline, en essayant vainement de contenir toute son excitation, la brunette ressemble vaguement à une pile électrique. Cette vision de la jeune fille fit rire le jeune homme qui se passe une main dans ses cheveux ébouriffés, ses boucles ne ressemblant plus à grand-chose. Sans plus attendre, sa partenaire s'extirpe de la Jeep et court dehors pour aller mettre ses pieds dans l'eau, le buste penché au-dessus de l'eau, un regard curieux, un sourire rayonnant, les mains dans le dos. Tandis que le coéquipier de cette dernière prend, dans le coffre de sa voiture, les deux planches de surf qu'ils ont nettoyé la veille au soir.

Alors que l'instinctive est en train d'enlever son gros pull-over, bien chaud, bien trop grand pour elle et surtout bien trop délavé, le responsable prend son temps pour renouer contact avec le sable tiède après le violent orage de la nuit. Quelques mètres seulement le séparent de sa cadette mais l'aîné parvient tout de même à entendre l'hyperactive gémir en sentant la brise froide venir lui agresser sauvagement la peau, lui faisant des petites plaques rouges sur les joues et tout le long de son buste. La frileuse se retient de grelotter, ne supportant pas la sensation que fait sa mâchoire quand ses dents s'entrechoquent. Elle resserre, autour de son buste, ses bras - étant la seule source de chaleur possible en cet instant - et se maudit intérieurement d'avoir lancé un si débile gage au fourbe qui l'accompagne. Elle regrette de l'avoir défié de venir surfer en plein mois de janvier, entre la nuit et l'aube, alors que tout est gelé. Heureusement, l'endroit est vide et calme, sinon ce serait un calvaire à supporter pour rien au final.

La rêveuse aime beaucoup la nuit mais elle aime davantage l'aube. La championne adore assister au lever du soleil, ce moment magique où la boule de feu pointe le bout de son nez, transperçant les ténèbres, éclairant la nuit noire. La nuit quand seule la Lune l'éclaire lorsqu'elle flâne le long des rues désertes. Ces moments uniques où elle se sent revivre, ou elle peut être quelqu'un d'autre.

Mais la mauvaise joueuse qu'elle est ne supporte pas de perdre un défi et l'idée d'abandonner en donnant satisfaction au mesquin est tout bonnement impensable ! Elle l'entend déjà se moquer d'elle en disant qu'elle est une petite nature et une invétérée froussarde ! Elle prend son courage à deux mains et retire son bonnet et son cache-cou. Cette fois-ci, ses membres sont tellement endoloris qu'elle ne ressent que des picotements irréguliers dans tout son corps. Son sang ne circule plus aussi bien que tout à l'heure, mais la douleur étant endormie par la basse température, elle peut enfin se sentir vivante à cet instant précis et profiter pleinement de l'endroit où elle se trouve.

  • Tu vas surfer avec ton jogging ?

La malicieuse se tourne vers le solitaire qui le regarde avec insistance. Un désire intense naît entre eux. Un courant électrique, doux et réchauffant transcende les deux corps quand ces derniers entrent en contact. Alors que l'aîné des deux jeunes retire son pull en même temps que son t-shirt, la brune qui a d'habitude toujours quelque chose à dire, se trouve bouche-bée devant ce spectacle divin. D’un mouvement hésitant, et qu’elle ne soupçonnait pas, la tendre femme s’approche des épaules nues de son compagnon, laissant ses mains glisser sur les bras dénudés du garçon étant un peu perturbé. D'un air perplexe, le jeune homme la regarde faire silencieusement comme s’il attendait ce moment depuis longtemps et qu’il avait peur de bouger et de briser cet instant si précieux. Une fois que les doigts aux longs ongles de la brune se posent sur la peau bronzée du garçon et qu’elle commence de timide caresse, sans même regarder le surfeur, il se surprend à la trouver magnifique comme jamais auparavant sous la lumière naturelle du soleil. Elle paraît subjuguée par la douceur de ce bras fort jusqu’à ce que le garçon brise ce doux moment en plaçant ses doigts sous le menton de la jeune fille, redressant vers lui le visage angélique de cette dernière. Il se pince les lèvres, ayant une subite envie de fondre sur les lèvres pulpeuses de la brune. C’est d’ailleurs elle qui scelle leurs lèvres en se mettant sur la pointe des pieds. Elle entoure le cou de son aîné avec ses bras alors que ce dernier lâche, nonchalamment sur le sable humide, les vêtements qu'il tenait encore dans ses mains avant d’entourer la taille de la brune qu’il embrasse avec passion. A bout de souffle, les joues rougissantes, ils mettent fin au baiser. La timide lui sourit, les yeux brillants de désir, et s'éloigne un peu de lui pour retirer son jogging, dévoilant au jeune homme le reste de son corps seulement vêtu par sa combinaison de surf. A son tour, l'amoureux retire ses gants, son bonnet, son écharpe ainsi que son jogging dévoilant une musculature fine mais parfaite aux yeux de la jeune fille qui ne peut s'empêcher de se mordre la lèvre inférieure en voyant le sportif ainsi vêtu. Il sourit de plus belle, d'un air charmeur, quand il remarque l'attention toute nouvelle que lui porte la brunette. Lui aussi ne peut pas détacher son regard du corps de la jeune fille qui se trouve devant lui. Elle est adorable et hypnotisante, un mélange subtil entre des attitudes d’un enfant tout ayant de la sagesse en abordant un style de garçon manqué mais avec cette touche de féminité dont seule la brune a le secret. C’est ce qui avait directement plus au blond lorsqu'il avait posé son regard sur elle la première fois qu'il l’a rencontré. Le frère de celle-ci les avait présentés il y a de ça plus de trois ans. Dès le début, il l'a désiré et maintenant il est fier de savoir qu'ils ne forment plus qu'un, que même en dehors de l'eau ils forment une équipe plus que soudé et à l'écoute l'un de l'autre. C'est leur première relation réellement sérieuse à tous les deux, un amour qu'ils espèrent éternel sur lequel ils ont misé gros.

Le rebelle revient à la réalité quand il voit sa petite-amie se tenir face à lui, la main sur sa joue, la lui caressant avec tendresse comme il l’a fait il y a quelques minutes de cela. Il ferme les yeux sous la douceur de ses gestes. Il frissonne au toucher de sa bien-aimée. Il passe ses mains derrière le dos de la brunette qui se met sur la pointe des pieds pour venir déposer un chaste baiser sur les lèvres charnues du blond. Puis après une dernière étreinte, ils prennent leur surf en faisant bien attention à ce que le niveau des vagues ne soit pas trop puissant pour ne pas se mettre en danger. Les deux jeunes surfer regardent l’horizon, essayant de calculer la distance qu’ils ont à parcourir entre l’endroit d’où ils veulent partir lorsqu’une vague leur paraissant intéressante arrivera. Ils restent silencieux, un silence apaisant, avant de se lancer vers l'océan agité. L’espace d’un instant, le blond se demande si c’est toujours une bonne idée, s’ils ne risquent pas de perdre le contrôle de la planche et d’être projeté vers les rochers ou de se noyer sous la violence des rouleaux. Tandis qu'elle, l’intrépide, ne songe qu’au fait qu’elle va bien s’amuser et battre en beauté son conjoint.

  • Prêt à boire la tasse ?

Déclare la jeune fille d'un air moqueur au jeune homme qui prend un air offusqué avant de rire et de répliquer. Quand elle a ce regard déterminé, ses yeux verts comme ceux d'un lynx ressortent plus que d'habitude et reflètent une douce chaleur.

  • Tu veux rire ! Je vais t'humilier salement.

La compétitrice rit face à cette remarque qu'elle juge absurde mais elle acquiesce quand même en souriant.

  • Oui, c’est ce que tu me dis tout le temps et à chaque fois tu bois la tasse. D’ailleurs, tu te souviens des règles du défi ? Ne me fais pas le même coup que la dernière fois, hein !

Le blond détourne son regard caramel d'un air qui se veut innocent. La dernière fois, après une énième défaite, il a fait exprès d'avoir un emploi du temps surchargé toute la semaine où il devait remplir les termes du contrat.

  • Il faut accepter le fait que je sois meilleure que toi, chéri.

A cela, le susceptible la regarde d’un air désinvolte, faignant le fait qu’il soit outré face à ces insinuations comme quoi il ne sait pas tenir sur sa planche. Soit, l’aîné est bien moins persévérant que la cadette, et préfère s'asseoir lamentablement sur le sol, les bras ballants que d'essayer encore et encore un exploit qui lui est définitivement inaccessible.

  • Et ne te mets pas derrière moi, surtout si c'est pour être déconcentré à cause de mon don inné !

Il lève les yeux au ciel. La modestie ne va pas l'étouffer, ça c'est sûr et certain ! En réalité, il se met toujours derrière elle quand ils surfent ensemble pour être sûr que rien ne lui arrive mais également parce que voir la facilité déconcertante avec laquelle sa petite-amie enchaîne les vagues et les figures acrobatiques l’impressionne toujours autant que la première fois où il l’a vu à l’œuvre lors des inscriptions au club de surf de la ville. A cette époque-là, alors qu'il venait tout juste d'arriver de Floride et de faire la rencontre du frère de sa petite-amie, tout le monde lui parlait de l'illustre club de surf de la ville d'où venait les plus grands surfer de la planète. Et notamment, il y a trois ans, quand il s'est rendu sur cette plage dans l'optique de montrer de quoi il était capable, il s'est retrouvé face à une talentueuse surfeuse de ce dit club qui surfait sur les vagues comme si elle leur dictait sa propre loi. Elle avait l'air de ne faire qu'un avec l'océan, c'était extraordinaire. Elle paraissait si légère... Toutes les figures étaient travaillées dans les moindres détails comme une chorégraphie de K-POP. Jamais il ne lui avouera, à cause de sa trop grande fierté, mais il est évident que la talentueuse jeune fille a un équilibre, une agilité, des réflexes et une dextérité à toute épreuve. Il est parfois difficile de ne pas la jalouser pour cela. Il est secrètement un de ses plus grands fans.

  • Oui, je sais ! Ce sont toujours les mêmes règles de toute façon. Le premier à l’eau ou qui rejoint le banc de sable doit s’engager pendant une semaine complète auprès de l’autre.

La jeune fille lui sourit, plus qu'impatiente de sentir les vagues venir lui caresser la peau et la faire frémir. Elle vérifie une dernière fois que son strap à la cheville est bien accroché et qu’elle n’a rien oublié, desserrant un peu le col de sa nouvelle combinaison. Puis quand elle a terminé de fermer sa combinaison, le blond se met dos à elle.

  • C’est ta nouvelle acquisition ?

Demande le blond à la brune alors qu’elle l’aide à zipper la fermeture éclaire se trouvant dans son dos.

  • Ouais. C’est une Billabong Furnace Carbon Comp. Un cadeau de mon père afin de me féliciter quant à la sélection pour les J.O.

Le garçon d’origine modeste soupire lourdement en entendant sa petite-amie évoquer ce bien comme étant une banalité. Ce qu’il l’est pour elle et sa famille qui sont des gens aisés.

  • Encore un cadeau exorbitant... Quand va-t-il enfin comprendre qu’il ne peut pas t’acheter avec ces trucs hors de prix comme il marchande avec ses acheteurs ?

L’unique fille de l’ancien et grand rugbyman baisse les yeux en haussant les épaules d’un air abattu.

  • Il a toujours été persuadé que l’argent peut tout régler et que les gens sont tellement avides de richesses, qu’il peut tous les acheter. En soit, il n’a pas tant que ça tort dans le fond, tu sais ?

A ces mots, le blond se retourne avec brutalité vers la brune. Les sourcils froncés, le regard lourd de reproche, il ne lui cache pas sa frustration.

  • Non mais ce n’est pas vrai ! Ne me dis pas qu’il a réussi à te convaincre !
  • Mais non ! Et puis… Et puis, c’est à ma demande qu’il l’a acheté. Il m’a demandé ce que je voulais comme cadeau, je lui ai dit que je voulais cette combinaison et je l’ai eu.

Le blond lève les yeux au ciel en soupirant mais quand il les dirige de nouveau vers sa compagne, il la voit rougir de honte et jouer avec ses doigts d’un air gêné.

  • Tu sais faire marcher ton père toi, hein.

La honte s’évaporant immédiatement en entendant la pointe de moquerie de son compagnon dans sa voix, elle éclate de rire.

  • Non, je le fais courir et c’est encore mieux !

Et soudainement, ils s’arment de leurs planches et s'élancent vers l'océan au même moment, comme dans un accord silencieux. De loin on aurait pu les prendre pour deux jeunes adultes complètement fous, de près on aurait aperçu des passionnés du surf un peu suicidaire et en étant l'un des deux jeunes on aurait eu l'impression de voler au-dessus du sable tant la légèreté de leurs mouvements donnaient l'impression qu'ils flottaient. Le turbulant ressemble à une tornade, accélérant brusquement ses mouvements lorsque la plante de ses pieds touche l'eau froide et salée. Tandis que la délicate jeune femme ressemble à une frêle feuille tombant de son arbre à la fin de l'automne.

Ils n'ont pas le temps de s'adapter à la température de l'eau, que déjà de nouvelles vagues se forment.

  • Elle est belle celle-ci !

S’extasie l’Américain.

  • Peu importe tant que je peux t’éclabousser avec ma superbe combinaison !

Se moque gentiment de lui la riche héritière.

  • Mais oui, cours toujours ! On a les mêmes composants ma belle, c’est juste le design qui est différent.
  • Comme tous les humains. On est composé de la même chose, avec des designs différents mais pour autant il y en a qui sont meilleurs que d’autres.
  • Pourquoi j’ai l’impression que par « meilleurs » tu parles intimement de toi ?
  • Mmh je ne sais pas… Allez on y va !

Essaie-t-elle de feindre innocemment mais le surfeur n’est pas dupe et la réaction exagérée de la jeune fille le fait sourire. Sur elle c’est tellement mignon qu’on ne peut que lui pardonner ce genre d’agissement.

Le couple s’allonge respectivement sur sa planche de surf et commence à creuser l’océan grâce à leurs mouvements de bras qui leurs permettent d’avancer rapidement vers la vague. Lorsqu’ils pivotent en se redressant, d’un regard complice et bien déterminé ils répètent en chœur :

  • Le premier tombant de sa planche ou arrivant sur le sable perd et doit une semaine complète de son temps à l'autre.

Chacun sait ce qu'il va demander et fera faire à l'autre s'il gagne. Le blond se promet, que s'il gagne, il va lui demander de venir vivre chez lui durant toute la semaine comme un vrai couple parce qu'il veut s'engager encore plus dans leur relation. Il veut qu'elle soit sa femme sans pour autant lui passer la bague au doigt. Du moins, pas pour l'instant.

Alors que la brunette sait qu'elle va obliger son compagnon à faire plein de chose qu'il déteste juste pour rire en voyant la tête qu'il fera en apprenant son planning de la semaine. Quitte à s'en mordre les doigts après, autant bien s'amuser durant toute une semaine complète où elle est le maître du jeu !

Au final, comme toujours quand ils se défient, les deux jeunes adultes sont arrivés à égalité. L'équilibriste est arrivée saine et sauve sur la plage alors que l'autre a bel et bien bu la tasse comme l'avait prédit la brune. Et comme à leur habitude, allongé sur le sable, complètement trempé, en regardant le ciel orangé, ils ont ri. On dirait que les petits tracas de la vie de tous les jours ne les atteignent pas. Ils rient de tout et sans cesse. Les rares disputes qu'ils ont eues n’ont duré que très peu de temps avant que l'un des deux ne cherche à se faire pardonner. Ils se complètent à merveille permettant à l'un comme à l'autre de trouver un certain équilibre.

Après s'être mis au chaud et s'être rhabillé dans la Jeep, ils se sont reposés tranquillement en parlant de tout et de rien tout en buvant un chocolat chaud fait par la brune le matin même. Ils se sont alors mis d'accord sur le fait que ce n'était pas prudent de reprendre la route tout de suite étant donné l'épais brouillard qui commence à descendre sur la côte mais également due à la fatigue du tatoué après un réveil à presque quatre heure du matin et une séance intensive de surf où ni l'un ni l'autre n'a voulu lâcher l'affaire.

Ils se sont alors endormis, la brune posant sa tête sur l'épaule de son petit-ami et le blond posant la sienne sur celle de sa bien-aimée.

Ils se sont fait réveiller par le cri des mouettes et ont enfin décidé de rentrer chez eux, pour dormir tout en se promettant de se voir le lendemain midi autour d'un copieux repas chez le blond.

Alors qu'il n'y a quasiment personne sur la route due à l'heure matinale de la journée, le futur espoir du surf australien tombe de nouveau de fatigue et somnole jusqu'à l'arrêt de la voiture à un feu rouge. Le blond conduit prudemment, la brune se sent en sécurité avec lui. Alors elle s'endort paisiblement, et le feu passe au vert. S’engageant prudemment sur la route, le blond a vu trop tard le camion griller le feu rouge s'apprêtant à les faucher de plein fouet.

Le choc est si violent que la voiture est propulsée à plusieurs mètres de là, faisant des tonneaux avant de finalement s'arrêter dans un bruit sourd. Le blond est complètement sonné, saignant abondamment de la tête. Il a mal partout, une douleur qui irradie tout son être de l'intérieur le fait se crisper. Ses muscles sont contractés et son abdomen le fait se tordre de douleur. Sans plus attendre plus longtemps, le conducteur s’extrait de la voiture en hurlant de douleur, se tenant les côtes. Il s’écroule sur le trottoir et reste inerte quelques instants, reprenant son souffle, essayant de se concentrer sur autre chose que les pulsions de sang qu’il croit entendre en écho quand sa boîte crânienne. Il se tourne sur le dos, en s’appuyant sur ses bras, et regarde le ciel d’un air absent en essayant de prendre conscience de ce qu’il vient de se passer. Il ferme les yeux, grimaçant en sentant la douleur sourde qui l’irradie dans tous ses muscles puis il se redresse, chancelant. Il s’appuie sur le mur, laissant quelques traces de sang sur celui-ci. Ses jambes tremblantes risquent de s’écrouler à chaque pas qu'il effectue. Le rescapé regarde partout autour de lui, un peu désorienté, n’arrivant pas à se rappeler du lieu où il se trouve. Une énième respiration le fait hurler. Il continue de compresser ses côtes et crache le peu de sang se trouvant dans sa bouche.

  • Merde mes côtes...

S'exclame-t-il.

Une violente douleur à la poitrine provoque chez lui le fait que sa respiration est saccadée, haletante et quasiment inexistante. Quand il entend des toussotements, il regarde partout autour de lui en essayant de savoir d’où provient ce son. C’est alors qu’il prend conscience de la présence de sa petite-amie dans la voiture et une violente angoisse le submerge. Il tourne le regard vers sa petite-amie, qui est allongée sur la route, mais l'état de celle-ci paraît bien plus grave que le sien. Très vite le blessé réalise quelque chose : c'est du côté de sa petite-amie que le camion a frappé !

Il se redresse avec le peu de force et de courage qu'il lui reste et lâche le mur sur lequel il prenait appuie. Un autre gémissement de douleur s'extirpe de ses lèvres écorchées plus violent que les précédents. Il se met à genoux avant de s’allonger pour avancer en rampant pour atteindre le corps de la brune qui ne bouge pas et qui ne répond pas lorsque l’on l’appelle. Seul ses yeux mi-clos et son sourire prouvent qu'elle est encore vivante. Elle essaie de parler mais seul du sang parvient à s’extraire de ses lèvres. Le blond arrive vers elle, le plus vite que lui permet son corps. Les traces d’hémoglobine jonchent le sol, ce qui prouve qu’elle aussi a réussi à sortir de la voiture et qu’elle s’est traînée au sol, sans doute sur les coudes vu les écorchures présentes sur les manches de son pull, avant de se mettre sur le dos. Il lui caresse, avec la plus grande des douceurs, ses cheveux où à la racine quelques gouttes de sang perlent.

  • Chut ma puce, calme-toi et n’essaie pas de parler. Tout va bien se passer, on va s’en sortir, crois-moi.

La jeune fille tousse, faisant soulever de façon irrégulière sa poitrine, dans une nouvelle grimace avant de cracher un peu de ce fluide rougeâtre, qui terrifie tout le monde. Du sang commence à sécher aux coins de ses lèvres et sous ses narines. Cette vision d’horreur déclenche immédiatement une réaction peu attendue chez le blond qui est de nature à ne pas se laisser emporter par ses émotions.

Heureusement pour eux, le bruit de l'accident a ameuté tout le quartier et plusieurs personnes appellent les ambulanciers pour venir en aide à ces deux jeunes adultes qui n'ont rien demandé à personne.

Le jeune homme se met à sangloter, tout en caressant les cheveux de la brune, quand soudainement il remarque que la jambe droite de sa petite amie a l'air complètement écrasée. Si c’est bel et bien le cas, elle ne pourra plus marcher, plus faire ce qu'elle aime ni devenir surfeuse professionnelle comme elle en rêve depuis toujours. Cette pensée arrache le cœur du blond qui ne peut pas songer à cette possibilité. Il est hors de question pour lui qu'une injustice telle que celle-ci se produise. Ce serait si injuste qu'elle soit obligée d'abandonner ses rêves à cause d'un connard qui ne sait pas conduire et qui a eu son permis dans un paquet cadeau !

La brune a l'air si calme, si apaisée que c'en est inquiétant. Doucement, elle demande au blond pourquoi il pleure. Pourquoi elle ne ressent plus rien quand elle essaie de bouger sa jambe droite. Elle a l'air si innocente, si fragile à cet instant précis. Le blond s'étouffe dans un sanglot avant de la serrer fort contre lui de peur qu'elle le quitte. La brune resserre son étreinte avant de doucement fermer les yeux, bercées par la douce mélodie du cœur de son petit-ami, entendant au loin les hurlements des sirènes des ambulances, des pompiers et des policiers.

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