CHAPITRE 10 : LA NUIT DE FEU

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J'ai beaucoup réfléchi la nuit dernière. Des réflexions entrecoupées de rêves où je nous revoyais, dame Washington sa famille et moi, lors de la journée qui avait précédé. Cela tournait dans ma tête : cette messe de minuit, la foi qui émanait de toute cette famille et particulièrement le regard d'Ondine qui brillait de cette flamme apaisante, qui irradiait de bonheur. Quelque chose me dérangeait dans tout cela… Je ne savais pas quoi au début, mais quand je me réveillai pour de bon, je réalisais ce qui me dérangeait, ou plutôt ce qui me manquait : j’enviais cette foi qui les habitait et qui m'avait quitté depuis bien longtemps. J'ai fait mon catéchisme bien sûr, mais le temps passant je m’étais éloigné de Dieu. Il m'est revenu à la mémoire ce sentiment enfoui dans mon inconscient : j'avais la foi alors, et cela me rendais heureux… Qu'est-ce qui a fait que j'ai perdu ce rapport avec Dieu ? Je ne sais plus. Je pense que j'ai jugé plus tard cette croyance comme appartenant à l'enfance, un ramassis de superstitions ridicules qui ne tenaient pas face à la raison… Mais aujourd'hui quand je vois dame Washington, une vraie scientifique arrivée à un tel niveau de spécialisation, cela m'interroge… Toutes ces pensées m'avaient fait me réveiller bien tôt, et je me retrouvais seul avec ces questions dans le silence de ma chambre. Il devait être trois ou quatre heures du matin. Je continuai de réfléchir : pourquoi se priver d'une telle source de bonheur ? par orgueil ? ou peur du ridicule ? Non ce n'était pas une fois infantile qui m’animait autrefois. C'était quelque chose de pur et de beau. Je me dis que si j'en étais arrivé à envier ce sentiment religieux, c'était probablement le signe que j'en avais besoin. Ce sentiment-là était bien réel ! Les pensées se bousculaient dans ma tête. Et si je me trompais ?... Mais non, j'en avais la certitude, une évidence telle que je ne l'avais jamais connue. J'avais besoin de Dieu ! Alors au beau milieu de la nuit, j'ai fait ce que je n’avais pas fait depuis une éternité : je me suis mis à genoux et j'ai prié…J'ai demandé à Dieu qu’il me montre la voie, que, s'il existait, il m'envoie un signe. J’avais mis toute ma force dans cette prière. Il n'y eut que le silence, mais pas ce silence terrifiant, ce vide insondable et vertigineux. Non, c'était un silence plein, rempli d'une paix que je n'avais jamais connue. Et dans ce silence si doux, je me mis à pleurer, des larmes qui lavaient mon cœur de toutes mes souffrances. Mon orgueil était vaincu, ma raison aussi. Il fallait me rendre à l'évidence, désormais je croyais en Dieu !
J'attendis que l'heure vienne, et quand il fut temps, je me précipitai chez dame Washington pour lui annoncer cette bonne nouvelle.

Elle m'accueillit avec un grand sourire qui sembla se changer en interrogation.

-Je vous trouve changé…Tout va bien ?
-Au contraire. Lors de cette nuit qui fut si longue pour moi, quelque chose d'extraordinaire est arrivé : j'ai trouvé la foi !

-Alléluia ! J'ai toujours su qu’à Noël, et tout particulièrement dans cette église de Gourdon, les miracles étaient possibles !

Je lui ai expliqué tout mon cheminement intérieur. Elle me sourit et me dit qu'elle était heureuse pour moi.

-Les débuts sont toujours des moments délicats et intenses. Je suis tellement heureuse que vous ayez connu cette nuit de feu. Cela n'arrive qu'une fois dans une vie. Il ne faut pas passer à côté.

-Que dois-je faire maintenant ?

Elle se leva, se dirigea vers sa bibliothèque, et en sortit un livre la Sainte Bible

-Voilà ce qu'il vous faut faire : il faut que vous lisiez la Bible en commençant par le Nouveau Testament, et que vous priez aussi souvent que possible. Si vous voulez, nous pourrions organiser des moments de prière. Car Jésus a dit : « si vous êtes deux réunis en Mon Nom alors Je suis au milieu de vous » Voulez-vous prier avec moi ici et maintenant ?

-C'est que je ne sais pas vraiment comment faire

-Soyez vous-même et authentique. Peu importe la maladresse de vos prières, on n'est pas là pour faire de grands discours. C'est le cœur qui doit parler.

J'ai accepté. Nous nous sommes mis à genoux devant une icône que je n'avais pas remarquée jusque-là, et dame Washington se mit à remercier Dieu de m'avoir touché au plus profond du cœur. Au bout d'un moment je me lançai et prononçai ces mots :

-Merci Seigneur pour votre bonté ! J'étais loin et vous êtes venu à ma rencontre…

Je fondis de nouveau en larmes toujours envahi par cette chaleur bienveillante de la présence de Dieu en moi.

Dame Washington me laissa pleurer. Elle savait que cela me faisait du bien. Et quand le moment fut venu, elle me proposa de retrouver le silence de ma chambre, mais sans être seul désormais :je serai accompagné de ce livre qui me montrerait la voie.

Je rentrais donc dans mes pénates, et me mis à dévorer cette bible si gentiment offerte.

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