Et Dieu dans tout ça ?... -(1)

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La vie, par définition, est provisoire. Elle avance vers une chose qui se dégrade. Il est inutile de se voiler la face : au milieu de mille joies et de cent difficultés, assorties d’impératifs, d’obligations et de devoirs, les épreuves et malheureusement souvent, le drame – et il en suffit d’un seul – viennent tout gâcher. De même, tout en nous, notre affectivité, nos attentes appellent le définitif : nos sentiments pour nos proches, nos sentiments dans l’ordre amoureux aspirent à cette éternité. Mais en réalité, la vie suspend, segmente, interrompt, fracasse tout ça. La vie met en morceau le bonheur espéré.

Alors, si on écrit de façon affective comme je le fais, Seigneur, et bien on ne peut écrire que des déchirements, puisque c’est la contradiction entre nos aspirations, qui seraient définitives, et la réalité des choses qui est complètement provisoire. Ce ne sont pas les autres qui nous infligent les pires déceptions, mais le choc entre la réalité et les emballements de notre imagination. C’est cette fragilité récurrente que nous portons en nous perpétuellement, malgré les postures, les arrogances ou les soumissions, ce caractère éphémère et périssable, c’est cette fragilité-là qui m’émeut. « Nos peines, ne sont guère que les sœurs blessées de nos joies. C'est dire leur peu de substance et leur fragilité. Comme nos joies, elles coulent et se succèdent, elles se perdent, se retrouvent, se transforment à tout instant » exprimait Charles Maurras.

Finalement, écrire sur l’infinie tendresse de notre être, c’est toucher au cristal de nos vies.

Alors, comment la rencontre de la fragilité peut-elle nous transformer ? Nous expérimentons que c’est la personne fragile qui vient nous chercher dans notre coquille. Cette personne, qui peut-être nous faisait peur, réveille soudain notre « personne » profonde. Les peurs, les blessures de l’autre dont la fragilité est visible viennent toucher nos propres faiblesses – cachées - nos propres blessures, nous les révéler et nous aider à y consentir. En ce sens, la personne faible aide la personne forte à devenir plus humaine, parce qu’elle lui apprend à accepter de se laisser aimer.

Cette transformation est un passage, le passage de l’idéal au réel. Il ne s’agit pas d’oublier l’idéal, mais de l’incarner dans le réel, et de placer cette transformation dans le mouvement de la croissance et de la vie. Jean Vanier (chrétien humaniste) nous dit que « la croissance commence quand on fait le deuil des rêves sur soi, et qu’on accepte sa propre humanité, limitée, pauvre, mais belle aussi ». Nous accueillons alors la vulnérabilité, la faiblesse, comme quelque chose qui fait partie de la richesse de l’Homme.

Les écrits témoignent là où on ne s’attend pas qu’ils témoignent. Alors je témoignerai : si quelqu’un est capable d’aimer son partenaire, quel qu’il ou elle soit, sans restriction, sans condition, il manifeste l’amour de Dieu. Ton amour se manifeste, Seigneur, alors il aimera son prochain. S’il aime son prochain, il s’aimera lui-même. S’il s’aime lui-même, les choses reprennent leur place. L’Histoire change. L’Histoire ne changera jamais à cause de la politique ou des conquêtes, ou des théories ou des guerres – tout cela n’est que répétition ; c’est ce que nous voyons depuis le commencement des temps. L’Histoire changera quand nous pourrons utiliser l’énergie de l’amour comme nous utilisons l’énergie du vent, des marées, de l’atome.

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