Chapitre 91

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La température de nos corps est élevée lorsque l'on se lève de nos fauteuils une fois le film terminé et que les trois quarts des gens ont quitté la salle. Nous avons embaumé notre rangée d'une odeur de sexe. Je porte mon sac à main sur mon épaule et prends la main que Lucas me tend pour sortir du cinéma. Je perçois le regard noir d'un vigile dans notre direction lorsque nous traversons le couloir, pas rassurée je me blottis contre les flans de Lucas qui vient entourer ma taille de son bras musclé.

  • Vous deux ! Déclare t-il en nous désignant du doigt une fois arrivés à sa hauteur. Vous allez me suivre sans broncher sinon c'est renfort assuré !

Mon coeur manque un battement, j'imagine que nos ébats ont été filmés. Je commence tout juste à réaliser dans quelle galère nous nous sommes fourrés et que ça peut être puni par la loi. Lucas reste droit sur ses pieds le torse un peu bombé.

  • Pas de souci, on ne va pas s'enfuir n'ayez crainte répond Lucas d'un ton poli.

L'agent de sécurité nous escorte vers un couloir que nous ne connaissons pas, inquiète je lance un regard à Lucas suivant docilement le vigile jusqu'à la porte sur laquelle figure l'inscription '' sécurité, vidéo surveillance. ''. Ma gorge est toute pâteuse, nous avons été surpris et il va falloir se justifier. Comment je n'en ai aucune idée et rien ne me vient. Il ouvre la porte sur une salle de vidéos de surveillance, pleins d'écrans figurent au fond de la salle, le malaise est immense lorsqu'il nous désigne une paire de fauteuils. Un collègue entre à son tour nous adressant un bonjour auquel nous répondons autant l'un que l'autre d'une voix quasiment inaudible, je ne suis pas fière de ce que nous avons fait. Tous les deux s'assoient d'un geste coordonné croisant leurs bras contre leur torse baraqué. Lucas garde un air sérieux croisant lui aussi ses bras contre son buste plus par geste de protection et d'embarras et moi je suis très mal à l'aise les yeux rivés sur mes mains qui sont posées sur le bureau, les yeux quasiment pleins de larmes.

  • Avez-vous une petite idée de pourquoi vous vous trouvez là à l'heure qu'il est ? S'exclame le premier qui nous a '' accueillit '' d'un ton ferme presque cinglant.

Lucas se râcle la gorge, clairement je suis dans l'incapacité d'aligner trois mots. Je me contente de secouer la tête.

  • Oui Monsieur, je ne sais pas quoi dire affirme Lucas plein d'honnêteté. Ce n'était pas la meilleure idée qui soit ! (Il termine sa phrase mal assuré d'un petit rire nerveux).

  • Vous êtes jeunes et cons confirme le deuxième, ça me met hors de moi mais il vaut mieux que je ferme ma gueule. Êtes-vous au courant que ce lieu est muni de caméras ?

  • Hum (se râcle la gorge). Ben maintenant que nous sommes ici, oui.

  • Mais ça ne vous a pas fait tilt là dedans ?! Renchérit le premier homme. La plupart des lieux publics en sont dotés ! Pas de chance vous vous êtes fait grillés et nous on a fait notre job ! Le sexe en public est condamnable ! Du moment où vous avez été pris sur le fait ! Ce qui est le cas ! Article 222-32 du code pénal ! Et je peux vous dire ça fait cher la partie de baise ! 15 000 euros d'amende ainsi qu'un an d'emprisonnement !

  • 15 000 euros d'amende et un an de prison ? Répète Lucas incrédule.

  • T'as bien entendu gamin ! Répond le second narquois. Et ça fallait penser à toutes les condamnations possibles avant ! Et nous serons intransigeants ! Nous allons donc appeler la gendarmerie nationale et porter plainte ce qui vous conduira directement au tribunal conditionnel !

  • Noooooooooooooooooooooon !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Je pousse un hurlement en éclatant dans de gros sanglots qui secouent mes épaules. Lucas a le visage grave, il pose ses mains sur mes épaules.

  • On a tout juste vingt ans et vous allez bousiller notre casier judiciaire ! Seulement pour du sexe au cinéma !

J'hurle en pleurant de plus en plus presque hystérique, la rage que je contenais est en train d'exploser.

  • Alors justement à vingt ans vous êtes pleinement conscients de vos actes. Donc la peine ne sera pas allégée ! Vous prendrez cher tous les deux et c'est tout ce que vous méritez ! Maintenant vous allez nous donner votre nom, votre prénom, votre carte d'identité !

  • Putain mais ce n'est pas si grave que ça ! Répondis-je en hurlant à pleins poumons. Notre vie est foutue ! Et vous vous êtes là avec votre répondant sévère à nous en foutre plein la gueule ! Putain bande de connards ! Ça vous fait rire de mettre deux jeunes dans la merde ! Ouais on a refait votre journée ! Vous êtes fiers de vous !(J'applaudis insolemment et en même temps je suis terrifiée).

Lucas se lève à son tour pour me cannaliser, il m'enlace de ses bras musclés juste en dessous de la poitrine m'incitant à remettre les fesses sur ma chaise.

  • Arrête Lou, ferme-là s'il te plaît ! On est assez dans la merde comme ça ! STOP ! Tenez messieurs... (Il pose sa carte d'identité sur la table). Mon nom est Ferrero, Prénom Lucas je vis encore chez mes parents... Lou tu ferais mieux d'en faire autant... Avec ceux que tu leur as dit ils ne vont pas s'arrêter là.

  • Mais je n'en ai rien à foutre ! Ce sont des connards c'est tout ! Je ne donnerai pas ma carte ni mon nom qu'ils aillent se faire enculer ! C'est bon je me barre !

Quand c'est comme ça je deviens incontrôlable et je ne gère plus la portée de mes mots c'est plus fort que moi. Je m'apprête à foutre le camp mais l'un des hommes est plus rapide que moi, je suis déjà neutralisée la face contre la table les mains dans le dos. Je gémis sous la force de l'agent de sécurité qui me maltraite les poignets, c'est celui qui est le plus impulsif qui me maintient fermement. Le premier m'arrache mon sac à main.

  • Lucas, tu ouvres son sac et tu me donnes sa carte immédiatement ! Dit-il d'un ton menaçant, Lucas tremble mais refuse de le faire.

  • Non je ne le ferai pas Monsieur malgré tout mon respect vous savez autant moi que l'on ne fouille pas dans le sac de quelqu'un sans sa permission affirme t-il.

  • Bougez votre petit cul je commence à perdre patience !!! Grogne l'agent en me serrant encore plus fort, je gémis et tente de me débattre il sert encore plus fort.

  • Vous me malmenez comme si j'étais une criminelle ! C'est bon lâchez moi, je vais la sortir ma carte ! Dis-je agacée. Je m'appelle Lou ! Lou Bonnier ! Je vis aussi sous le toit de mes parents !

Lorsque j'évoque mon nom, tous les deux se lancent un regard insistant en fronçant les sourcils. Je ne comprends pas pourquoi mais le vigile finit par me relâcher complètement. Je remonte mon t-shirt qui penchée contre la table avait dévoilé la moitié de mes seins si ce n'est plus et fouille maladroitement dans mon sac pour leur tendre ma carte d'identité toujours en larmes.

  • Bien tu vois tu peux être docile quand tu veux ! Renchérit le second très agressif autant dans sa façon de parler que dans son regard. Maintenant tu files le numéro de ta figure d'autorité c'est à dire ton père ! Nous aimerions nous entretenir avec lui ! C'est quoi son prénom d'ailleurs ?! Des Bonnier y'en a pleins nous en connaissons quelques uns.

  • Oh non pas ça, pas mon père dis-je suppliante les yeux baignés de larmes. Il va me tuer !

  • Lou, peut-être que ton père pourra arranger les choses me chuchote Lucas. Il est commandant chez les sapeurs pompiers, ça peut faire son poids. Donne leur son numéro.

  • Papa ne va rien arranger du tout ! Répondis-je en criant. Non ça sera hors de ses principes ! Il sera de leur côté et il va me dire que c'est tout ce que je mérite ! Putain on est dans une impasse ! Il va me tuer je te jure j'ai envie d'être sous terre ! De disparaître là !

  • Lou arrête de déconner, fais ce qu'ils te disent ! Y a pas moyen bouge toi ! Me raisonne Lucas puis il chuchote. C'est notre dernière chance... Je dirai à Matt que c'est entièrement de ma faute ! Fais le s'il te plaît !

Je me mords la lèvre puis la langue en fermant les yeux.

  • Matt Bonnier, il est commandant chez les sapeurs pompiers. (Puis j'énumère les chiffres de son numéro de portable).

  • Connais pas répond le premier après avoir échangé un regard avec le second.

  • Idem, tu vois ce n'était pas si compliqué que ça ! puis ça ne te fera pas de mal de te faire secouer par ton père ! Peut-être qu'il te remettra les idées en place ! (J'entends la tonalité résonner, ma gorge se serre). Bonjour Commandant Bonnier, agent de sécurité du cinéma UGC de Nancy. Votre fille en compagnie de son petit ami se trouve avec nous dans la salle de sécurité. En effet, nous avons constaté des faits qui sont punissables par la loi si nous décidons de porter plainte ! Nous aimerions vous rencontrer au plus vite avant d'envisager des suites à cette affaire.

  • Ah putain Lou tu fais chier ! Crie mon père dans le téléphone. Excusez-moi Monsieur j'en oublie la politesse, bonjour ! Je trouve le moyen de me faire remplacer, j'arrive tout de suite, d'ici un quart d'heure. Merci d'avoir appelé !

Les deux agents de sécurité se tourne vers nous affichant un air complices et satisfaits. Ce quart d'heure est le plus long de toute ma vie, je le passe à pleurer toutes les larmes de mon coeur craignant une sanction sévère de la part de mon père. Mais surtout de le décevoir. Mon coeur rate plusieurs battements lorsque j'entends frapper à la porte.

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