Chapitre deux - Vétéran

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Moi, je me nomme Dorian. Mon pseudo, c'est Vétéran.
Un jour viendra où ils m'auront, moi aussi.
Depuis des années, je vis dans l'ombre et je lutte contre cette entité malsaine qui prétend diriger le monde pour le plus grand bonheur des masses.

Il y a des années de cela, j'ai commencé par coller quelques affiches incendiaires et peindre des messages révolutionnaires sur les murs des symboles du Pouvoir. Rapidement, j'ai appris que mes petits gestes provoquaient la colère de ceux qui prétendent faire de nous des pantins dociles et silencieux.

Les Brigades du Nouvel Ordre Mondial m'ont cherché, presque trouvé. C'est par un immense coup de chance que j'ai pu leur échapper. Le hasard fait parfois bien les choses.

Me cacher s'est avéré assez facile, au moins ai-je vite trouvé quelques combines et déniché quelques insoumis comme moi qui acceptèrent de m'aider. C'est ainsi que j'ai appris les premiers rudiments indispensables en codification et gestion de systèmes informatiques. Ces mecs-la, tous hackers par goût et par défi de briser des défenses réputées infranchissables se foutaient absolument de mes motivations. La seule chose qui comptait pour eux était de passer par les portes dérobées de tous les logiciels d'Etat auxquels ils s'attaquaient tous les jours.
Ceux-là ne faisaient que jouer.
C'est pourquoi ils ont tous fini la gueule en sang sur le bitume, les tripes à l'air.

Moi, je ne joue pas.
J'applique les méthodes de nos oppresseurs pour leur rendre la pareille. Je suis le reflet de leur miroir, en quelque sorte. Après les tracts, les piratages informatiques, vint le pillage en règle de tous les énormes serveurs dans lesquels les Oppresseurs stockent les données du genre humain. Celui qui contrôle ces informations contrôle le monde. J'ai diffusé toutes ces informations sur tous les écrans de la planète. En boucle pendant des heures. Le temps pour les Oppresseurs de trouver comment détourner mes petites astuces et rendre le monde à la misère qu'ils aiment pour les autres.

Les Brigades se sont faites plus pressantes. Plusieurs fois, elles faillirent mettre la main sur moi, mais je suis toujours plus malin qu'eux. Après toutes ces années, ils ne savent toujours pas qui je suis. J'ai effacé toutes les informations me concernant. Pour cela, j'ai aussi effacé celles de tous mes proches. Officiellement, je ne suis pas né. Je ne suis référencé sur aucune banque de données. Un fantôme. C'est d'ailleurs le surnom que les médias m'ont attribué. Pas très original, c'est vrai, mais peut-on attendre mieux de tous ces chiens de garde ?

Après le pillage vint la destruction. Attentats informatiques puissants qui ruinèrent pas mal de leurs projets les plus abjects et qui retardèrent de quelques années leur mise en place.

A ce stade, presque toutes les brigades du monde se sont lancées à mes trousses. J'avoue que l'adrénaline qui coule dans mes veines quand je les sais proches de moi est devenue une addiction dont je ne suis pas prêt de me passer... Un soir, deux groupes armés déboulèrent dans mon bloc. Il s'en était fallu d'une seconde qu'ils mettent la main sur moi. Par bonheur, je suis un homme prévoyant. Il m'avait suffit de disparaître entre deux murs pour me soustraire à leur fusils d'assaut.

Et puis, vint le jour où ils étaient arrivés si près de moi que je n'ai pas pu éviter une balle. Vous savez quelle est la puissance de l'impact d'une balle qui vous percute l'épaule ? C'est comme une locomotive qui vient s'écraser contre vous et qui semble ne jamais vouloir s'arrêter. Le choc est si violent qu'il vous projette loin devant vous, sans que vos pieds touchent le sol. La douleur vous pénètre si profondément qu'elle s'attaque directement à votre âme. La brûlure d'une balle est sans pareil. Et le souvenir qu'elle vous laisse est aussi indélébile qu'un tatouage.

J'ai réussi à leur échapper, une fois de plus. J'ai dû me planquer pendant des semaines dans les endroits les plus improbables, à ne manger que des restes infâmes, à dormir d'un oeil pendant une heure ou deux seulement, reprenant ma route pour ne jamais rester immobile trop longtemps. Ma blessure était ma pire ennemie. La douleur lancinante m'aidait à ne pas dormir. Ma plaie suppurait, menaçant de m'empoisonner le sang. Fort de quelques expériences, j'ai quand même soigné cette blessure.

Et je me suis juré que je leur rendrai la monnaie de leur pièce.
Donc, après tout cela, est venu le temps du sang...
J'en ai tué plusieurs.
Je choisis une cible et je n'abandonne qu'une fois que j'ai versé son sang.

Ma prochaine cible s'appelle Huxley.

A suivre...

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