Chapitre 128

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Iléana passe ses ongles vernis de rouge le long de mon bras poilu pour me chuchoter et me demander si je peux l'aider à décortiquer les crevettes car elle n'a pas l'habitude de le faire elle même. Je presse mes lèvres sur les siennes pour accepter et m'occupe de lui préparer ses bêbêtes dans son assiette en lui faisant une jolie présentation en forme de coeur. Elle semble touchée que j'ai mis tout mon coeur dedans et m'embrasse encore une fois. Sa poitrine sous son pull s'écrase contre mon torse et son baiser est si sensuel et précis qu'il me donne envie d'elle n'ayant pas pu en profiter la semaine dernière étant donné qu'elle avait sa période rouge.

Rafaël prend la parole en s'éclaircissant la voix et se lève de sa chaise pour nous faire face mais nous le voyons bien de son mètre quatre-vingts-dix et vu qu'il est en bout de table.

  • On a réfléchi à la répartition des chambres afin que chacun puisse être à l'aise un minimum. Forcément nous ne pouvons pas avoir chacun notre chambre alors j'espère que vous ne râlerez pas trop de toute manière nous ne pouvons pas faire autrement ! Dans la chambre indépendante sur le palier il y aura Miguel et Iléana, nous ne nous voyons pas de mettre un couple avec d'autres personnes dans la même chambre, sinon bonjour l'intimité. Vous serez bien tranquilles de votre côté ! Et ensuite nous avons fait les choses par génération ! La chambre à côté de la salle de bains il y a trois lits comme vous le savez, on a pensé à Chloé, Lou et Milan comme ça vous êtes entre jeunes pour papoter c'est sympa et vous n'avez pas les darons sur le dos ! Dans la chambre de gauche par rapport à la cuisine ce sera Lélia, Matt, Anaïs, Clément, Océane et moi ! Et celle de droite Papa et Maman et Jade et Xavier !

  • Hé je fais comment pour me branler tranquillement moi ? ! Rétorque mon cousin à voix haute sans être gêné. Iléana secoue de nouveau la tête embarrassée, je lui chuchote que l'on sera bien tous les deux de l'autre côté de la porte d'entrée. Lou lève les yeux au ciel exaspérée de nouveau. Tout le monde n'en fait pas cas.

  • Ils sont supers beaux tes ongles Lou ! Tu les as fait où ma belle ? En plus ils sont longs, tu as de la chance et la couleur prune est sublime. Sympa l'idée des petites perles !

Lou se laisse prendre la main par ma chérie et lui permet de regarder de plus près. Elle est contente du compliment qu'elle vient de lui faire ça se voit aux rayonnements de son doux visage.

  • C'est Océane qui me les a fait hier matin ! Et là ça change un peu car à chaque fête de Noël je lui demande des couleurs assorties au thème et des dessins genre canne à sucre, flocons de neige ou père Noël mais là j'avais envie de changer ! Les perles c'est vraiment un petit plus tu vois ! Hihi je ne peux plus me voir sans vernis sur les ongles ! Tu fais partie de la famille ma chérie maintenant ! Alors je pense qu'Océane sera toute contente de te faire une séance de manucure ! Par contre j'ai quelques vernis dans ma trousse de toilette, si tu veux je pourrai t'en mettre après le repas si ça te fait plaisir et ça nous permettrait d'avoir un moment de complicité je ne te connais pas tant que ça même si je te trouve adorable !

  • Oh tu ferais ça pour moi ? C'est très gentil moi aussi j'aimerai te connaitre plus surtout que j'ai que deux ans de plus que toi, on pourrait très bien s'entendre !

Lou lui fait un clin d'oeil ravie de pouvoir montrer à Iléana ce que lui a appris sa tante Océane. Un coup dans l'assiette un peu trop fort et voilà ma chemise couverte de mayonnaise et d'orangé des crevettes. Je suis dégoûté venant tout juste de l'acheter.

  • J'aurai dû cotiser pour un bavoir plutôt que de participer à ton cadeau ! Se moque mon cousin.

  • Raaaah ta gueule ! J'ai bien les boules, elle est toute neuve ! (Je contemple avec désespoir ma chemise, les mains écartées pour ne plus rien toucher). Surtout sur du gris clair ! C'est irrécupérable !

Lélia se lève jusqu'à moi avec un regard désolé, je soupire agacé.

  • Enlève là, je vais mettre du détachant et la mettre au lave linge mon petit Miguel !

Je commence à déboutonner soigneusement mes boutons n'ayant plus d'espoir pour qu'elle en ressorte intacte. Milan se barre les yeux avec ses mains, seul son sourire narquois reste visible.

  • Oh non pour ma vue et celle de toute la table, évite d'ôter ta chemise ! Je n'ai pas envie de voir Chewbacca !

  • N'en fais pas cas poursuit Lélia avec bienveillance. Milan tu la mets en veilleuse ! Ton cousin est très bien comme il est, ce n'est pas utile de faire ce genre de réfléxion. Aller débarrasse toi de tout ça.

Je la remercie d'un sourire en lui tendant ma chemise en boule. L'air de la pièce n'est pas suffisamment réchauffé ni les circonstances pour me permettre de rester torse nu. Iléana a très bien remarqué que je commence à avoir quelques frissons dans mes poils hirsutes. Elle me conseille même d'aller chercher un vêtement chaud, les yeux dans les miens me caressant l'intérieur du bras.

J'ai l'impression de peser une blinde et pourtant combien j'aime manger ! Mais ça ne rentre plus, juste la place pour un petit fromage blanc et une part des deux bûches glacées. Lélia nous incite encore à reprendre du rôti en tendant le plat vers nous, Iléana rougit en refusant les mains qui s'agitent dans tous les sens. Je secoue la tête n'en pouvant plus non plus, elle refait le tour de la table pour revenir se positionner devant moi.

  • Miguel, toi qui aime bien manger, tu vas bien en reprendre ! Pour faire plaisir à Tata !

  • Maman hihi t'es pas possible ! Arrête de forcer comme ça ! Tout le monde est rempli tu le vois bien ! Rigole Lou.

  • Mais vous êtes en pleine croissance mes chéris ! Miguel le petit bout là ? Iléana ?

  • Non merci Tata Lélia, c'était très bon mais je sature. La croissance je crois que c'est râpé pour moi ! Un mètre soixante c'est terminé ! Dis-je avec humour.

  • Hihi tu auras tenté maman !

Nous laissons passer plus d'une demi heure entre le fromage blanc et la bûche glacée. Iléana a la tête posée contre mon épaule et ses yeux se ferment par moment s'ensuivent par des bâillements discrets. Moi qui espérais un doux moment une fois tous les deux sous la couette je sens que ça aussi c'est foutu d'avance...

  • Miguel mon amour ! S'exclame Ma mère en ajustant ses cheveux blonds sur son épaule gauche. J'ai apporté les bûches, tu veux bien nous les couper en part égales ? Qu'est-ce qu'elles ont l'air bonnes !

  • Celle de Miguel est sans doute de loin la meilleure ! Renchérit Lélia. Je n'ai pas eu le mérite de la faire !

  • Tu rigoles ? Tu l'as pris chez le meilleur pâtissier de la ville, elle doit être pas mal aussi ! Continue ma maman.

Les compliments me flattent, je prends le grand couteau et commence à découper les parts en ne gâchant en rien leur belle présentation. Danny, Rafaël et Matt parlent d'héritage à voix haute.

  • Mes fils, il est venu le temps de se poser les bonnes questions commence Papi Danny (grand-père de Lou). Comme vous le savez même si j'ai la forme, je ne me sens plus le courage d'entretenir cette grande maison, c'est trop d'efforts, de travail pour n'y passer qu'une partie infime de notre temps. Amandine et moi voyons bien que vous venez que très rarement ! Ça s'est un peu perdu depuis que Maman n'est plus de ce monde. Et votre oncle n'a jamais été autant attaché que je le suis ! Je vais vous poser une question, est-ce que vous souhaitez que je vous mette en héritage et prendre la suite des choses ?

Rafaël se tourne vers son frère en fronçant ses sourcils noirs et les yeux qui vont avec avant de se replonger dans ceux de leur père.

  • Avec Matt, on en a beaucoup discuté. Ça n'a pas été un choix des plus simples car notre attachement ainsi que tous les souvenirs rattachés à cette maison sont très forts. Mais je pense que nous serons contraints de finir par nous en séparer. Matt est encore loin de la retraite et il est trop occupé avec sa vie pour pouvoir venir gérer la maison et tout ce qui l'entoure ! Les différents travaux de rénovation comme refaire certains murs dont les pierres commencent à s'émietter, refaire la toiture, entretenir le terrain, déboisage, arracher les ronces, les mauvaises herbes. Et ce n'est pas une critique envers mon frère ! Je manque moi même de temps, avec le travail c'est compliqué de descendre ici pour des sessions de nettoyage alors je suis d'avis que tu vendes la maison ! A moins que ça tienne à coeur à nos descendants.

  • Mais qu'est-ce que tu veux qu'on en est à foutre de la maison ?! Pas que ça à foutre aussi ! Se permet de répondre Milan.

  • Moi je l'aime beaucoup cette maison déclare ma cousine. J'ai de l'attachement pour celle-ci, c'est une partie de mon enfance aussi ! On est venue très souvent en vacances avec Chloé quand on avait quinze, seize ans. J'aurai mal au coeur si elle se vendait !

  • Milan n'a pas tord sur un point répond Chloé. Moi aussi je tiens à cette maison au charme d'ici toute en pierres et agréable au coin de la cheminée ou avec le lac à proximité pour ses baignades ou un petit coin de bronzette. Mais sincèrement si Milan ne nous aide pas, tu nous vois débroussailler le terrain et faire des travaux ? Combien de temps viendrons nous ici ? Pour moi non plus ce n'est pas envisageable de la garder, Papa a raison ce n'est plus possible. Regarde tu n'as pas fini tes études et moi j'ai beaucoup de travail avec les fleurs, quand est-ce que l'on pourra descendre à la maison ?!

  • Je vais me charger de la vente et de la paperasserie confirme Danny. Le plus tôt sera, le mieux ça sera tant que j'ai toujours toute ma tête. Et la santé ! Je laisse passer les fêtes et j'entame les démarches.

Lou se lève les yeux remplis de larmes, je l'observe s'effondrer silencieusement avant d'aller s'asseoir sur le banc devant la cheminée. Ma cousine sanglote bruyamment par la suite, un chagrin d'adieu pour leur maison de campagne. Je m'extrais de la table pour aller m'asseoir à côté d'elle pour la prendre dans mes bras, je ne donne pas cher de mon haut avant qu'il soit mouillé de ses pleurs et peut-être même de sa morve. Sa bonne poitrine s'écrase contre mes pectoraux, je frotte ses épaules.

Impossible pour elle d'aligner des phrases, ses mots sont entrecoupés par ses pleurs et reniflements aux creux de mon oreille. Rien de très glamour je vous l'accorde.

  • Lou, une page doit se tourner... C'est normal que tu sois triste mais plus personne n'a le courage de reprendre la maison. Crois-moi que c'est beaucoup d'emmerdes ! Ça mettra toute la famille d'accord ! Et la tienne et celle d'Alyssa ta grande cousine ! Des souvenirs tu vas t'en créer d'autres et maintenant il va falloir avancer.

  • Mais personne n'est dans la capacité de comprendre... Personne... Combien j'aime me retrouver ici avec Chloé ! Et une maison comme celle-ci ça se revend en un claquement de doigts ! C'est probablement la dernière fois qu'on la voit.

Chloé a les yeux brillants elle aussi, elle enlace Lou mêlant ses cheveux bruns à ceux de sa cousine.

  • Lou, à part ton frère qui s'en fout sache que pour nous autres ce n'est pas évident. Ton père il en a gros sur le coeur, mon père a eut du mal à le raisonner là dessus mais plus personne ne vient ici. La maison a fait son temps et on ne l'oubliera pas. Juste ce n'est plus possible tu vois bien.

  • Je sais... Mais je suis sensible vous le savez très bien. Donc ça m'attriste de perdre la maison... C'est comme si une partie de moi restait ici vous voyez... Bon, Allons goûter ton chef d'oeuvre cousin !

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