Chapitre 20 - Derniers jours à Rangoon

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Jennifer contacta son rédac-chef, Robert Carpenter pour qu’il lui envoie de l’argent via un Western Union pour qu’elle puisse se financer son voyage de retour.

« T’as de la chance que j’ai décroché. Il est minuit ici et j’allais me coucher. Pourquoi t’as besoin de cash ? Je croyais que c’était ton fixeur qui te transportait… »

Jennifer lui raconta ce qu'il leur était arrivé et lui expliqua qu'il leur fallait de l'argent pour acheter une voiture d'occasion pour rentrer sur Rangoon.

« Tu vois… Quand je te disais de mettre un petit pécule à l’abri, comme quoi. C’est sûr que j’aurais préféré que tu n’aies pas à taper dedans. Mais bon, quand on va sur le terrain, le vrai, comme toi, c’est toujours bon d’avoir des ressources pour se retourner ! Bah… Pendant que je te cause, je viens de t’envoyer trois mille dollars. Cela devrait suffire pour trouver de quoi rentrer. Je t’envoie les références par sms. On verra après avec les assurances.

— Les assurances ?

— Bah oui, les assurances, ma grande. Tu crois que j’envoie les gens à l’autre bout du monde sans prévoir que ça puisse mal tourner ? Les assurances, ce sont des escrocs en général mais crois-moi qu’ils vont cracher au bassinet. Moi, Robert Carpenter, je n’ai pas signé leur police d’assurance pour faire joli dans mon portfolio. Bref, il te fallait autre chose ?

— Non.

— Parfait.. Bah… euh.. Attends je calcule… Oui, bah, bon appétit un peu en avance et tâche de faire profil bas jusqu’à ce que tu embarques dans l’avion. Moi, je retourne me coucher. »

Jennifer n’eût même pas le temps de le remercier qu’il avait déjà raccroché.

« Il est un spécial, ce gars… fit Aye qui avait suivi toute la conversation tellement le rédacteur parlait fort au téléphone.

— C’est le moins qu’on puisse dire… Au moins, il est rapide et efficace. On n’a plus qu’à passer au Western Union et trouver un pékin qui veuille bien nous vendre une voiture en pas trop mauvais état. »

*

Jennifer arriva à son hôtel de Rangoon vers vingt-et-une heures. Elle n’avait qu’une idée en tête : appeler Patrick et Clara. Elle était dans un tel état de fatigue que lorsqu’elle se laissa tomber sur son lit, elle s’endormit pendant douze heures d’un sommeil de plomb sans rêve ni cauchemar. Elle fut réveillée en sursaut par la femme de ménage qui entra dans la chambre. Cette dernière fut tout aussi surprise et se mit à se confondre en excuses.

En proie à une céphalée qui s’était déclarée la veille, elle se massa les tempes pour tenter d’apaiser la douleur lancinante avant d’avaler deux antalgiques. Puis, la journaliste entreprit d’écouter ses interviews une à une et de relire les notes prises lors de son déplacement birman. Elle souligna des éléments importants, ajouta quelques commentaires dans la marge. Son écriture n’était pas toujours très lisible et prendre le temps de se repasser l’audio était particulièrement chronophage.

Après cela, elle profita qu’il était neuf heures et demie et donc onze heures et demie du soir à New York pour passer un coup de fil à Patrick. Jennifer prit son téléphone, cala bien les oreillers contre la tête de lit pour assurer son confort. Elle composa le numéro qui ne répondit pas. Elle réitéra la manœuvre et elle entendit :

« Allo, Jennifer ? J’étais sous la douche. Tu appelles enfin. Ça fait plusieurs jours que j’attends de tes nouvelles. Clara n'ose même plus poser des questions à ton sujet. Tu aurais pu téléphoner plus tôt !

— Pardon, je sais. Je me suis retrouvée embringuée dans un tas de problèmes.

— Que dis-tu ? Je t'entends mal. Le son est déformé. Ca coupe par moments.

— Je sais, le réseau n’est pas très bon dans l’hôtel et encore, ici c’est loin d’être le pire. Tu m’entends ?

— Très mal, un mot sur deux est audible !

— Ha ok, je t’envoie le numéro du vol et l’heure à laquelle l’avion arrive. Ça te va ? Si tu ne peux pas venir me chercher, je prendrai un taxi.

— Quoi, tu prendras un taxi ? C’est bien ça ? Non, bien sûr que je viens te chercher.

— Bon d’accord, je t’envoie toutes les précisions. Attention, j’arrive dans deux jours car il y a trois escales à Singapour, Francfort et Montréal.

— D’accord, avant, je veux que tu me confirmes que tu vas bien.

— Patrick, rassure-toi, je vais très bien, merci.

— T'es pas malade au moins ?

— Non, non, j’ai juste mal au crâne là mais tu me retrouveras entière.

— Bon si tu le dis. Allez, je file, j’ai du travail. »

Finalement, la mauvaise connexion téléphonique arrangeait bien Jennifer. Elle n'avait pas eu à donner d’explications concernant les récents événements avec Aye et Yao. Patrick, d’un tempérament angoissé, aurait voulu obtenir des détails pour se rassurer.

Elle rangea ses notes et s'extirpa péniblement de son lit. Se sentant vaseuse, elle prit une douche rapide. Ses cheveux en bataille reflétaient sa nuit agitée, faite de cauchemars où une ombre la pourchassait sans but apparent mais ne la lâchait pas d’un pouce. Elle commença à préparer ses bagages car il allait falloir quitter l’hôtel pour rejoindre l’aéroport international.

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