Chapitre 140

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La corne de chasse me réveille presque en sursaut à deux doigts de me faire tomber du lit. Au passage j'espère de tout coeur de ne pas avoir éjecté Gretel de mes draps. Ma main balaye le lit dans de grands coups, à droite, à gauche pas la moindre trace de sa présence. Perturbé je me pense au dessus de mon lit personne n'est bléssée au sol, je ne comprends pas ce qui s'est passé.

Seul Ludwig est assis au bord de mon lit comme s'il m'attendait pour s'habiller et aller prendre le petit déjeuner. Je déteste les réveils comme ça ! D'habitude, je suis toujours réveillé avant l'agitation des supérieurs dans les couloirs.

  • Hé beh y'en a qui ont fait un rêve très érotique ! Déclare t-il moqueur.

Hein quoi ? Un rêve érotique ? Tout cela n'était donc pas réel ?

Mon regard est ahuri au point de paraître stupide. Mais je suis troublé d'avoir réalisé que je venais de rêver de Gretel Marx ma petite co-équipière. Je ressens des bouffées de chaleur très intenses et Ludwig me lance son regard taquin en haussant les sourcils et agitant sa tête comme un abruti en direction de mon boxer pour me faire constater que j'ai la gaule matinale mais pas que...

  • Merde ! T'ain fait chier ! Et tu fermes ta gueule aucun commentaire ! J'suis pas d'humeur !

Une énorme tâche traverse mon boxer bleu marine et une légère odeur musquée me remonte dans les narines, la honte ! Mes mains sont toutes collantes, je n'ai pas fait les choses à moitié. Nous exclamons un grand '' beurk '' à l'unisson puis notre rire vient remplir le dortoir déjà déserté par les autres militaires.

  • Je ne dirai rien promis ! Affirme t-il. Et du coup c'était chaud avec la petite métisse ?

  • M'en parle pas, m'en parle pas. Même pas envie de raconter, le fiasco total !

Ludwig insiste en me donnant de gros coup de coude, je suis obligé de tout lui raconter du coup. Comment je me suis fait ridiculisé par deux supers nanas et que mon égo en a pris un sacré coup. A la place Ludwig me rend un service le temps que je file à la douche pour nettoyer les restes de ma nuit bien agitée. Il se propose donc de faire mon lit au carré et de ranger mon casier qui fait un peu fouillis. Je peux lui faire confiance les yeux fermés, mon ami est très minutieux, un tantinet maniaque à ce niveau là.

Après m'être séché je referme les boutons de mon polo kaki toujours vexé de la veille et bien perturbé de mon rêve sensuel.

  • Aller ce n'est pas si grave ! C'est les renois qui ont des queues surdimensionnées aussi ! Et comment tu expliques l'éjaculation nocturne ?

Je me stoppe devant la porte du dortoir, le poing reposant dessus en pleine hésitation de me confier à lui au sujet de ce qui s'est passé pendant mon sommeil. Ludwig n'a jamais rien laissé fuiter depuis que je le connais et je sais que si je le mets dans la confidence il ne pipera mot mais je dois assumer de qui j'ai rêvé cette nuit et là ça se complique. Je me mets à chuchoter pour lui décrire en quelques mots tous mes ébats avec la jeune femme, il hoche la tête avec son air compréhensif et finit par tapoter mon épaule.

  • Ça commence comme ça l'amour... Ça commence comme ça.

Je m'apprête à répondre que je ne ressens rien pour Gretel Marx mais quelqu'un tambourine sèchement contre la porte.

  • Oh ! Vous vous bougez l'cul là dedans ! Pas le temps d'faire la causette !

Foch ! Avec son humeur de chien !

Nous levons les yeux au ciel puis nous ouvrons pour pouvoir nous rendre au petit déjeuner qui a lieu dans le réfectoire. Notre réflexe est de nous protéger les fesses avec nos mains que l'on plaque dessus, Foch il aime bien botter des culs.

  • Ne traînez pas ! Nous ordonne t-il.

Nous nous mettons presque à courir face à son air pas commode en criant un '' oui oui ! '' un peu craintif. Autant Munsch est quelqu'un de très humain et à l'écoute, Foch c'est plus du genre impassible et qui ne veut rien savoir. Les filles sont déjà autour de la table avec leur assiette vide prête à être débarrassée. Leur visage semble terrassé par la fatigue, Gretel a mauvaise mine. Pas le teint rosé habituel, elle est plutôt pâle et des restes de maquillage sont accumulés sous ses yeux.

  • Mais qu'est-ce que vous foutiez ?! Nous gronde Iseline. On a eut le temps de se resservir en petit déjeuner !

  • MiL'ou a eut du mal à sortir de son lit déclare Ludwig en m'enlaçant le cou.

  • Oulala mais t'es d'une humeur massacrante, on dirait Foch !

Iseline bougonne face à ma réfléxion mais j'avoue que de me faire crier dans les tympans de bon matin m'insupporte surtout après un réveil en sursaut comme celui-ci. Va pas falloir m'faire chier aujourd'hui ! Ludwig prend les joues de sa chérie pour lui déposer un tendre baiser sur le bout des lèvres. Je m'apprête à faire la même chose à Gretel. Wahou ! Mais stop ! Qu'est-ce qui te prend Milan ?! WHOHO tu n'es plus dans ton rêve là ! Devant Gretel, je finis par poser sans trop ma main sur son épaule et à lui faire une bise. Ludwig me lance un regard amusé face à l'élan que j'ai eu.

  • Hé bien je vois que le réveil t'a perturbé ! Dit-il l'air de rien. Je vois bien qu'intérieurement il est mort de rire cet abruti.

  • Complètement ! Nuit trop courte ! Et cette putain de corne de chasse qui gueule dans les oreilles ! Je déteste quand Foch fait ça, j'vous préviens je suis de très mauvais poil !

  • Oh ben non, ça ne te va pas ça... Murmure Gretel en m'effleurant le poignet pendant bien une minute, ça me fait des picotements en dessous de la peau. Je n'aime pas voir de l'énervement sur ton visage, hein !

Sa main caresse ensuite ma joue, je soupire pas parce que je suis énervé mais parce que c'est agréable toute cette douceur qu'elle m'apporte. Je suis encore bercé, c'est comme si mon rêve se prolongeait. T'ain ça tourne pas rond là dedans ! Je secoue la tête dans tous les sens pour me ressaisir. Mon déjeuner s'est fait en quatrième vitesse et nous voilà déjà en sprint pour aller nous brosser les dents et terminer de se débarbouiller le visage.

  • QuI c'EsT qUi Va FaIrE dEs ToUrS dE CoUr En CoUrAnT ? C'eSt LeS JeUnEs ReCrUeS ! Chantonne le connard de Foch derrière la porte. QuI c'EsT qUi Va TrOuVeR çA jOuIsSiF ? C'eSt Le CaPoRaL-cHeF foCh ! Hahahahahahahahaha !

Nous lui lançons un regard assassin en longeant le grand couloir qui mène à la cour où nous nous agglutinons en cercle pour l'échauffement avant footing. Maëna et Nahéma passent à ce moment-là alors que je me tapote les coudes et sautille sur place pour me réchauffer.

  • Bonjour Messieurs Dames ! S'exclament-elles en choeur, leur regard se focalise sur moi, toutes les deux explosent de rire. Foch leur répond de manière joviale. Quel faux cul celui-là à moins que... Qu'il se soit tapé les infirmières.

Ludwig n'en peut plus, je le vois très bien se bidonner juste en face de moi. Je lui fais signe en passant mon index le long de ma gorge '' toi t'es mort ''. Il ne peut plus s'arrêter de rire ce qui lui vaut une branlée par Foch, en même temps j'avoue que la situation est drôle et ridicule... Milan Bonnier l'homme à femmes qui se fait traiter de petite bite par une petite négresse super canon. Je me mords la lèvre pour ne pas me joindre à lui, dur de résister surtout avec les nerfs qui lâchent à cause de la tension que l'on ressent au quotidien. Je pars dans un fou rire incontrôlable, qui est du coup communicatif, les larmes aux yeux j'essaye de me ressaisir et de retrouver mon sérieux mais je repars dans une joute de rires à ne plus en finir. Ma séance d'abdos est faite je crois !

  • Ah c'est comme ça que ça marche ?! Bonnier ! Vous voulez amuser la galerie ! M'hurle dessus Foch. Il va falloir vous greffer du plomb dans la cervelle pour que vous vous montriez un petit peu plus mature ?! Je vous félicite vous avez fait gagner à tout le petit groupe une demie heure de course supplémentaire ! FRACTIONNEE !!!!! (Il est marteau ce mec, je le sens tout excité à la moindre sanction). Et j'vous assure que devant tout le groupe je vais vous faire courir jusqu'à épuisement ! Jusqu'à vomir vos tripes ! Je crois que vous ne savez pas à qui vous avez à faire !

  • On est un groupe, on tombe ensemble ! S'exclame Küchin. Aller les troupes on se motive ! On se motive ! On va lui montrer qu'on va le faire !

  • Alors là tu n'es pas cool Milan ! M'engueule Iseline. Je crois que Grett n'avait pas besoin de ça !!! Tu n'as pas vu qu'elle est épuisée ?! En plus de ça elle ne te remercie pas elle a ses règles depuis ce matin et ça l'a rendu malade après le petit déj ! On est tous à bout de souffle après plusieurs mois ici et toi tu nous fous des bâtons dans les roues ! (Iseline fond en larmes).

  • Oulala ça ne va pas te faire des bons points ça ! Me chuchote Ludwig.

Gretel est emmitoufflée dans son sweat aux couleurs de l'armée, il est remonté jusqu'au cou que l'on ne voit plus et ses mains sont enfouies dans ses poches. Elle grelote la tête basse alors qu'Iseline continue de me pourrir.

Je prends mon courage pour aller l'entourer de mes bras et lui présenter mes excuses. Elle se blottit contre moi pour se réchauffer contre le peu de chaleur que dégage mon corps.

  • Je ne t'en veux pas MiL'ou chuchote t-elle. Au moins tu nous as fait rire c'est tout ce que je retiens et heureusement que tu es là sinon je ne rigolerai pas beaucoup ici et je pense que j'aurai déjà abandonné depuis longtemps. C'est dur pour une femme ... Déjà de par ce milieu, d'être entourée que d'hommes un peu machos ! Mais surtout physiquement... Donc le moral forcément ça va avec...

  • Gretel, nous sommes tous fatigués et je suis désolé de nous rajouter de l'épuisement supplémentaire... Ce n'est pas ce que je veux... Je t'aime bien et ça me fait mal au coeur de te voir dans cet état... Et saches que je serai toujours là pour te soutenir, je ne veux pas que tu abandonnes ta place est auprès de nous.

  • Merci Mon MiL'ou chuchote t-elle les larmes aux yeux en s'appuyant sur le côté droit de son bas ventre correspondant à son ovaire. Aïe... Aïe ... Aïeeee... Fffff ffffffffffffffffffffff. Ça me fait du bien ce que tu me dis, je donne toujours le meilleur de moi même ici mais je n'ai pas l'impression que nos supérieurs réalisent bien ! En tout cas je tiens à toi...

  • Tu as mal comme ça tous les mois ?

  • Non au contraire, je les supporte bien d'habitude. Ça m'est déjà arrivée par contre, genre cinq fois depuis que je les ai. J'ai fait des examens rien d'anormal, par contre ça me rend malade plusieurs jours quand c'est comme ça... Hier ça commençait à me prendre tout le ventre mais j'ai tellement passé une bonne soirée avec vous trois que ça m'a permis d'oublier un peu ! Mais cette nuit rien pu dormir !

Foch nous rappelle à l'ordre pour la dernière fois. Nous nous mettons au garde à vous, la position est insupportable pour Gretel. Les larmes se mettent à couler sur son doux visage puis elle relâche aussitôt la tension en se pliant en deux, gémissant bruyamment.

  • Ça suffit votre cinéma ! Redressez vous ! Hurle t-il. J'ai envie de le chopper par le cou, il n'a pas à la traiter comme ça et le voir lui secouer le bras me donne envie de lui coller mon poing dans la gueule. Je ferme les yeux pour respirer en repensant que je n'aurai pas d'autre chance ici si je commets de nouveau des erreurs.

  • Vous étiez donc là ! S'exclame Munsch. Tu aurais dû me prévenir que tu leur faisais faire du sport matinal ! On a d'autres projets de prévu ! Je vais devoir te les enlever pour qu'ils aillent faire des études sur le vent bizarre qu'il y a eut durant le crash d'avion car d'après mes connaissances ce n'était pas un phénomène naturel ! Et les conditions météorologiques ne sont pas favorables pour un footing ! Ils risquent de prendre froid ou de se fouler une cheville ! J'aimerai les garder en santé plus longtemps ! Sois raisonnable Martin !

  • De prendre froid ? Répète Foch en ricanant de manière machiavélique. On aura tout entendu ! Et puis quoi encore ? S'ils étaient en période de guerre, ils iraient au front même ensevellis sous la neige ! Alors balivernes ! Balivernes !

  • Les ordres sont les ordres articule Munsch. Jeunes gens suivez-moi, rentrons au chaud ! Je trouve ça inadmissible de mettre tes recrues dehors par un temps pareil. Venez venez !

Nous tournons les talons préssés de vite rentrer dans le bâtiment où sont les postes de pilotage de drônes. Une fois que Munsch a disparu derrière le mur, j'entends '' TOI ! '' et me retrouve violemment plaqué contre le mur. Mon visage se râpe contre le crêpi, je gémis sous la poigne du caporal-chef Martin Foch. Je n'ai pas la force de me débattre, trop concentré sur le fait qu'il faut que je me cannalise pour ne pas me jeter sur lui. Mes amis s'arrêtent net complètement choqués par ce qu'ils viennent de voir.

  • Tu me vas me le payer petit con ! S'exclame t-il en me secouant, ma tête s'erraffle plusieurs fois contre la façade. A toujours fanfaronner ! T'as de la chance que Munsch se soit pointé ! Mais ça sera partie remise ! Et j'aurai bien le temps de réfléchir à votre sanction collective crois moi !

  • Vous n'avez aucun droit de le traiter ainsi ! S'écrie Iseline en essayant de débarrasser la grosse paluche de Foch de mes épaules. Cet en*** resserre encore plus sa main sur mon trapèze.

  • Iseline dis-je en grimaçant. C'est bon, c'est bon ...

Foch me lâche d'un coup sec, mes jambes se fléchissent, je m'appuie contre le mur pour me relever. Gretel réajuste le haut du col de mon polo et me regarde avec insistance avec beaucoup d'inquiétude que ce salaud ait pu me faire mal.

  • Tu devrais en toucher deux mots à Munsch ! S'exclame t-elle. Il n'a pas le droit de te faire du mal.

Je m'adosse au mur une jambe repliée pour poser mon pied contre celui-ci. Je sens mes narines se dilater de colère et la sueur ruisseler depuis mon front malgré le froid extérieur. Chez moi, la colère monte vite et ça m'a énormément coûté de le laisser me plaquer contre le mur sans broncher. Ludwig et Iseline me caresse les épaules tout mes membres tremblent nerveusement. J'espère ne pas recroiser ce sale type, je pourrai démarrer au quart de tour à la moindre provocation.

  • Ça l'a bien énervé notre ami MiL'ou s'exclame Ludwig. Ça va mec ressaisis toi, l'autre bâtard a tourné les talons, c'est bon respire.

Je ferme les yeux sentant mon torse se saccader alors je sers les dents pour ne pas m'enrager. Mes poings sont tellement fermés qu'ils en sont douloureux. Les filles me prennent une main chacune pour la déplier doucement. Gretel frôle l'intérieur de ma paume pour m'aider à redescendre en pression.

  • Que se passe t-il ? Vous ne suivez plus le groupe ? Demande Munsch.

Dans la tonalité de sa voix, je ne ressens aucune agressivité. Seulement de l'inquiétude lorsqu'il m'a vu dans cet état. Munsch se rapproche de nous et ses mains massives me prennent les joues pour relever mon visage vers lui. Gretel commence à formuler sa phrase pour sans doute expliquer l'altercation qu'il y a eut entre Foch et moi, je secoue la tête pour la supplier de ne rien dire.

  • Instructeur Munsch, c'est au sujet du caporal-chef Foch commence t-elle. Il a une façon de nous traiter qui n'est pas des plus convenables ! Il s'en est pris à MiL'ou euh enfin Milan. Au point de le plaquer contre le mur et de le menacer... Il lui a fait mal surtout !

  • Il faut dire qu'avec Ludwig, on a bien perturbé le cours dis-je.

  • Quand bien même ! Il n'a pas à te traiter comme il la fait ! Se défend t-elle. Vous n'avez rien fait de méchant avec Lud, vous avez juste pris un fou rire ! Monsieur, il faut bien faire quelque chose ! Regardez son visage !

  • Chaque chose en son temps Mademoiselle Marx. Nous allons d'abord débuter des recherches concernant les conditions météorologiques du crash de rafale car ça me semble important de comprendre d'où vient le problème. Et en fin de journée je vais me dégager du temps pour vous recevoir Monsieur Bonnier. Suite à notre entretien, je veux bien que vos co-équipiers qui semblent avoir été témoins de la scène viennent témoigner eux aussi. Ça fait un moment que j'ai à l'oeil Foch, il a des attitudes qui ne me reviennent pas. Maintenant venez !

Nous le suivons à l'intérieur du bâtiment et prenons place à nos postes. Je m'installe sur le siège du cockpit de pilotage alors que Munsch débute ses instructions. Mes équipiers se positionnent eux aussi à leurs fonctions. Nous communiquons régulièrement pour gérer la situation. Ludwig relève certaines choses au crayon à papier sur sa feuille et Iseline l'épaule pour l'aider à trouver certains résultats.

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