Syndrome de l'abandon ?

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La page était tournée, suivant l’image élimée. Sans un instant de repos, il se tenait prêt à enchaîner le chapitre suivant. Il se trouva désarmé face au blanc qui s’étendait devant lui. C’était inhabituel, voire impossible, car il ne savait se fondre que derrière les caractères noirs.

Il attendit. Un signe, une interpellation, un déplacement. Il ne savait plus quoi faire. Normalement, dans le noir, il patientait. Dès le moindre rayon, il reprenait. Il ne savait pas décider, puisque tout était écrit d’avance.

Il voulu appeler, mais sans cadratin, il se retrouvait muet.

Pour se dégourdir les jambes, il entreprit une exploration de ce curieux lieu. Il se prit les pieds dans une corbeille qui traînait en haut. Comme elle s’était répandue, il regarda. Il rougit, car c’était une histoire de sexe, assez osée. Pourtant, ses aventures ne l’avaient jamais montré prude. Il y en avait plusieurs du même genre, avec des variations auxquelles il n'aurait jamais songé. Puis il trouva une partie de ses aventures, très différentes de ce qu’il avait vécu. C’était assez nul et sans intérêt.

Il s’apprêtait à regarder des photos qui traînaient là quand un ramdam lui fit lever la tête.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Pas un virus, t’occupe !

— Excusez-moi…

— Mouais ? Tu veux quoi ?

— Vous êtes qui ?

Brigade sanitaire : on cherche les virus, les chevaux de troies, les « malvoires »… On passe régulièrement !

Il n’avait jamais entendu parler de cela. Avant qu’il ait pu poser une question, ils étaient déjà partis, aussitôt remplacés par des mecs en noirs.

— Vous cherchez aussi des « virus » ?

— Nan ! Nous, ce sont les données personnelles qu’on ramasse. Rapport au profilage…

— Vous voulez mes coordonnées ?

— Toi, t’existes pas ! T’es juste bon à te faire mouliner par le chat qui pète ! Et encore, si tu es édité ! Là, tu n’es pas monnayable !

Le gros rire gras n'incitait pas à la poursuite. Surtout qu’ils étaient suivis à leur tour par des asiatiques en jaune.

— C’est aussi pour le chat ?

— Chat’ gi pi ti ? Hi, hi, hi ! Ridicule ! Nous, c’est même pas vrai qu’on est là !

D’autres suivirent. Des assistants, des bugs, des compteurs, des correcteurs. Il fut impressionné par le nombre de ces passants, même si tous laissaient la page blanche.

Il tourna en rond, fit des bulles, jusqu’à ce que, enfin, il sentit l’arrivée de son Dieu, celui qui dirigeait sa vie, auquel il devait tout. Qu’il était bon de se lover à nouveau dans son esprit, de suivre son inspiration, d’être sa chose derrière les signes qui recommençaient à s’aligner.

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