Chapitre 107

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Les pieds pris dans la vase, je me crashe de tout mon long sur le terrain glissant. Les rires de Küchin me reviennent aux oreilles alors que je bataille pour me relever. Mes pieds dérapent je perds même ma basket dans la boue et pour la remettre c'est vraiment compliqué. Je me fatigue et à chaque fois que je soulève ma jambe pour faire un pas en avant la seconde s'embourbe davantage. Autour de mon autre chaussure de rester enfoncée dans la boue, je m'énerve à tirer dessus pour la décoincer de là et d'entendre les moqueries de Rainer n'arrange pas les choses.

  • Milan donne toi à fond ! On est avec toi ! M'encourage Ludwig. N'écoute pas l'autre abruti !

Je crache la boue qui vient d'entrer dans ma bouche, rien de plus désagréable que les grains de cailloux coincés entre les dents. Et si je ne parviens pas à un but précis je peux être un gros rageux ! La colère et la hargne ont réchauffé tout mon corps, c'est à plat ventre que je rampe pour progresser. Une fois cette partie franchie c'est vers le mur que je souhaite m'envoler. La corde me glisse plusieurs fois des mains et impossible de s'aider avec les pieds tellement la surface glisse ! Je reste concentré sur les encouragements de Ludwig mais ce sont les critiques de Küchin qui l'emportent.

  • Ah si seulement mes darons étaient plus grands, j'aurai pu passer sans problème ce putain de mur ! Si le temps n'était pas aussi exécrable, je ne galèrerai pas dans cette boue ! Bordel qu'est-ce qui m'a pris de m'engager !

La corde est en train de cisailler l'intérieur de mes mains mais j'essaye d'oublier cette douleur lancinante pour forcer sur mes biceps pour réussi à attraper le mur avec le bout de mes doigts, ce sera sûrement plus simple pour escalader, je tombe une nouvelle fois avec un atterrissage incontrôlé.

  • P'tain ça commence à me casser les couilles !

  • Economisez votre salive Bonnier !

Ludwig passe de l'autre côté du mur pour que je le vois une fois que j'ai saisi la corde entre mes mains. Je gémis face à mes difficultés, jure à voix haute malgré toute ma détermination.

  • Aller mec, tu y es presque, il ne manque pas grand chose ! S'exclame t-il.

  • Aller M'L'ouuuu ! Saute moi ce mur ! C'est plus facile de sauter sur des filles que ce mur à la con ! Dis-je tout essoufflé. Ta gueule Rainer ! Tu vas voir si je vais y arriver espèce de c.....d !

Mon encouragement porte ses fruits me voilà à califourchon sur le mur, les filles m'applaudissent ça me booste. Cette maudite boue m'agace et ça ralentit surtout ! J'empoigne fermement la corde et me balance pour me donner de l'élan pour faire tarzan hors de la boue mais mon coup échoue, j'arrive pile sur la bordure et tombe en arrière dans la marre de boue qui m'arrive au moins à la taille. Je râle, je râle mais je continue mon parcours !

Spencer est en pause de ce que j'entends lorsqu'il s'adresse à Ludwig, cet homme c'est vrai que je l'admire et que je le trouve stylé. Sa présence me donne envie de donner le meilleur de moi ! Mes foulées sont plus grandes, maintenant que mon corps est échauffé ça va beaucoup mieux pour sprinter. Mes pectoraux se soulèvent vivement je crache au passage ayant la gorge en feu, Munsch me félicite de vive voix, c'est revalorisant et je jubile par rapport à Rainer !

Le montée de corde, une épreuve qui ne me fait pas peur ! Combien de fois j'ai épaté les filles sapeurs pompiers en me hissant jusqu'au plafond avec habilité en un temps record. Aller ça c'est fait ! Emballé c'est pesé ! Je me remets en course, il ne me reste plus beaucoup de mètres à parcourir mais ce rondin de bois à marcher dessus en équilibre me donne plus d'appréhension.

Je m'accroupis juste dessus mais c'est clairement casse gueule, ce rondin je ne le sens pas du tout. Mes jambes tremblent lorsque je me relève j'inspire profondément en fermant les yeux quelques secondes. Si en plus de ça j'ai le tournis ça va être chaud... J'ai même l'impression que ça craque lorsque je progresse dessus, le vent me cause un déséquilibre important où il m'est impossible de me stabiliser je saute du tronc pour revenir au bout pour recommencer. Je garde ma concentration alors que mes amis croient en moi et le formulent de vive voix. Je dois m'y reprendre en plusieurs fois, j'enrage encore plus au bout de la cinquième, la gymnastique pas mon délire c'est certain.

Mes jambes s'écorchent contre l'écorce, un peu sang fuit à travers mes poils brun, il en est autant avec mes bras. Celui-ci est nettoyé par la pluie. Ces griffures me donnent un petit côté de guerrier aguerrit !

Je commence à perdre patience alors c'est en courant que je me décide de franchir le rondin de bois, mon pied se réceptionne mal à la dernière foulée que je finis à cheval sur le rondin gémissant à outrance ma douleur testiculaire. Je secoue la tête pour me ressaisir, les joues bouillantes du choc que je viens de recevoir.

  • Va me falloir une masseuse ce soir ! (Je le gueule bien fort et reprends ma course de foulées désordonnées me tenant les couilles). Aïe !!!! Ouïe !

  • C'est moi qui vais m'occuper de toi ! Allez recrue secoue-toi ! C'est mou tout ça !! Crie Munsch encore plus fort.

  • C'est bon c'est bon, ça va déjà mieux ! Aïe !!

Je me jette à plat ventre sous les barbelés et rampe comme un petit vers de terre ce qui vaut quelques rires moqueurs de mes camarades. J'aime bien amuser la galerie moi ! Je m'éclate moi même puisque je me mets à rire nerveusement en m'imaginant bouger mon petit cul.

Les barbelés s'enroulent autour de mes vêtements, là ça me fait moins marrer. Je démêle doucement le fil avant de poursuivre sur ma lancée. Une impulsion mal calculée déchire mon t-shirt sur le côté, un grand trou ! Je vois enfin le bout du tunnel ! Mon coeur bat violemment sous mon torse, je gémis en rampant le plus bas possible, ça tourne, ça tourne...

Je sens les pics des fils barbelés pénétrer ma peau, je tente de me dégager en donnant de grands coups mais cela semble s'enfoncer plus et c'est plutôt pas agréable comme sensation.

  • Hummmmmmmmmmmmmmmm... (Mon râle est rauque, je suis bien coincé et dans la position que je suis, impossible de l'enlever moi même).

  • Je me débats mais je vois bien que je suis coincé ! Fait comme un rat ! Mes forces s'affaiblissent et le fait de ne plus être en mouvement me donne froid. Je grelote vivement le coeur toujours à fond la caisse. Ils comptent me laisser crever là ou quoi ?!

Gretel arrive en trottinant vers moi, son visage a reprit des couleurs elle a meilleure mine.

  • Bouge pas je vais te sortir de là mon Loulou ! S'exclame t-elle. Je fais tout doucement, ça va sûrement piquer un peu... Tu as été fantastique MiL'ou !

Gretel me fait pivoter le mollet avec délicatesse, lorsque je jette un oeil les pics sont bien plantés.

  • Tu as tiré dessus en plus pour que ce soit aussi profond... Déclare t-elle. J'y suis presque MiL'ou, encore quatre et ça sera bon...

Je n'ai pas fais semblant ! Grâce à cette jolie jeune femme je suis libre avec plusieurs marques de barbelés sur le mollet mais je peux reprendre mon sprint jusqu'à la ligne d'arrivée. C'est l'épuisement total mes jambes me lâchent je retombe sur mes genoux toussant et m'étouffant avec la boue qui est passée de travers. Gretel cale le derrière de ma tête contre sa poitrine alors que je continue à tousser et à recracher toute la boue. Ses mains me soutiennent les joues, j'ai l'impression que je vais crever puisque ma vision s'assombrit de plus en plus. Ma tête part sur le côté et la voix de Ludwig tourne autour de moi je ne sais pas de quel côté elle provient mais je sens ses claques heurter mes joues.

Les félicitations fusent ça m'aide à ne pas partir complètement.

  • Bravo petit pretencioso ! Déclare Munsch. Brave gaillard ! Ce n'était pas simple dans ses conditions ! Il n'y aura pas de corvées ménagères, le terrain était quasiment impraticable alors on arrête pour aujourd'hui. Vous vous prenez une bonne douche chaude et après on se fait un petit speach sur les drônes et les équipiers !

Munsch et Ludwig me prêtent leurs épaules pour me soutenir, fatigué je leur adresse un large sourire triomphant qui aussitôt se tourne vers Küchin.

  • Je dois avouer que tu t'es bien démmerdé ! Déclare Küchin en me serrant la main. C'est ce que j'aime, me mesurer aux meilleurs !

  • Merci répondis-je poliment, au fond je jubile.

Les rafales nous ramènent alors de la grêle, je n'ai plus d'énergie dans les jambes alors je me fais traîner par les deux hommes jusqu'à l'intérieur. Par la fenêtre je perçois une toupie commencer à se former.

  • Ça ce n'est pas bon du tout déclare Munsch en courant dans tous les sens. Ce temps n'est vraiment pas normal ! La sirène de la mairie la plus proche se met à corner de façon lugubre, Munsch actionne celle de la base militaire. Spencer vous partez chercher vos collègues pilotes ! Je veux que vous rentrez tous les avions de la base ! Tous dans les hangars puis vous venez nous rejoindre dans les bunkers ! Bougez !

  • A vos ordres Instructeur !

Spencer part en courant, le bruit de ses rangers au sol une fois lacées. Iseline s'accroche à Ludwig, je vois à son regard qu'elle est morte de trouille. J'ai vraiment du mal à me relever et pourtant il ne va pas falloir mettre plus de temps pour aller se mettre aux abris. Gretel me prend le bras pour le mettre derrière sa nuque et son bras libre se cale délicatement dans mon dos, Küchin vient m'apporter un coup de main aussi et nous prenons la direction des bunkers.

  • Tenez Küchin, c'est la clé du numéro quatre. Verrouillez-vous à l'intérieur avec les autres recrues et n'ouvrez que si quelqu'un vous le demande ! Je pars aider les pilotes ! S'exclame Munsch en nous abandonnant devant l'entrée des bunkers. La base devrait tenir mais ici c'est sûr que ça ne risque rien !

Livide comme un linge je me cale contre une malle en bois, le dos adossé au mur en terre. Je suis sûrement en hypoglycémie, presque nauséeux d'avoir tout donné sur ce parcours. Gretel fouille dans une boîte à pharmacie pour revenir avec quelques compresses et un désinfectant. Je me tiens la tête avec ma main respirant le plus lentement possible tellement la sensation est désagréable.

La jolie femme retrousse mon pantalon tout en douceur jusqu'à mon genou. Sa main se pose sur mon mollet juste au dessus de ma blessure, elle tapote avec sa compresse et pulvérise le produit sur ma peau abîmée par les barbelés.

  • Tu auras sûrement une cicatrice... Déclare t-elle. J'espère que tes rappels contre le tétanos sont faits !

  • Oui je suis à jour, merci... Il faut vraiment que je graille un truc... J'vais verser sinon...

Küchin farfouille dans son sac pour me tendre deux barres de céréales, à moitié dans les vapes je le remercie et Iseline me tend sa bouteille d'eau s'excusant d'avoir bu au goulot, pas de souci.

Mon coeur manque un battement lorsque je me mets à penser à Lou et à mes parents ainsi qu'à tous mes proches qui j'espère sont à l'abris et qu'il n'y aura aucun dégâts chez eux. Je bougonne en voyant que je n'ai pas mon portable sur moi, j'ai dû le laisser dans le dortoir.

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