Chapitre 85 - L'entretien avec l'équipe médicale

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La troupe était installée dans le bureau et Jennifer retint son souffle tandis que Patrick composait le numéro de professeur Claye.

— Bonjour, Patrick Cunningham, le père de Clara.

— Bonjour, comment allez-vous ?

— Ça va. Mon épouse et moi aimerions savoir si l’on peut vous rencontrer au plus vite au sujet de la greffe.

— Vous voulez des informations complémentaires ? C’est vrai que votre épouse était absente le jour où nous en avons discuté. Demain, disons à… dix heures.

— Demain, parfait.

Patrick raccrocha.

*

Le lendemain matin, Patrick et Jennifer se rendirent à l’hôpital en compagnie de Shany. Il ne restait plus qu’à convaincre l’équipe médicale.

— Allons-y ! fit Patrick en entrant dans le bâtiment.

La petite équipe prit l'ascenseur jusqu’au troisième étage où se situait le bureau du professeur Claye. Il frappa deux coups :

— Entrez !

Shany alla s'asseoir dans la salle d'attente pendant que les deux parents pénétraient dans la pièce.

— Bonjour, j’ai convié Larry Swan, l'anesthésiste, dit le professeur pour présenter l'homme à ses côtés.

— Le docteur Marlowe se joindra-t-il à nous ? s’enquit Jennifer. C’est le médecin qui a suivi le plus ma fille.

— Non, il ne pourra pas être parmi nous, il participe à un colloque pendant deux jours.

— Dommage.

— Heu, nous voulions vous rencontrer pour heu… le sujet délicat de la greffe, fit Patrick.

— Que voulez-vous dire ?

Jennifer en profita pour préciser.

— En fait, nous voudrions vous faire part d'une autre option que nous avons étudiée.

— A quoi faites-vous allusion ?

— Hé bien. Evidemment la route qui m’a menée à cette alternative est une longue histoire. Disons qu’à l’aune de recherches en Italie, j’ai été amenée à enquêter sur une plante soignant les maladies liées aux insuffisances respiratoires, et il semble que celle-ci soit efficace sur le syndrome de Panzuzu.

— Pour le moment, rappela le professeur Claye, il n’y a aucun remède efficace. Nous avons mis au point plusieurs protocoles que nous pensions efficaces et novateurs. Malheureusement, aucun ne s’est révélé curatif. C’est pourquoi, nous vous avons proposé la greffe en dernier recours.

— Oui, et je vous remercie pour cela.

— Messieurs, reprit Patrick. Pouvons-nous vous faire part du résultat de nos recherches ? Nous pouvons vous assurer que nous avons pris grand soin de les étayer et de les faire vérifier afin de garantir leur fiabilité.

Les deux professionnels se regardèrent dubitatifs. En même temps leur présentation les intriguait et leur curiosité les poussait en savoir davantage.

— S’agissant de la santé de votre fille, j’imagine que vous avez bien étudié le sujet, reprit le professeur. Je vous donne dix minutes pour exposer vos thèses.

— Comme je le disais à l’instant, en Italie j’ai enquêté sur une plante susceptible de soigner la maladie qui touche notre fille. Cette plante est connue dans une région spécifique : les Cinq Terres puisque tirée d’un arbuste endémique nommé Camellia Alpaca. Nous en retrouvons la trace vers 1845 où les effets bénéfiques de cette plante ont été décrites dans la correspondance d’un peintre appelé Battaglini. L’artiste a eu des jumeaux. Les avancées sanitaires sont précaires, la maladie n’est pas nommée. En revanche, les symptômes de la maladie, les conséquences sur les capacités respiratoires des enfants correspondent en tout point. Signes qui m’ont encouragée à poursuivre mes investigations.

Une fois encore, les deux médecins se regardèrent, intrigués. Par son introduction, Jennifer avait réussi la difficile mission de susciter leur curiosité. Larry Swan souleva discrètement sa chaise à l’aide de ses deux bras et l'avança vers Jennifer.

— Poursuivez.

— Battaglini a utilisé un breuvage à base de plantes pour soigner ses enfants. En ce qui concerne le garçon, la maladie était trop avancée, il est malheureusement décédé. En revanche, sa sœur a pu être sauvée.

— D’accord, mais en quoi les données de cette époque vous paraissent-elles fiables ? Elles datent, il est difficile d’en prouver la véritable efficience.

— Attendez, ce n’est pas tout, sourit le père de Clara.

— Et c’est là que vous pouvez tiquer, s’amusa Jennifer.

La remarque piqua les deux confrères.

— J’espère que vous avez du probant, rétorqua l'anesthésiste en arquant des sourcils épais.

— Nous étions sur place et nous nous sommes procurés la plante. Nous l'avons préparée en décoction.

Jennifer cacha certains faits qui pouvaient rendre les chercheurs reluctants. Elle n'allait pas présenté Milo et préciser qu’il s’agissait d’une espèce de druide. Elle éluda donc le fait que Shany avait trouvé la potion sur un marché breton. La gorge de Jennifer se serra, elle craignait la réaction des deux scientifiques face à l’action de Shany qui avait fait ingurgiter le médicament à Clara.

— Puis, à New York, ladite décoction a été administrée à Clara. Je sais, s’empressa de compléter Jennifer, cela a été effectué sans autorisation. Mais avec les éléments déjà en notre possession, nous voulions absolument vérifier que la substance agissait en toute efficacité et sur la durée.

— Vous vous rendez seulement compte du danger que vous avez fait encourir à votre fille ?

— En fait, pardon, j'oublie de mentionner une information de taille : quand je dis "nous avons préparé la décoction", disons que, n'ayant pas les connaissances adéquates, je ne me suis pas hasardée à le faire moi-même. Cette opération a été confiée à des spécialistes en produits pharmacologiques. les preuves déjà en notre possession, ils étaient modérés. Pour rien au monde, nous n’aurions fait prendre un risque à Clara. Elle est notre seule enfant.

A son tour, Patrick optait pour travestir la réalité. Il choisit de faire comme s’il avait été partie prenante de la démarche de Shany.

— Pour continuer, nous permettez-vous de vous présenter Shany ma soeur et la tante de Clara. Elle a établi des rapports chiffrés concernant l’état de santé de Clara, a consigné les signes de la maladie, ses effets, une fois la préparation donnée.

— Ha, qui est-elle pour s’arroger le droit d’entreprendre des analyses dans le plus grand secret ?

La question abrupte de Raymond ne manque pas de surprendre Patrick. En même temps, des scientifiques avaient besoin de gages de sérieux, de probité.

— Shany effectue des recherches à l’université, en France, près de Paris. Elle est très performante pour analyser des données provenant de l’état de l’art dans les recherches biologiques.

Un silence plana. Raymond et Larry se regardèrent.

— Nous allons vous demander un instant. Vu que le protocole de soins de Clara a été chahuté par votre intervention, nous allons nous entretenir avec le Docteur Swan. Si vous voulez bien nous attendre près de l’accueil de l’étage, je vous prie.

— Bien entendu.

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