CHAPITRE 2 : L’EVASION

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Cela fait des mois que j’erre dans ce dédale de couloirs hostile, seul irrémédiablement seul. Si je continue ainsi je vais finir par perdre la raison, me fossiliser à l'instar de mes compagnons d'infortune. Ces êtres ont perdu tout espoir et se murent dans un silence mortifère. Je n'ai pas ma place ici, j'ai échoué sur cette île par erreur. J'ai tous mes esprits alors, depuis quelques semaines, je fomente un plan d'évasion : je bâtis un projet que j'ai appelé "mission radeau".

J'ai bien observé le ballet insensé de la tribu des femmes. J'ai noté dans un carnet les allées et venues de chacune d’entre elles. Et après des semaines à guetter, je pense avoir trouvé un créneau. Le dimanche matin entre 6h et 6h30, ces femmes se réunissent pour trouver, j’imagine d'autres moyens de nous torturer. Elles prennent le temps de boire un café accompagné de viennoiseries, persuadées que tout le monde dort. C'est là le seul moment où l'évasion me semble possible. C'est alors que je retournerai à la vie et à la liberté.

Tous les espoirs reposent sur ce projet d'évasion… C'est décidé, en fin de semaine, je prends mon envol. C'est la seule pensée qui m'empêche de sombrer dans la démence.
Aujourd'hui c'est le grand jour ! Nous sommes un dimanche férié et je compte sur ce facteur pour faciliter la "mission radeau". Je n’ai pas dormi de la nuit. Je m'enfuis dans une heure.

***

Pour mon plus grand malheur, la mission a échoué. J'ai bien réussi à quitter cette île maudite. Personne ne semblait avoir remarqué mon départ. Mais ce que je n'avais pas réalisé, c'est que l’ile EHPAD était réellement un îlot isolé. Un vrai Alcatraz !

La campagne entourait tout l'île. Pas un village, pas une ville à l'horizon. Pas d’arrêt d’omnibus non plus. Il fallait me rendre à l'évidence : je ne pouvais quitter l'EHPAD. Après deux heures de marche éprouvantes, je me suis arrêté le long de la route et je fus envahi par un désespoir abyssal.
Alors que je méditais sur mon malheur, je vis une embarcation de femmes en blanc arriver. Elles m'avaient retrouvé.
Elles m'ont agressé verbalement, m’ont fermement ramené dans ma chambre, qu’elles fermèrent à double tour.

Puis le chef de la tribu est venu me voir, m'a longuement parlé et il a fini par me prescrire des drogues encore plus abrutissantes pour me faire passer le goût de la Liberté.

Je me maudissais de n'avoir pas tout prévu pour ce plan d'évasion. Jamais je ne quitterai cette île. Je le sais désormais.
Les drogues que cet herboriste m’impose sont réellement puissantes. J'avais peur au début de ne plus pouvoir écrire mais pour mon plus grand bonheur ce n'est pas le cas : écrire est le seul radeau qui me reste. Ils ne peuvent pas m’empêcher de m’évader par la force de l’esprit !

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